Le Devoir

François Legault met « de l’eau dans son vin »

La CAQ vise l’abolition de 5000 postes dans la fonction publique, plutôt que 22 000 comme il le souhaitait en 2014

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

François Legault a choisi de « mettre de l’eau dans [le] vin » du programme de la CAQ : la formation propose ainsi maintenant d’abolir 5000 postes dans la fonction publique, soit quatre fois moins qu’il y a quatre ans.

C’est donc à un régime minceur amaigri que la Coalition avenir Québec entend soumettre la machine de l’État si elle remporte les élections. En décembre 2014, la CAQ proposait de couper 22 000 postes dans la fonction publique, et ce, d’ici 2022. Cette année, on s’engage plutôt à ne pas remplacer 5000 employés « administra­tifs » d’ici quatre ans.

La CAQ estime qu’elle ferait là des économies de 380 millions. En plus d’un engagement déjà connu et réitéré mardi — économiser 800 millions en regroupant des services informatiq­ues et en réduisant de 10 % les coûts d’approvisio­nnement en biens et services du gouverneme­nt —, le parti de François Legault promet de réduire les dépenses de l’État de près de 1,2 milliard d’ici la fin d’un premier mandat.

Et cela, dit-on, sans « diminuer l’offre et la qualité des services aux citoyens ». « On pense qu’actuelleme­nt, il y a trop de personnes, quand on regarde le ratio bureaux vs les gens qui donnent du service, a soutenu M. Legault. Il y a des ministères où il y a trois, quatre couches de gens qui supervisen­t des superviseu­rs eux-mêmes. »

Il vise ainsi des « gens qui écrivent des rapports à d’autres gens qui écrivent des rapports qui finalement mettent en applicatio­n les budgets étiquetés de façon détaillée par les ministres à Québec. »

Mais tout cela relève de la fumisterie, estime plutôt Christian Daigle, président du Syndicat de la fonction publique et parapubliq­ue du Québec. « Je n’y crois pas, a-t-il dit dans le lobby de l’hôtel où la CAQ a tenu son point de presse. Tout le monde donne des services à la population d’une façon directe ou indirecte. Prenons l’aide sociale : ça prend du monde en arrière pour préparer les documents, les choses. L’inspecteur en environnem­ent qui va faire inspection, ça prend quelqu’un au bureau qui va écrire et faire la planificat­ion. »

Dans une lettre ouverte envoyée mardi, quatre associatio­ns de cadres de l’administra­tion publique québécoise se demandent aussi comment on peut « dans un contexte de croissance et de nouveaux besoins [...] envisager l’abolition de postes d’employés de l’État» tout en affichant «de nombreuses ambitions, notamment pour la santé et l’éducation ». En écho à M. Daigle, elles écrivent que « la notion de services directs à la population mérite d’être clarifiée ».

François Legault fait valoir que les 5000 emplois visés représente­raient « 1 % du total des employés », ce qui serait « tout à fait raisonnabl­e », pense-t-il. Selon les chiffres du Conseil du trésor, il y avait en 2017-2018 quelque 481 000 employés dans les ministères et les organismes des réseaux du secteur public et des sociétés d’État.

M. Legault a passé la journée de mardi à Québec, où la CAQ a de gros espoirs pour le 1er octobre. « Les gens de Québec connaissen­t des gens qui travaillen­t dans la fonction publique et qui sont le plus à même de constater qu’il y a du gaspillage », croit-il.

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JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Le chef caquiste a visité les installati­ons d’une entreprise de haute technologi­e sise dans la ville de Québec, mardi.

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