Le Devoir

On l’appelait Lise

Lise Payette a mené plusieurs carrières, combattant partout pour l’égalité

- LISA-MARIE GERVAIS

Animatrice, journalist­e, ministre, militante féministe, productric­e et scénariste, Lise Payette est décédée mercredi à l’âge de 87 ans, après une vie traversée des combats qui lui étaient chers : l’indépendan­ce du Québec, mais d’abord et avant tout la cause des femmes.

Tout au long de sa vie marquée d’engagement­s, cette dame de coeur aura mené ses combats sur différente­s scènes. « Elle rejoignait tout le monde, que ce soit par la politique, son engagement pour les femmes, la culture, l’écriture. Peu de gens ont autant de cordes à leur arc, il faut le dire », a souligné Hélène David, ministre de la Condition féminine. Car Lise Payette, c’est les émissions

Place aux femmes, qu’elle anime avec Guy Provost de 1966 à 1972, et Appelezmoi Lise, grand talk-show télévisuel quotidien de fin de soirée qu’elle animait avec Jacques Fauteux entre 1972 et 1975, qui établissai­t des records de cotes d’écoute.

Lise Payette, c’est aussi un plus large accès aux garderies, le « Je me souviens » sur les plaques d’immatricul­ation, une réflexion critique des rapports homme-femme à travers les téléromans et le célébrissi­me personnage de Jean-Paul Belleau, dans les Dames de coeur.

« Elle est de ces femmes qui nous ont ouvert la voie et qui ont fait des gestes qui ont eu beaucoup de conséquenc­es et qui l’ont fait de plusieurs manières », a dit Pauline Marois, première ministre de 2012 à 2014. « C’est une femme de conviction qui a toujours été fidèle à elle-même et à ses engagement­s. C’est quand même exceptionn­el que, pendant 87 ans, elle n’ait jamais dévié de sa ligne, malgré quelques écarts. »

Une vie d’accompliss­ements

Née Ouimet le 29 août 1931, Lise Payette a grandi dans un quartier modeste de Montréal, Saint-Henri. De sa jeunesse où elle décroche une formation scolaire de base, elle conserve beaucoup d’affection pour une grandmère qui lui aura montré, dit-elle, à « se tenir debout ».

Journalist­e à la radio, elle travaille d’abord en région dans les années 1950. Après un séjour en France avec

son mari, le journalist­e André Payette — de qui elle divorcera assez tôt —, et ses trois jeunes enfants, Dominique, Sylvie et Daniel, cette journalist­e pigiste pour diverses publicatio­ns revient au pays au milieu des années 1960.

Interviewe­use habile, Lise Payette possède une notoriété médiatique qui lui sert de tremplin pour se lancer en politique auprès de René Lévesque et elle se fait élire en 1976 dans Laurier Dorion. D’abord seule femme ministre, rejointe en 1977 par Jocelyne Ouellette, elle occupera cette fonction au sein des ministères de la Condition féminine, des Consommate­urs, Coopérativ­es et Institutio­ns financière­s, puis au Développem­ent social.

«Je trouvais fascinant le fait qu’elle avait, même si elle camouflait une certaine insécurité quelque part, une telle assurance qui fait qu’on ne pouvait pas lui résister », raconte Pauline Marois, qui était à l’époque attachée de presse de Jacques Parizeau avant que Mme Payette en fasse sa chef de cabinet. « Elle était capable de s’imposer par un humour un peu pinçant, sans jamais élever le ton. C’était plutôt quand elle baissait le ton que c’était plus inquiétant. »

Lise Payette est l’instigatri­ce d’une réforme majeure : celle de l’assurance automobile, qui élimine la notion de responsabi­lité lors d’un accident. « Pour la première fois de ma vie, je réussissai­s à faire l’unanimité contre moi », écrira Mme Payette dans ses mémoires. Elle élargira également la protection

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