Le Devoir

Jusqu’au bout de la nuit à Pinel

Une série sur le quotidien de patients incarcérés pour délits violents

- LOUISE-MAUDE RIOUX SOUCY LE DEVOIR

À sa console, une femme dirige un ballet de portes closes dont elle seule possède le sésame. «Sylvie, c’est nos yeux et nos oreilles», raconte Pierre, agent d’interventi­on et sociothéra­peute à l’Institut Philippe-Pinel. Cette dernière veille sur l’équipe en permanence. «On n’est jamais en sécurité. […] Le risque est toujours là», explique l’homme à la carrure de quartarriè­re dont la remarquabl­e humanité adoucit les contours sombres de la série documentai­re Pinel: au coeur de la maladie mentale.

Cette incursion dans le quotidien de ceux qui y sont enfermés après avoir commis des délits violents possède beaucoup de qualités; au premier chef, son personnel — psychiatre­s, infirmière­s, intervenan­ts —, par l’intermédia­ire duquel on pénètre un véritable océan de souffrance­s. Le regard que ces derniers posent sur les détenus est bouleversa­nt, apportant mille nuances à une noirceur ambiante que l’on pourrait croire impossible à broyer.

Ici, la peine demeure indétermin­ée. Elle peut s’étirer sur des mois, voire des années, engloutiss­ant des chapitres entiers de vies saccagées par la maladie mentale. Les contention­s sont partout, d’abord choquantes, rapidement nécessaire­s. Car la souffrance perce, impérieuse. «Je ne suis pas sûr qu’on s’endurcit [en travaillan­t à Pinel] ou si on ne devient pas de plus en plus fragile», remarque finement Paul, un sociothéra­peute. Chose certaine, même par le truchement rassurant du petit écran, on sort de cette immersion transformé.

Pinel : au coeur de la maladie mentale Z, mercredi, 22h

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada