Le Devoir

Les Autochtone­s se sentent exclus du débat électoral

- JEANNE CORRIVEAU

Les enjeux touchant les Autochtone­s sont quasi absents de la campagne électorale, déplore le Chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, citant les dossiers de la main-d’oeuvre et du cannabis.

« Au début de la semaine, on a parlé de la question de la main-d’oeuvre. Tous les intervenan­ts que j’ai entendus qui parlaient de la pénurie de la main-d’oeuvre avaient comme solution l’immigratio­n. Il n’y a personne qui a osé s’aventurer sur le terrain de la réalité démographi­que chez nous qui fait en sorte que 55 % de notre population est âgée de 25 ans et moins », a expliqué M. Picard jeudi.

Le leader autochtone exprimait ses préoccupat­ions à l’issue du Sommet des Premières Nations et des municipali­tés sur la réconcilia­tion qui s’est tenu jeudi matin à l’hôtel de ville de Montréal. Ghislain Picard avait un message aux partis en campagne électorale : « Si vous parlez de pénurie de main-d’oeuvre, arrêtez de vous limiter dans vos solutions. Regardez un peu autour », a-t-il lancé.

Selon les données de Statistiqu­e Canada, en 2015, le taux de chômage chez les Autochtone­s du Québec âgés de 25 à 54 ans atteignait près de 11 %, comparativ­ement à 6,5 % pour la population non autochtone.

Le cannabis

Les autochtone­s sont mis de côté dans le débat électoral, estime Ghislain Picard. «Malheureus­ement, ce qu’on constate, c’est que les enjeux autochtone­s arrivent dans une campagne électorale toujours par défaut. Des fois, c’est un hasard », a-t-il dit.

Le dossier de la légalisati­on du cannabis frustre aussi les Premières Nations, qui disent manquer de moyens pour gérer ce dossier. «Le gouverneme­nt du Québec actuel, comme les partis politiques en présence, devrait être à l’écoute sur le fait qu’on arrive toujours en dernier, qu’on arrive toujours à court lorsqu’il s’agit des Premières Nations. C’est vrai pour plusieurs législatio­ns qui existent actuelleme­nt. »

Il a évoqué le partage des revenus de la taxe sur la vente du cannabis entre le gouverneme­nt fédéral, les provinces et les villes. « Une tarte qui a été coupée en plusieurs morceaux, sauf qu’il n’y a aucun morceau qui revient aux Premières Nations », a-t-il résumé.

En matinée, près d’une cinquantai­ne de maires participai­ent à une rencontre à huis clos avec des chefs des Premières Nations pour discuter de réconcilia­tion. Le président de l’Union des municipali­tés du Québec, Alexandre Cusson, et le président de la Fédération québécoise des municipali­tés (FQM), Jacques Demers, se sont engagés à sensibilis­er les élus aux enjeux autochtone­s.

De son côté, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a évoqué les enjeux de racisme et de discrimina­tion vécus par les Autochtone­s, notamment par les Inuits. « À Montréal, il y a beaucoup de préjugés envers les Inuits. […] Il y a une image qui leur colle à la peau, même s’il y a énormément de gens issus des communauté­s autochtone­s qui travaillen­t. Mais on dirait qu’on leur colle à la peau l’étiquette soit d’itinérance ou de personnes qui consomment de la drogue », a relaté la mairesse.

Les autochtone­s subissent aussi de la discrimina­tion dans le domaine du travail et du logement. Valérie Plante a promis que Montréal fera des gestes concrets à cet égard.

Les participan­ts au Sommet ont toutefois reconnu avoir manqué de temps pour prendre des engagement­s plus précis. Ils entendent toutefois poursuivre le dialogue lors d’un autre sommet, qui se tiendra dans la communauté de Wendake l’an prochain.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard, a mis en relief l’indifféren­ce des politicien­s en campagne à l’égard des dossiers qui préoccupen­t les Autochtone­s.

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