Le chef du NPD réitère l’importance d’une « taxe Netflix » pour le Québec
À quelques jours de la rentrée parlementaire à Ottawa, le Nouveau Parti démocratique poursuivait mardi son opération de charme au Québec en réitérant, une fois de plus, son intention de faire de la « taxe Netflix » l’une de ses priorités de l’automne. « Pourquoi a-t-on un règlement différent pour les géants du Web en comparaison avec les médias locaux ? a souligné le chef de la formation politique, Jagmeet Singh, accompagné du caucus québécois du parti. Ça n’a aucun sens. Il est temps qu’un parti tienne tête à ces géants du Web. »
Il était de passage à Montréal dans le cadre de l’investiture dans la circonscription d’Outremont, où les militants ont choisi Julia Sanchez, qui était présidente-directrice générale du Conseil canadien pour la coopération internationale, pour succéder à Thomas Mulcair. Il a profité de l’occasion pour insister sur l’importance d’agir rapidement auprès des « Netflix et Amazon de ce monde », d’abord par souci d’équité à l’égard des artisans culturels et médiatiques du pays, mais surtout pour préserver la spécificité de la culture québécoise.
Traitement privilégié
« Il est inacceptable que ces entreprises aient droit à un traitement privilégié de la part de notre gouvernement, a martelé M. Singh, sous les regards approbateurs des membres de son équipe. Il s’agit d’une politique injuste, d’une concurrence déloyale qui existe au Canada. »
D’ici les prochaines élections fédérales en 2019, les néodémocrates du Québec entendent donc talonner le gouvernement de Justin Trudeau, qui, selon eux, « manque de courage » dans ce dossier.
Pour y arriver, le NPD propose une solution en cinq étapes, a détaillé le porte-parole du parti en matière de culture et de patrimoine, Pierre Nantel. « Il s’agira d’abord de percevoir auprès de ces géants du Web la taxe sur les produits et services (TPS) et les taxes de vente des provinces, a insisté le député de Longueuil–SaintHubert. Il faudra ensuite s’assurer que ces grandes entreprises paient leurs impôts sur le revenu, au même titre que les joueurs locaux, puis s’assurer que ces nouveaux joueurs inter- nationaux sont soumis au même type de réglementation que les câblodistributeurs et producteurs de contenu d’ici », en accord avec le plus récent avis du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes sur la question.
Le NPD souhaite également légiférer pour éviter de nouvelles «ententes Netflix » sans consultation avec le Québec et s’assurer que la Loi de l’impôt sur le revenu soit appliquée pour l’achat de publicités en ligne. La loi prévoit présentement un crédit d’impôt pour les publicités achetées dans des imprimés canadiens.
Courtiser le Québec
Cette annonce survient moins de deux semaines après une tournée de M. Singh dans plusieurs régions du Québec. Le résultat décevant du NPD lors de l’élection partielle dans Chicoutimi-Le Fjord en juin avait révélé des insatisfactions au sein du caucus néodémocrate.
Le chef néodémocrate avait alors promis de se retrousser les manches. Il a finalement choisi de sillonner durant une semaine les circonscriptions de cinq de ses députés à l’extérieur de Montréal, soit Berthier-Maskinongé, Saint-Hyacinthe–Bagot, Drummond, Beloeil-Chambly et Salaberry-Suroît.
« C’était une immersion des enjeux, mais pas une immersion avec une famille », a-t-il dit en insistant sur le fait qu’il avait passé la semaine entière au Québec pour pouvoir « parler aux gens ».