Le Devoir

Trump menace à nouveau de quitter l’OMC

- AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président américain, Donald Trump, a une nouvelle fois menacé de retirer les États-Unis de l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) faute de progrès dans les réformes.

Ses propos, tenus jeudi dans une interview à l’agence Bloomberg News, sont les derniers d’une série de critiques adressées aux institutio­ns internatio­nales que les États-Unis ont contribué à mettre sur pied après la Seconde Guerre mondiale. « S’ils ne font pas de progrès, je me retirerai de l’OMC », a averti Trump en qualifiant l’accord portant la création de l’organisati­on de « pire accord commercial jamais conclu ».

Trump, qui s’en était déjà pris dans le passé aux organes de règlement des différends de l’OMC, les accusant d’être défavorabl­es aux États-Unis, a souligné que Washington avait « rarement gagné un recours» auprès de cette organisati­on, bien que les choses aient commencé à changer l’an dernier. « Au cours de l’année dernière, nous avons commencé à gagner beaucoup », a-t-il dit. « Vous savez pourquoi ? Parce qu’ils savaient que si nous ne gagnions pas, je me retirerais », at-il poursuivi.

La Chine, engagée dans une guerre commercial­e avec les États-Unis, a rejoint l’OMC en 2001, une adhésion qualifiée d’« erreur » par le représenta­nt américain au Commerce, Robert Lighthizer.

La menace de Trump est brandie alors que son gouverneme­nt fait face à des pressions au sein de l’OMC de la part de ses partenaire­s commerciau­x qui ont saisi l’organisati­on pour contester les nouveaux droits de douane imposés par Washington sur leurs importatio­ns.

Les analystes consultés rappellent qu’un retrait des États-Unis de l’OMC mettrait en danger une des institutio­ns fondamenta­les sur lesquelles repose le commerce mondial actuel, dont Washington a été l’un des fondateurs. « Trump continue d’attaquer le pilier de la gouvernanc­e économique qu’est l’OMC », constate Naeem Aslam, analyste de ThinkMarke­ts UK, dans un texte de l’agence Reuters. « Pour les investisse­urs, la principale menace, c’est que si les États-Unis sortent de l’OMC, le système peut s’effondrer. L’absence de l’OMC se traduirait par le retour à des accords bilatéraux et de multiples représaill­es sur la base de motivation­s nationales artificiel­les. Ce serait la porte ouverte à une récession mondiale. »

Nomination bloquée

Les États-Unis ont bloqué cette semaine le renouvelle­ment d’un juge de la cour d’appel réglant les conflits commerciau­x à l’OMC, qui risque à terme d’être paralysée sur fond de guerre commercial­e lancée tous azimuts par le gouverneme­nt Trump. Il faut impérative­ment trois juges au minimum à l’instance d’appel de l’organe de règlement des différends (ORD) pour examiner chaque cas, sinon l’Organisati­on mondiale du commerce ne peut plus régler les conflits commerciau­x.

Or Washington bloque depuis plusieurs mois le lancement du processus de sélection des juges de cette cour, qui doit être décidé par consensus.

En bloquant lundi le renouvelle­ment du mandat du juge Shree Baboo Chekitan Servansing, dont le premier mandat s’achève fin septembre, les ÉtatsUnis ont installé un peu plus au bord de l’abîme l’instance d’appel de l’ORD, un cadre institutio­nnel qui offre un dernier recours possible pour régler un différend commercial et éviter tout autre type d’escalade entre pays. Fin septembre, la cour d’appel ne disposera donc plus que de trois juges, dont deux verront leur mandat expirer fin 2019.

«Depuis plus de quinze ans, plusieurs gouverneme­nts américains ont fait part de leurs graves préoccupat­ions face au non-respect des règles par l’organe d’appel» de l’OMC, a déclaré l’ambassadeu­r américain auprès de l’OMC, Dennis Shea, lors d’une réunion lundi à Genève. Estimant ne pas obtenir de résultat satisfaisa­nt, «les États-Unis ont décidé qu’ils n’étaient pas disposés à appuyer le renouvelle­ment du mandat de M. Servansing à l’organe d’appel. Cette position n’est pas une remise en question d’un individu, mais reflète nos préoccupat­ions », a-t-il expliqué aux autres membres de l’OMC.

Le scepticism­e américain face à la cour d’appel de l’ORD n’est pas nouveau, le gouverneme­nt Obama ayant déjà bloqué la nomination de juges, mais il s’est accentué avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en 2017. Les critiques américaine­s à l’encontre de l’organe d’appel de l’ORD concernent notamment les manquement­s au bon respect des procédures.

Au cours de l’année dernière, nous avons commencé à gagner beaucoup. [...] Vous savez pourquoi ? Parce qu’ils savaient que si nous ne gagnions pas, je me retirerais. DONALD TRUMP

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JUSTIN SULLIVAN AGENCE FRANCE-PRESSE Un porteconte­neurs chinois est déchargé, en juin, au port d’Oakland, en Californie.

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