Des jeunes qui préfèrent le trad
Maréemusique lance un disque réunissant une dizaine d’accordéonistes québécois de la relève
Lorsque Élisabeth Nicol a eu douze ans, son père lui a demandé si elle préférait recevoir en cadeau une console de jeux vidéo ou un accordéon. Elle a choisi l’accordéon.
Depuis, la jeune fille, qui a aujourd’hui 16 ans, apprivoise le folklore québécois à l’accordéon diatonique. Ce week-end, elle se produisait, avec sa soeur pianiste et violoniste, Virginie, 22 ans, et Alexandre B. Caron, 25 ans, au Carrefour mondial de l’accordéon de Montmagny.
Les deux soeurs Nicol avaient déjà suivi des cours de piano classique. Dans la ville de Terrebonne, d’où elles viennent, elles sont allées chercher le savoir de musique traditionnelle où il se trouvait: aux soirées organisées par l’Association québécoise des loisirs folkloriques (AQLF). On y tient notamment des soirées de musique et de danse. « La moyenne d’âge était de 70 ou 80 ans. On faisait vraiment baisser la moyenne », dit Élisabeth.
C’est là, pourtant, qu’elles ont appris des pièces du répertoire traditionnel, qui, rappelons-le, n’est pas écrit. « On aurait tellement de monde à nommer pour parler de tous ceux qui nous ont alimentées », dit Virginie.
Dimanche dernier, les éditions Maréemusique, de Beaumont, lançaient le disque Parcours d’accordéon, où dix accordéonistes de la relève, nés entre 1980 et 2002, font revivre la musique traditionnelle québécoise.
Élisabeth Nicol y figure aux côtés de neuf autres jeunes accordéonistes passionnés de musique trad, dont MarieJeanne Brousseau et Patrick Nolet.
L’été, la famille Nicol fréquentait son chalet de Saint-Philémon. C’est là qu’Élisabeth suit des cours auprès d’Alexandre Boivin-Caron, qu’elle a rencontré au Carrefour mondial de l’accordéon de Montmagny.
Alexandre B. Caron, qui a maintenant 25 ans, est l’étoile montante de l’accordéon diatonique à Montmagny. À douze ans, il a produit son premier disque. Il en a maintenant cinq à son actif.
En entrevue, Alexandre B. Caron raconte que c’est sur l’accordéon d’un oncle, dont personne ne se servait, qu’il a joué ses premières notes. Depuis, il n’a pas cessé de peaufiner son répertoire, qu’il joue entièrement de mémoire.
Pour Benoît Bourque, accordéoniste, chanteur et danseur du groupe La Bottine souriante, qui animait le Carrefour de l’accordéon de Montmagny ce weekend, il est clair que la relève est présente en musique traditionnelle au Québec. C’est une relève qui a d’ailleurs souvent une formation parallèle en musique.
Reste que la musique traditionnelle est un genre à part, que les jeunes n’écoutent pas dans les écoles primaires et secondaires.
Pour Virginie Nicol, qui poursuit par ailleurs des études universitaires en piano classique, le trad est une musique qui permet de s’amuser. « L’hiver était long au Québec du temps où il n’y avait pas de distractions, alors il fallait vraiment que la musique divertisse », dit Élisabeth Nicol.
Plusieurs apprécient le caractère joyeux des reels ou des gigues.
À 28 ans, Françane B. Bertrand, fréquente assidûment les festivals folks du Québec, et compte une collection de musique traditionnelle de quelque 300 disques.
À Montréal, les gens qui vont aux veillées traditionnelles du Plateau ont entre 20 et 35 ans, dit-elle. Si elle adore la musicalité de la musique traditionnelle, elle se sent aussi interpellée par la nécessité de préserver un patrimoine québécois, d’en maintenir une « souvenance ».
L’hiver était long au Québec du temps où il n’y avait pas de distractions, alors il fallait vraiment que la musique divertisse ÉLISABETH NICOL