Des entreprises québécoises recrutent en Europe
Des entreprises québécoises mettent le cap sur l’Europe
Aux prises avec un déficit de maind’oeuvre spécialisée qui ne montre aucun signe d’amélioration, les représentants d’une cinquantaine d’entreprises se rendront à Paris à la fin du mois de novembre afin de trouver une solution à leur problème. Objectif : recruter des travailleurs qualifiés prêts à s’installer au Québec.
Dans les bureaux de Montréal International (MI) jeudi matin, environ 80 personnes étaient réunies pour entendre le fonctionnement de base de la mission, une opération semi-annuelle que l’organisme mène depuis 2010. Parmi les anciens participants figurent des noms comme Pomerleau, Tremcar, SCALE.AI, Aldo, Google, Pratt & Whitney, Behaviour Interactif, etc.
« Il n’y a aucune entreprise qui recruterait à l’international si elle n’était pas obligée de le faire », dit David Lebel, directeur de l’attraction de talents internationaux chez MI, un organisme financé par les gouvernements et le privé. Le bassin de talents à Montréal est excellent, mais pour certains profils, dit-il, les besoins sont si pressants qu’il n’y a pas assez de monde pour pourvoir les postes, tout simplement.
La pénurie de main-d’oeuvre, susceptible de figurer parmi les grands enjeux économiques de la campagne électorale, frappe plusieurs secteurs et a fait l’objet, en mai, d’une stratégie gouvernementale prévoyant des investissements de 1,3 milliard d’ici 2023. Dans le secteur manufacturier, selon un récent sondage du groupe Sous-traitance industrielle Québec (STIQ), plus de 80 % des entreprises estiment que la rareté de main-d’oeuvre est un problème assez important ou très important, contre 66 % en 2013.
La première mission de recrutement, en 2010, a attiré huit entreprises. Quand la fréquence est devenue semiannuelle, en 2011, leur nombre a grimpé à 15-20, un niveau observé jusqu’en 2015 avant qu’il se mette à monter vers son niveau actuel. Selon Montréal International, les 155 entreprises qui ont participé aux missions, tant dans le secteur technologique que dans ceux du commerce de détail et de l’industrie lourde, ont rencontré 23 000 candidats et embauché 1650 personnes.
Processus
Les entreprises doivent d’abord soumettre leurs offres d’emploi, ce que Montréal International s’affaire à diffuser en Europe. Lors de l’événement de mai 2018, 15 000 candidats se sont manifestés, desquels il est resté environ 1700 personnes après une présé- visant à arrimer le plus possible le profil des intéressés et celui des employeurs. Les entreprises participantes ont fini par embaucher 200 de ces candidats.
« On en est à notre sixième année, et on participe deux fois l’an », dit Annie Loiselle, directrice principale du recrutement chez Larochelle Groupe Conseil, une firme spécialisée en technologies de l’information. « C’est important de parler français, donc l’Europe est pour nous un bassin très pertinent.» Les missions entraînent des coûts, ditelle, mais le fait de pouvoir trouver du personnel en vaut la peine. Depuis le début de ses campagnes, la compagnie, qui compte environ 120 employés, a recruté une quarantaine de personnes.
« En informatique, les besoins sont croissants. C’est puissance 10 chaque année », dit Mme Loiselle. L’expansion naturelle du secteur s’est amplifiée, un phénomène auquel contribue, par exemple, l’émergence rapide de la grappe en intelligence artificielle, qui attire des grosses pointures comme Google, IBM, Thales et Microsoft.
Si la mission parisienne attire des gens de partout en France et de certains autres pays d’Europe, dit M. Lebel, Montréal International compte maintenant développer une stratégie axée sur l’Amérique latine.