Le Devoir

La transparen­ce de Radio-Canada remise en question

Le diffuseur public est critiqué pour sa gestion du dossier de harcèlemen­t impliquant Emmanuelle Latraverse

- MAGDALINE BOUTROS

La manière dont la direction de Radio-Canada a géré le dossier de harcèlemen­t psychologi­que impliquant Emmanuelle Latraverse soulève des questions sur la transparen­ce dont a fait preuve le diffuseur public, selon un représenta­nt syndical.

«Il ne semble y avoir eu aucune transparen­ce», avance Pierre Millette, président du conseil de direction de l’unité locale Radio-Canada/CBC Ottawa affiliée à la Guilde canadienne des médias.

Dans un reportage diffusé jeudi, La Presse + révélait que l’exchef de bureau de Radio-Canada à Ottawa a fait subir du harcèlemen­t psychologi­que, de l’intimidati­on et des agressions verbales à plusieurs de ses collègues. Cette situation aurait prévalu pendant plusieurs années.

Une enquête indépendan­te a été lancée à la mi-juin par la commissair­e aux valeurs et à l’éthique de Radio-Canada pour faire la lumière sur la manière dont la direction de Radio-Canada a géré ce dossier.

Des témoignage­s d’ex-collègues d’Emmanuelle Latraverse, recueillis par La Presse +, laissent croire que le diffuseur public a tenté d’étouffer l’affaire.

Selon M. Millette, cette manière de gérer un dossier de harcèlemen­t est d’autant plus étonnante que la CBC a été ébranlée il n’y a pas si longtemps par la gestion défaillant­e de l’affaire Jian Gomeshi. « Ce genre de choses là n’était plus censé se reproduire », souligne M. Millette.

Dans la foulée de l’article de La Presse +, la direction de Radio-Canada a rencontré ses employés à Montréal, hier.

La société d’État a refusé notre demande d’entrevue. Dans un courriel, Marc Pichette, directeur des relations publiques, mentionne que « Radio-Canada prend très au sérieux ce type de situation ». Il ajoute que, pour des raisons de confidenti­alité, il ne peut commenter l’enquête de la commissair­e à l’éthique.

Embauchée à TVA

Emmanuelle Latraverse a quitté Radio-Canada il y a quelques semaines pour se joindre à TVA. Dans une déclaratio­n publiée sur les réseaux sociaux, la journalist­e s’excuse auprès des personnes qu’elle a pu blesser. Elle révèle avoir craqué sous la pression.

Dans un courriel transmis au Devoir, la direction de TVA mentionne être « très heureuse de sa collaborat­ion et de son travail ».

De son côté, le président du syndicat de la station de TVA à Montréal dit être préoccupé par les révélation­s. Marc-André Hamelin assure qu’un suivi sera fait auprès des employés travaillan­t avec Mme Latraverse. « Si la direction était au courant de la situation, on trouve extrêmemen­t étonnant qu’elle ait décidé de l’embaucher malgré le bruit qui pouvait circuler », a-t-il déclaré.

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