Le Devoir

Couillard évite de se frotter directemen­t à son rival

Le chef a donné le champ libre à ses candidats vedettes pour qu’ils écorchent la campagne de la Coalition avenir Québec

- MARCO BÉLAIR-CIRINO

Le Parti libéral du Québec a envoyé au front lundi Isabelle Melançon, Pierre Arcand et Marc Tanguay afin de dresser «le bilan de la semaine désastreus­e » de la Coalition avenir Québec.

Philippe Couillard, dont la campagne électorale s’est transporté­e de Roberval aux Îles-de-la-Madeleine, a laissé le champ libre à ses trois candidats, ayant adopté comme habitude de ne pas focaliser l’attention sur son principal adversaire, François Legault, dans ses propres activités publiques.

Il retient ses coups pour les grandes batailles de l’opinion publique, à commencer par la question de l’immigratio­n. Le PLQ cherchera à convaincre les électeurs de la nécessité de relever ou, à tout le moins, de maintenir les seuils d’immigratio­n afin de surmonter la pénurie de main-d’oeuvre.

Le chef libéral avait, vendredi dernier, laissé le soin à trois autres candidats, dont l’aspirant président au Conseil du trésor, Gaétan Barrette, de réagir au prêt de 55 000 dollars consenti par le maire de L’AncienneLo­rette au candidat caquiste Éric Caire et à son ex-conjointe.

« Je comprends que Couillard veut faire une campagne négative, une campagne sale. Il envoie ses goons faire le travail », a dénoncé le chef caquiste, François Legault.

Une campagne parallèle

Ne prêtant pas attention aux échos des campagnes de ces adversaire­s, M. Couillard dévoile patiemment ses propositio­ns pour « faciliter la vie des Québécois» à l’occasion d’un point de presse, habituelle­ment en matinée. Son épouse, Suzanne Pilote, se trouve souvent à ses côtés — ou juste à l’extérieur du champ de vision des caméras.

Le chef libéral profite de l’aprèsmidi pour effectuer un saut dans le local de campagne d’un candidat ou se prêter à un bain de foule. En politique, le bain de foule n’est pas sans risque, tout particuliè­rement pour un premier ministre sortant. En effet, rien n’empêche un électeur de s’en prendre verbalemen­t au candidat qui s’y prête. Quelques personnes s’y sont essayées depuis le coup d’envoi de la campagne électorale. « Il raconte des menteries », s’est écriée une automobili­ste qui a aperçu M. Couillard en train de serrer les mains de passants dans le centre-ville de La Tuque. Une autre s’est approchée de lui et a grommelé : « Vous ne gagnerez pas. »

L’ex-neurochiru­rgien prend goût à ces activités loin de l’édifice HonoréMerc­ier, où se trouvent les bureaux du premier ministre. Il n’a pas mis les pieds dans une résidence pour personnes âgées, mais prolonge ses visites dans des casse-croûtes ou encore des établissem­ents d’enseigneme­nt. Vêtu d’un complet bleu foncé, le premier ministre a assisté dans une école primaire à des performanc­es improvisée­s de danse du « floss » données par des élèves. Dans la cour d’une autre école, des enfants ont échangé un ballon avec lui. Puis, un gamin lui a lancé un jouet avec force dans les jambes. «Bon, Suzanne va jouer avec vous maintenant », a dit M. Couillard, après avoir étouffé un blasphème.

Ravi de mener une « campagne bien organisée », le premier ministre s’est toutefois surpris à surestimer le nombre de personnes rassemblée­s dans la Brûlerie Saint-Jean, lors de son passage en marge de la Fête arc-en-ciel de Québec, samedi. « Allons rejoindre tout le monde », a-t-il dit à son épouse, tout en pointant, sans le savoir, un miroir réfléchiss­ant la silhouette des personnes agglutinée­s autour et derrière lui.

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? Le chef libéral a voyagé de Roberval aux Îles-de-la-Madeleine, en passant par Gaspé (notre photo) , lundi.
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Le chef libéral a voyagé de Roberval aux Îles-de-la-Madeleine, en passant par Gaspé (notre photo) , lundi.

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