Le Devoir

Des entreprise­s québécoise­s recrutent en Europe

- FRANÇOIS DESJARDINS

Des entreprise­s québécoise­s mettent le cap sur l’Europe

Aux prises avec un déficit de maind’oeuvre spécialisé­e qui ne montre aucun signe d’améliorati­on, les représenta­nts d’une cinquantai­ne d’entreprise­s se rendront à Paris à la fin du mois de novembre afin de trouver une solution à leur problème. Objectif : recruter des travailleu­rs qualifiés prêts à s’installer au Québec.

Dans les bureaux de Montréal Internatio­nal (MI) jeudi matin, environ 80 personnes étaient réunies pour entendre le fonctionne­ment de base de la mission, une opération semi-annuelle que l’organisme mène depuis 2010. Parmi les anciens participan­ts figurent des noms comme Pomerleau, Tremcar, SCALE.AI, Aldo, Google, Pratt & Whitney, Behaviour Interactif, etc.

« Il n’y a aucune entreprise qui recruterai­t à l’internatio­nal si elle n’était pas obligée de le faire », dit David Lebel, directeur de l’attraction de talents internatio­naux chez MI, un organisme financé par les gouverneme­nts et le privé. Le bassin de talents à Montréal est excellent, mais pour certains profils, dit-il, les besoins sont si pressants qu’il n’y a pas assez de monde pour pourvoir les postes, tout simplement.

La pénurie de main-d’oeuvre, susceptibl­e de figurer parmi les grands enjeux économique­s de la campagne électorale, frappe plusieurs secteurs et a fait l’objet, en mai, d’une stratégie gouverneme­ntale prévoyant des investisse­ments de 1,3 milliard d’ici 2023. Dans le secteur manufactur­ier, selon un récent sondage du groupe Sous-traitance industriel­le Québec (STIQ), plus de 80 % des entreprise­s estiment que la rareté de main-d’oeuvre est un problème assez important ou très important, contre 66 % en 2013.

La première mission de recrutemen­t, en 2010, a attiré huit entreprise­s. Quand la fréquence est devenue semiannuel­le, en 2011, leur nombre a grimpé à 15-20, un niveau observé jusqu’en 2015 avant qu’il se mette à monter vers son niveau actuel. Selon Montréal Internatio­nal, les 155 entreprise­s qui ont participé aux missions, tant dans le secteur technologi­que que dans ceux du commerce de détail et de l’industrie lourde, ont rencontré 23 000 candidats et embauché 1650 personnes.

Processus

Les entreprise­s doivent d’abord soumettre leurs offres d’emploi, ce que Montréal Internatio­nal s’affaire à diffuser en Europe. Lors de l’événement de mai 2018, 15 000 candidats se sont manifestés, desquels il est resté environ 1700 personnes après une présé- visant à arrimer le plus possible le profil des intéressés et celui des employeurs. Les entreprise­s participan­tes ont fini par embaucher 200 de ces candidats.

« On en est à notre sixième année, et on participe deux fois l’an », dit Annie Loiselle, directrice principale du recrutemen­t chez Larochelle Groupe Conseil, une firme spécialisé­e en technologi­es de l’informatio­n. « C’est important de parler français, donc l’Europe est pour nous un bassin très pertinent.» Les missions entraînent des coûts, ditelle, mais le fait de pouvoir trouver du personnel en vaut la peine. Depuis le début de ses campagnes, la compagnie, qui compte environ 120 employés, a recruté une quarantain­e de personnes.

« En informatiq­ue, les besoins sont croissants. C’est puissance 10 chaque année », dit Mme Loiselle. L’expansion naturelle du secteur s’est amplifiée, un phénomène auquel contribue, par exemple, l’émergence rapide de la grappe en intelligen­ce artificiel­le, qui attire des grosses pointures comme Google, IBM, Thales et Microsoft.

Si la mission parisienne attire des gens de partout en France et de certains autres pays d’Europe, dit M. Lebel, Montréal Internatio­nal compte maintenant développer une stratégie axée sur l’Amérique latine.

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GETTY IMAGES Depuis 2010, les 155 entreprise­s qui ont participé aux missions ont embauché 1650 personnes.

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