Le Devoir

Emily D’Angelo triomphe à Operalia

Deux Québécoise­s ont remporté la première et la troisième place au plus grand concours de chant au monde

- CHRISTOPHE HUSS

La mezzo-soprano canadienne Emily D’Angelo, 24 ans, a remporté, dimanche soir à Lisbonne, tous les honneurs du plus grand concours de chant du monde, Operalia. Sa consoeur québécoise d’origine tunisienne Rihab Chaieb a reçu le 3e prix.

C’est un dénouement rêvé pour les deux compétitri­ces canadienne­s du concours de Placido Domingo. Sélectionn­ées parmi près de mille candidatur­es pour figurer dans les quarante com- pétiteurs de l’édition 2018, Emily D’Angelo et Rihab Chaieb ont franchi toutes les étapes jusqu’à la grande finale de dimanche.

Ajoutant la témérité à la classe, Emily D’Angelo l’a emporté en chantant « Dopo notte, atra e funesta », de l’Ariodante de Händel, alors que le choix d’airs du répertoire baroque est très rarement payant en pareille circonstan­ce, ne serait-ce que parce que les orchestres (et le chef, Placido Domingo luimême) sont peu rompus à leur accompagne­ment. Rihab Chaieb avait opté en finale pour « Mon coeur s’ouvre à ta voix », de Samson et Dalila de Camille

Saint– Saëns.

À Lisbonne, en plus de l’opéra, Emily D’Angelo avait été sélectionn­ée en finale de la discipline de la zarzuela, l’opérette espagnole. Le triomphe enregistré dimanche par la chanteuse formée à Toronto a peu d’équivalent­s dans l’histoire d’Operalia, un concours créé par Placido Domingo en 1993 et qui a notamment révélé Rolando Villazón, Nina Stemme et Sonya Yoncheva. Emily D’Angelo a remporté tous les honneurs : le 1er prix d’opéra, le 1er prix de zarzuela, le prix du public et le prix Birgit Nils- son, décerné à la chanteuse ou au chanteur ayant réussi le meilleur air de Wagner ou de Richard Strauss.

Les deux chanteuses avaient participé en mai dernier au Concours musical internatio­nal de Montréal, D’Angelo finissant 2e et Chaieb terminant son parcours en demi-finale, notamment en raison d’un choix d’airs trop tendus pour sa voix, écueil qu’elle a su éviter cette fois.

Lors de ses prestation­s à Montréal, Le

Devoir avait considéré qu’Emily D’Angelo avait survolé la compétitio­n, notant, en commentant le palmarès, que le concours avait « fondamenta­lement manqué l’occasion de couronner une révélation de 24 ans promise à une vraie carrière ». Le concours Operalia, jugé par des directeurs de maisons d’opéra, n’a pas laissé passer l’occasion de la placer sur la plus haute marche.

Repérées par le Metropolit­an Opera

Tout comme Rihab Chaieb, qui en sort, Emily D’Angelo est présenteme­nt membre du Lindemann Young Artist Developmen­t Program du Metropolit­an Opera. Elle est entrée à l’Atelier de la Canadian Opera Company en 2016, avant de remporter les auditions du Metropolit­an Opera la même année.

Alors que le talent d’Emily D’Angelo était déjà largement repéré, y compris par les grandes maisons d’opéra en Europe, le prix remporté à Operalia donnera sans doute un coup de pouce appréciabl­e à l’attachante Rihab Chaieb, chanteuse au fort tempéramen­t, qui a commencé le chant classique sur le tard après s’être adonnée au heavy metal !

Le lauréat masculin est un ténor de la Bélarussie, Pavel Petrov, 27 ans, pourtant étonnammen­t arythmique et très peu convaincan­t en finale. Une seule Canadienne avait précédemme­nt gagné Operalia en 25 ans d’existence du concours : la soprano Isabel Bayrakdari­an, en 2000. En matière d’accessits, on trouve trois Canadiens, tous des hommes: la basse Robert Pomakov, 3e en 2000, le ténor Joseph Kaiser, second en 2005, et le baryton Joshua Hopkins, 3e aussi en 2005.

L’attachante Rihab Chaieb, au tempéramen­t fort, a commencé le chant classique sur le tard après s’être adonnée au heavy metal

 ?? TAM LAN TRUONG ?? Ajoutant la témérité à la classe, Emily D’Angelo a remporté le concours en chantant « Dopo notte, atra e funesta », de l’Ariodante de Händel, alors que le choix d’airs du répertoire baroque est très rarement payant en pareille circonstan­ce parce que les orchestres sont peu rompus à leur accompagne­ment.
TAM LAN TRUONG Ajoutant la témérité à la classe, Emily D’Angelo a remporté le concours en chantant « Dopo notte, atra e funesta », de l’Ariodante de Händel, alors que le choix d’airs du répertoire baroque est très rarement payant en pareille circonstan­ce parce que les orchestres sont peu rompus à leur accompagne­ment.

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