Jusqu’au bout de la nuit à Pinel
Une série sur le quotidien de patients incarcérés pour délits violents
À sa console, une femme dirige un ballet de portes closes dont elle seule possède le sésame. «Sylvie, c’est nos yeux et nos oreilles», raconte Pierre, agent d’intervention et sociothérapeute à l’Institut Philippe-Pinel. Cette dernière veille sur l’équipe en permanence. «On n’est jamais en sécurité. […] Le risque est toujours là», explique l’homme à la carrure de quartarrière dont la remarquable humanité adoucit les contours sombres de la série documentaire Pinel: au coeur de la maladie mentale.
Cette incursion dans le quotidien de ceux qui y sont enfermés après avoir commis des délits violents possède beaucoup de qualités; au premier chef, son personnel — psychiatres, infirmières, intervenants —, par l’intermédiaire duquel on pénètre un véritable océan de souffrances. Le regard que ces derniers posent sur les détenus est bouleversant, apportant mille nuances à une noirceur ambiante que l’on pourrait croire impossible à broyer.
Ici, la peine demeure indéterminée. Elle peut s’étirer sur des mois, voire des années, engloutissant des chapitres entiers de vies saccagées par la maladie mentale. Les contentions sont partout, d’abord choquantes, rapidement nécessaires. Car la souffrance perce, impérieuse. «Je ne suis pas sûr qu’on s’endurcit [en travaillant à Pinel] ou si on ne devient pas de plus en plus fragile», remarque finement Paul, un sociothérapeute. Chose certaine, même par le truchement rassurant du petit écran, on sort de cette immersion transformé.
Pinel : au coeur de la maladie mentale Z, mercredi, 22h