Le Devoir

LES OBSERVATEU­RS

-

Le Devoir s’est tourné vers quatre anciens politicien­s aux allégeance­s politiques diverses, afin de connaître leurs impression­s sur la campagne en cours. Aujourd’hui, l’ancien député solidaire Amir Khadir prend la parole. Propos recueillis par Annabelle Caillou. Qu’est-ce qui a retenu le plus votre attention durant la dernière semaine de campagne ?

C’est la situation relativeme­nt embarrassa­nte pour François Legault et la Coalition avenir Québec (CAQ) [alors que] plusieurs tuiles leur sont tombées dessus : la démission de M. Le Bouyonnec et les ennuis de M. Caire. On a vu la ligne de fracture qui permet de tester l’attachemen­t du leader d’un parti aux questions éthiques. Bien que je ne juge pas trop sévèrement ce qui est arrivé avec M. Caire, pour moins que ça la CAQ a déjà remercié d’autres personnes de leurs services. Le retour de Christian Dubé à la CAQ — qu’il avait quittée pour la Caisse de dépôt peu après avoir été élu député en 2014 — va-t-il changer le cours de la campagne ? M. Dubé n’avait ni la patience ni le dévouement nécessaire à la politique pour se consacrer au travail de deuxième opposition. Maintenant que la CAQ donne l’impression qu’elle est aux portes du pouvoir, il revient. Je trouve ça malhabile de sa part de faire croire que c’est l’appel du devoir. Mais le geste de M. Dubé n’est pas tellement différent de celui de Mme Bourdon ou d’autres. C’est toujours malheureus­ement en premier […] l’appétit pour le pouvoir, le carriérism­e du plus bas étage. Dans tous les cas, je crois que l’impact [du retour de M.Dubé] va être relativeme­nt neutre. La CAQ fait face maintenant à plusieurs difficulté­s, dans l’explicatio­n de ses positions, dans son incapacité à dégager une vision économique qui permet de dire comment ils vont financer leurs promesses. M. Dubé arrive trop tard pour corriger cette impression tenace qu’il y a des belles promesses chez la CAQ, mais sans effort rigoureux pour montrer où on va chercher l’argent. Que doit faire Québec solidaire pour davantage se démarquer dans les prochaines semaines ? Je ne crois pas que ça puisse se faire au niveau médiatique et grand public. Ça serait illusoire de penser qu’en l’espace de quelques semaines, Québec solidaire pourrait passer de 10 à 30 %, qu’il lui faut pour atteindre le pouvoir. Québec solidaire a un programme centré sur des propositio­ns très concrètes, et donc il doit déployer des efforts pour [les] faire connaître auprès des gens pour qui ça compte : les classes populaires. [Le parti] doit concentrer ses efforts dans les comtés où il a des chances de faire des bons scores sinon de surprendre, — et moi j’en vois au moins une dizaine si n’est pas une quinzaine — […] plutôt que de s’éparpiller à travers le Québec. Porte-parole de Québec solidaire depuis 15 ans, Amir Khadir est le député de la circonscri­ption de Mercier depuis 2008. Il ne sollicite pas de nouveau mandat cette année.

 ??  ?? AMIR KHADIR
AMIR KHADIR

Newspapers in French

Newspapers from Canada