Bassora en flammes
La ville est en proie à une contestation sociale qui a fait huit morts depuis mardi
Une nouvelle personne est morte jeudi lors de manifestations à Bassora, cheflieu d’une province du sud irakien, où les autorités ont décrété un couvre-feu alors que plusieurs bâtiments publics et sièges de partis sont en feu.
La province de Bassora, la plus riche en hydrocarbures du pays et pourtant l’une des moins bien dotées en infrastructures, est en proie à une contestation sociale qui s’est accompagnée de la mort de huit personnes depuis mardi.
Ce mouvement, dénonçant l’incurie de la classe politique, a éclaté sur fond de pénuries d’eau, d’électricité et d’emplois et vient d’être relancé par une crise sanitaire qui a mené plus de 30 000 personnes à l’hôpital pour des intoxications à l’eau polluée.
Jeudi soir à Bassora, d’imposants nuages d’épaisse fumée noire et de hautes flammes s’élevaient du siège du gouvernorat, de la résidence du gouverneur provincial, ainsi que des sièges de partis politiques et groupes armés, tandis que des milliers de manifestants étaient de nouveau dans la rue.
Dans le chaos créé par ces incendies, « une personne a été tuée et 35 blessées, dont 24 civils et 11 membres des forces de l’ordre », a indiqué dans un communiqué Seif al-Badr, porte-parole du ministère de la Santé. Il n’a pas détaillé les circonstances ni l’identité des victimes.
Si, durant plusieurs soirs cette semaine, des manifestants avaient lancé des cocktails Molotov et des bâtons de feux d’artifice sur le siège du gouvernorat, la manifestation de jeudi soir devant ce complexe avait semblé plus calme.
Les protestataires avaient convergé, avec des membres des forces de l’ordre, devant le siège du gouvernorat afin d’y déposer des bougies pour les sept manifestants tués mardi et mercredi.
Mais des flammes et de la fumée ont de nouveau été visibles dans le siège du gouvernorat, alors que les pompiers semblaient être venus à bout dans l’aprèsmidi de l’incendie allumé la veille. Le siège du gouvernorat est le symbole pour les protestataires de la corruption et de l’incurie de l’État.
Les sièges de plusieurs partis et groupes armés chiites, puissants dans la province, ont aussi été incendiés, de même que l’antenne locale de la télévision publique al-Iraqiya.
Début juillet, lorsqu’avait éclaté à Bassora le mouvement anticorruption, les manifestants s’en étaient déjà pris aux partis et groupes armés. Après s’être essoufflé, le mouvement est reparti vendredi avant de dégénérer ces derniers jours en violences meurtrières, les défenseurs des droits de la personne mettant en cause les forces de l’ordre. Les autorités, elles, montrent du doigt des « vandales » infiltrés parmi les manifestants et assurent avoir ordonné aux troupes de ne pas tirer.