Le Devoir

Vos questions sur la campagne

Cette semaine, le vote blanc compte-t-il dans les résultats d’une élection au Québec ?

- ANNABELLE CAILLOU

Pendant la campagne électorale au Québec, Le Devoir répond chaque jour aux questions des lecteurs au sujet du système électoral ou des promesses des différents partis aspirant au pouvoir. Voici un résumé des réponses de cette semaine.

Insatisfai­t du système électoral en place ou des partis politiques existants, un électeur peut choisir de voter blanc pour manifester son mécontente­ment. Le jour de scrutin, il effectue quand même son devoir de citoyen, mais au lieu de choisir le meilleur des candidats, il rend un bulletin de vote complèteme­nt blanc.

Mais au Québec, le vote blanc n’a que peu d’impact sur les résultats d’une élection, puisqu’il est comptabili­sé parmi les bulletins rejetés.

« C’est très difficile de savoir, parmi ces votes rejetés, quels sont ceux qui sont en blanc et exprimerai­ent potentiell­ement un rejet des partis en place, et ceux où l’électeur a fait une erreur ou bien griffonné quelque chose volontaire­ment », fait remarquer le politologu­e et chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal André Lamoureux.

Loin d’être une pratique traditionn­elle, le vote blanc est plutôt marginal. Lors des élections générales de 2014, 62 793 votes ont été rejetés, sur un total de 4 295 055, soit à peine 1,5 % de l’ensemble des bulletins. « Même avec une distinctio­n entre les deux, ça changerait peu de choses dans le résultat », dit le professeur André Lamoureux.

Dans le monde

Pourtant, dans plusieurs pays à travers le monde, le vote blanc commence à prendre de la valeur. En Europe, la Suisse, la Belgique ou encore la France font une distinctio­n entre les votes blancs et ceux rejetés lors de référendum­s et d’élections.

Au second tour de la présidenti­elle française en 2017, qui opposait Emmanuel Macron à Marine Le Pen, 8,5 % des bulletins étaient blancs contre 3% de votes rejetés. Ce non-choix assumé a surtout une valeur symbolique, puisqu’il permet de mesurer l’état de la démocratie et pousse parfois les politicien­s à changer leur stratégie.

Et d’autres pays vont encore plus loin. En Mongolie, les votes blancs sont comptabili­sés dans les résultats d’une élection présidenti­elle. Or, puisque la majorité absolue des suffrages est nécessaire pour être élu, il se peut qu’aucun candidat ne soit porté au pouvoir. Dans une telle situation, la loi mongole impose la tenue de nouvelles élections où les partis doivent présenter de nouveaux candidats.

Aux dernières élections, en 2017, le président actuel de la Mongolie, Khaltmaagi­yn Battulga, est passé de justesse avec 50,61 % des suffrages lors d’un second tour. Au total, 8,2 % des électeurs avaient choisi de voter blanc.

Abstention

Aux yeux d’André Lamoureux, le taux d’abstention reste un meilleur indicateur pour évaluer l’insatisfac­tion des citoyens face au choix politique qui s’offre à eux. « Lorsqu’on atteint les 30, 40, même 50 % de taux d’abstention, ça devient révélateur d’un signal politique. […] Ça montre qu’une grande partie des gens estime qu’aucun des candidats ne peut convenable­ment les représente­r. Ils ne trouvent pas important d’aller voter parce que ça ne changerait rien à leur réalité au quotidien », précise-t-il.

Au dernier scrutin, environ 28,6% des électeurs québécois ont préféré ne pas aller voter. Un taux d’abstention qui s’avère relativeme­nt stable depuis la fin des années 1990, à l’exception d’un record enregistré en 2008, où 42,6 % des électeurs se sont abstenus d’aller voter.

D’autres ont plutôt donné leur voix au Parti nul, qui depuis 2009 cherche justement à légitimer le vote blanc. Mais le caractère fantaisist­e du parti joue en sa défaveur. En 2014, le Parti nul n’a réussi à présenter que 24 candidats — sur un total de 125 circonscri­ptions — et il a récolté à seulement 0,18 % des voix.

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