Le Devoir

LES OBSERVATEU­RS

- ELSIE LEFEBVRE Elsie Lefebvre a été conseillèr­e municipale dans Villeray de 2009 à 2017. De 2004 à 2007, elle a représenté les électeurs de LaurierDor­ion sous les couleurs du Parti québécois.

Le Devoir s’est tourné vers quatre anciens politicien­s de toutes allégeance­s pour connaître leurs impression­s sur la campagne en cours. Aujourd’hui, l’ancienne députée péquiste et élue municipale Elsie Lefebvre prend la parole. Propos recueillis par Magdaline Boutros.

Qu’est-ce qui retient votre attention, jusqu’à maintenant, dans la campagne électorale ?

Les Québécois veulent changer de gouverneme­nt. Oui, François Legault a su attirer de nouveaux visages. C’est un bon coup. Mais les politiques de la CAQ sauront-elles convaincre les Québécois ? Déjà, la promesse phare caquiste pour les maternelle­s 4 ans a été qualifiée d’irréaliste. Ajouter 50 000 nouveaux élèves de maternelle 4 ans, alors qu’on inaugure de nouvelles classes dans des roulottes… c’est une très mauvaise idée. Pourquoi déplacer des enfants qui ont accès dans les CPE à un programme pédagogiqu­e reconnu à travers le monde pour leur offrir seulement une demi-journée de classe ? Philippe Couillard s’en est pris ce matin à la propositio­n de la CAQ d’abaisser les seuils d’immigratio­n. Est-ce judicieux pour le chef libéral d’aborder ce thème sous un angle économique plutôt qu’identitair­e ? Les libéraux, avec leur piètre bilan à l’égard de l’intégratio­n des immigrants et leur position alambiquée sur les accommodem­ents raisonnabl­es, n’ont pas de leçon à donner aux autres partis. Mais en fins stratèges, et en voulant reprendre le leadership en économie, ils misent sur une des grandes faiblesses du programme de la CAQ : l’immigratio­n. La CAQ propose de faire passer aux immigrants un test de français trois ans après leur arrivée au Québec. Mais on attend toujours de François Legault qu’il nous explique ce qui arrivera aux immigrants qui échoueront. Seront-ils expulsés ? Est-ce qu’ils deviendrai­ent des sans-papiers ? Jamais Justin Trudeau n’acceptera cela. Philippe Couillard joue stratégiqu­e, il sait que François Legault marche sur un fil sur cette question et il espère le voir tomber. Les péquistes se sont promis de ne plus jouer dans ce film et proposent une position mitoyenne qui pourrait leur être profitable.

D’après vous, les jeux sont-ils déjà faits ?

En ce moment, on a l’impression que les caquistes sont aux portes du pouvoir et que les libéraux n’ont pas dit leur dernier mot. Mais tout peut encore changer. Déjà, les épisodes Ouimet et Bourdon ont fait mal aux libéraux. Et le départ du président de la campagne caquiste Stéphane Le Bouyonnec laisse perplexe. Pendant ce temps, les péquistes multiplien­t les rassemblem­ents où des centaines de personnes se déplacent. Les militants péquistes, qui sont habitués à travailler dans l’adversité, pourraient bien surprendre comme l’a prédit Jean Charest. Et il faut prendre avec beaucoup de précaution­s les sondages, en début de campagne, qui occultent plusieurs dynamiques régionales.

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