Un premier avion à grande capacité se pose à Saint-Hubert
Les citoyens habitant en périphérie de l’aéroport de Saint-Hubert ont eu leur initiation aux gros-porteurs, jeudi matin, lorsqu’un Boeing 737-200 de la compagnie Chrono Aviation a atterri à 8 h 55 pour officiellement inaugurer la piste principale réaménagée.
L’appareil pouvait difficilement passer inaperçu ; les avions du transporteur aérien, peints en noir mat avec des marquages rouges, sont éminemment reconnaissables. La piste renforcée et réaménagée donne désormais accès à l’aéroport de la Rive-Sud aux gros-porteurs, comme l’Airbus A220320 ou le Boeing 737-200 de Chrono, qui devient le premier gros-porteur basé à Saint-Hubert.
Cette arrivée marque la première étape d’une transformation de l’aéroport, qui cherche à se positionner pour accueillir des vols commerciaux. Le président du conseil d’administration de l’aéroport, Charles Vaillancourt, a fait part de son intention d’entrer en contact avec les transporteurs « afin de renforcer notre position de plaque tournante du transport aérien régional au Québec, en commençant par une aérogare ».
L’installation aéroportuaire ne permet pas, en effet, de réaliser de telles ambitions à court terme puisqu’elle ne dispose pas d’une aérogare capable de gérer les passagers, les bagages et les mesures de sécurité qu’implique le trafic aérien commercial à plus grande échelle. M. Vaillancourt a précisé qu’un plan directeur de développement comprenant l’aérogare sera rendu public au début de 2019 et qu’un bureau de projet sera mis sur pied pour le réaliser.
Il se dit toutefois convaincu que l’aéroport, qui se trouve à une quinzaine de minutes du centre-ville et qui est desservi par le train de banlieue, est stratégiquement situé pour desservir les destinations régionales telles que l’Abitibi, la Côte-Nord ou la Gaspésie à moindre coût que les départs de Montréal. Il a rappelé à cet effet que Québec a annoncé des investissements de plus de 100 millions pour les infrastructures aéroportuaires destinées à la desserte des régions. « Il faut garder en tête que le transport aérien dans les régions se fait essentiellement entre les grands centres comme Montréal et les régions », a-t-il fait valoir.
La possibilité de faire de Saint-Hubert un aéroport de transporteurs au rabais représente également un axe de développement convoité. Notant que plusieurs des transporteurs au rabais ne viennent pas à Montréal, mais desservent les aéroports de Plattsburgh, de Burlington et de Massena, tout juste au sud de la frontière, M. Vaillancourt a fait valoir que « leur présence là-bas incite plusieurs voyageurs québécois à s’y rendre pour prendre leurs vols au rabais, privant nos propres transporteurs de précieux clients ».
Développement régional
À très court terme, toutefois, la possibilité d’y faire atterrir des gros-porteurs représente déjà un atout pour le développement économique régional. « Les entreprises qui veulent s’installer au Québec considèrent la proximité d’un aéroport dans le choix de leur emplacement », a-t-il rappelé.
Amorcés en 2016, les travaux ont été terminés le 10 août dernier avec les dernières touches de marquage de la piste. La piste de 7800 pieds (2377 mètres), construite au coût de 17 millions de dollars, a été principalement financée par Ottawa, qui y a contribué à hauteur de plus de 13 millions.
Pour l’instant, les activités de l’aéroport sont principalement limitées aux vols nolisés, aux avions privés d’affaires et de plaisance ainsi qu’aux écoles de pilotage. Chrono Aviation se spécialise d’ailleurs dans les vols nolisés et, avec son Boeing 737-200 dont le rayon d’action atteint 2700 kilomètres, peut desservir les régions très éloignées du Nord-du-Québec et du Nunavut, par exemple. Il est aussi l’un des rares avions de cette taille capable d’atterrir sur des pistes en gravier, une nécessité de nombreuses pistes du Grand Nord.
L’aéroport de Saint-Hubert fête cette année son 90e anniversaire.