LES OBSERVATEURS
Le Devoir s’est tourné vers quatre anciens politiciens de toutes allégeances pour connaître leurs impressions sur la campagne en cours. Aujourd’hui, l’ancienne députée péquiste et élue municipale Elsie Lefebvre prend la parole. Propos recueillis par Magdaline Boutros.
Qu’est-ce qui retient votre attention, jusqu’à maintenant, dans la campagne électorale ?
Les Québécois veulent changer de gouvernement. Oui, François Legault a su attirer de nouveaux visages. C’est un bon coup. Mais les politiques de la CAQ sauront-elles convaincre les Québécois ? Déjà, la promesse phare caquiste pour les maternelles 4 ans a été qualifiée d’irréaliste. Ajouter 50 000 nouveaux élèves de maternelle 4 ans, alors qu’on inaugure de nouvelles classes dans des roulottes… c’est une très mauvaise idée. Pourquoi déplacer des enfants qui ont accès dans les CPE à un programme pédagogique reconnu à travers le monde pour leur offrir seulement une demi-journée de classe ? Philippe Couillard s’en est pris ce matin à la proposition de la CAQ d’abaisser les seuils d’immigration. Est-ce judicieux pour le chef libéral d’aborder ce thème sous un angle économique plutôt qu’identitaire ? Les libéraux, avec leur piètre bilan à l’égard de l’intégration des immigrants et leur position alambiquée sur les accommodements raisonnables, n’ont pas de leçon à donner aux autres partis. Mais en fins stratèges, et en voulant reprendre le leadership en économie, ils misent sur une des grandes faiblesses du programme de la CAQ : l’immigration. La CAQ propose de faire passer aux immigrants un test de français trois ans après leur arrivée au Québec. Mais on attend toujours de François Legault qu’il nous explique ce qui arrivera aux immigrants qui échoueront. Seront-ils expulsés ? Est-ce qu’ils deviendraient des sans-papiers ? Jamais Justin Trudeau n’acceptera cela. Philippe Couillard joue stratégique, il sait que François Legault marche sur un fil sur cette question et il espère le voir tomber. Les péquistes se sont promis de ne plus jouer dans ce film et proposent une position mitoyenne qui pourrait leur être profitable.
D’après vous, les jeux sont-ils déjà faits ?
En ce moment, on a l’impression que les caquistes sont aux portes du pouvoir et que les libéraux n’ont pas dit leur dernier mot. Mais tout peut encore changer. Déjà, les épisodes Ouimet et Bourdon ont fait mal aux libéraux. Et le départ du président de la campagne caquiste Stéphane Le Bouyonnec laisse perplexe. Pendant ce temps, les péquistes multiplient les rassemblements où des centaines de personnes se déplacent. Les militants péquistes, qui sont habitués à travailler dans l’adversité, pourraient bien surprendre comme l’a prédit Jean Charest. Et il faut prendre avec beaucoup de précautions les sondages, en début de campagne, qui occultent plusieurs dynamiques régionales.