Sondage : tout est encore possible
Rien n’est encore joué dans cette campagne électorale naissante et une majorité de Québécois prévoit que le gouvernement formé par les urnes le 1er octobre sera minoritaire.
Selon le sondage Léger-Le Devoir-The
Gazette réalisé cette semaine, 52 % des répondants pensent que le prochain premier ministre dirigera un gouvernement minoritaire et devra donc travailler en coalition. Au contraire, 41 % croient en la possibilité qu’une majorité se dégage du scrutin.
Plusieurs indicateurs confirment la volatilité et la complexité du jeu démocratique à l’oeuvre en ce moment.
La CAQ attire maintenant dans la même proportion les hommes (36 %) et les femmes (37 %). Un changement notable depuis le sondage Léger de juin, quand les électeurs (42 %) favorisaient plus ce parti que les électrices (33 %).
Après répartition des indécis, le tableau des intentions de vote se présente comme suit pour les grandes formations déjà présentes à l’Assemblée nationale: CAQ 37%, PLQ 32%, PQ 19 % et QS 8 %.
Il s’agit d’une variation d’un point positif depuis le sondage Léger du 18 août pour la CAQ et le PQ. Le PLQ en prend deux et QS en perd autant.
Le Québec, autrefois coupé en deux blocs nets, paraît de plus en plus éclaté et divisé. Dans cette lutte inégalitaire à quatre, la Coalition avenir Québec conserve son avance, mais reste talonnée par le Parti libéral du Québec, qui a pris 4 points d’intentions depuis le 12 mai.
La projection des nouveaux résultats dans le modèle électoral Qc125 donne 68 sièges à la Coalition, 43 aux libéraux, 10 aux péquistes et 4 aux solidaires. Dans cette hypothèse, le nouveau premier ministre François Legault gouvernerait avec une faible majorité, la ligne de démarcation étant fixée à 63 sièges.
Au total, 42 % des répondants disent que la CAQ va gagner les élections, contre 24 % pour le PLQ. Le PQ n’est donné champion que par 1 électeur sur 25 (4 %).
L’avantage théorique de quelque 25 députés de la CAQ provient de la dispersion plus équitable du vote caquiste dans les circonscriptions, tandis que l’attrait libéral se concentre sur l’île de Montréal. En même temps, il suffirait du glissement de quelques parts du marché électoral vers l’une ou l’autre des formations pour bousculer complètement le portrait global.
« La CAQ a une avance de 5 % sur les libéraux, mais en perdant un ou deux de ces points, tous les scénarios changeraient, explique le sondeur Christian Bourque, vice-président de la firme Léger. Elle gagnerait un point ou deux et elle s’installerait dans un territoire majoritaire. De même, en faisant un peu mieux que ses 19 %, le PQ pourrait obtenir 15 à 18 sièges. Oui, l’avance de la Coalition avenir Québec demeure, mais on se trouve encore dans une zone où tous les scénarios demeurent possibles. »
Une tendance lourde
Le travail de la firme Léger confirme les conclusions de trois sondages de trois firmes différentes (Mainstreet/Groupe Capitales Médias ; Ipsos/La Presse + et CROP/Cogeco) publiés la semaine dernière. Ils ont tous marqué l’avance de la Coalition en tête des intentions de vote exprimées. L’écart entre la jeune formation et le vieux Parti libéral, toujours bon deuxième, oscille chaque fois autour de deux à sept points. Le modèle électoral Qc125 établissait avant mardi la moyenne du score de la CAQ à 35,2 %, contre 29,9 % au PLQ , 18,1 % au PQ et 10,6 % chez QS.
Le nouveau sondage Web de Léger a été réalisé auprès de 1010 Québécois ayant le droit de vote du 24 au 28 août, alors que la campagne était commencée. Par comparaison, un échantillon probabiliste similaire aurait une marge d’erreur d’environ plus ou moins 3 %, 19 fois sur 20.
Voici d’autres constats tirés de cette enquête :
Jeunes. Le PLQ a la cote auprès des jeunes, attirant 35 % de leurs intentions de vote. La CAQ suit avec 26 %. À elles deux, ces formations totalisent donc deux choix des jeunes sur trois. Les formations de gauche ne tentent pas beaucoup la tranche d’âge des 18-34 ans, le Parti vert (9 %) se positionnant même devant QS (8 %). Mais tous ces résultats hypothétiques sont à confronter au fait avéré que la jeunesse vote moins que la vieillesse.
Francophones. La Coalition demeure le parti le plus attrayant auprès de la clientèle francophone, qui le choisit à 42 %. Le PQ en attire 23 %, à peu près la même proportion que le PLQ (21%). Cette formation fait le plein de 69 % des autres votes, allo-
La CAQ a une avance de 5 % sur les libéraux, mais en perdant un ou deux de ces points, tous les scénarios changeraient CHRISTIAN BOURQUE
phones et anglophones combinés. « À 21 %, c’est une situation très préoccupante pour les libéraux, notamment dans les régions comme l’Outaouais, l’Estrie et d’autres régions où ils veulent maintenir leurs sièges, dit le sondeur Christian Bourque. À 42 %, la CAQ devance de 19 % le second, mais c’est une fausse impression de confort. »
Indécis. Plus d’un électeur sur trois (38%) n’a pas fait un choix définitif. C’est sept points de moins que le 18 août. « Tranquillement, les Québécois sont en train de se positionner, et le perdant de cette tendance, c’est Québec solidaire», résume M. Bourque. Plus d’un électeur sur deux (54%) de QS se retrouve dans cette situation ambiguë.
Insatisfaction. Il a suffi de dix jours, entre le 18 et le 28 août pour gonfler de 4 % le taux de satisfaction à l’égard du gouvernement libéral, maintenant fixé à 32 %. Philippe Couillard gagne aussi 4 points pour atteindre le seuil des 20 % quand les sondeurs demandent quel chef ferait le meilleur premier ministre. « On se demandait tous si l’affaire Bourdon ou l’affaire Ouimet allaient faire mal à Philippe Couillard et au Parti libéral ou si le train d’annonces et de bonnes nouvelles depuis deux semaines n’aurait pas le dessus. Il semble que l’approche prise a un impact favorable sur les intentions et la satisfaction à l’égard des libéraux. »
Slogans. Les partis ont fait connaître leurs cris de ralliement. Le « Maintenant » des caquistes et « Pour faciliter la vie des Québécois » des libéraux arrivent nez à nez comme favoris avec 21 % des voix. Le péquiste « Sérieusement » récolte 10 % et le « Populaires » des solidaires, 4 %. Deux sondés sur cinq ne savaient pas lequel choisir. « Le slogan préféré des Québécois, c’est “Ne sait pas” », blague le sondeur.