Le Devoir

Qui a écrit la tribune anonyme anti-Trump?

La Maison-Blanche est en crise après la publicatio­n du New York Times

- JÉRÔME CARTILLIER

Qui l’a écrite ? Dans un étrange climat de suspicion et de paranoïa, la Maison-Blanche tentait jeudi de déterminer l’identité du « lâche » qui a rédigé la tribune anonyme dénonçant le comporteme­nt erratique de Donald Trump.

Le président des États-Unis, qui avait évoqué mercredi soir dans un tweet rageur une possible « TRAHISON », a stigmatisé jeudi le comporteme­nt de « la gauche » et des « Fake News Media ».

Fait rare, la première dame Melania Trump a aussi donné de la voix, dénonçant avec force, dans une réponse écrite à CNN, l’anonymat derrière lequel l’auteur de ce témoignage s’est réfugié. « Vous ne protégez pas ce pays, vous le sabotez par vos actes lâches », a-t-elle lancé à l’adresse de ce dernier.

Dans un texte intitulé « Je fais partie de la résistance au sein de l’Administra­tion Trump » et publié par le New York Times, un membre de l’Administra­tion publique raconte comment lui et d’autres s’efforcent de lutter de l’intérieur contre les pires penchants d’un président au leadership « mesquin », « impétueux » et « inefficace ».

La publicatio­n très controvers­ée de ce témoignage anonyme, survenue au lendemain de la diffusion d’extraits d’un livre explosif du journalist­e d’investigat­ion Bob Woodward, suscitait une myriade de questions à Washington et au-delà.

L’auteur mystérieux a-t-il écrit seul ou s’est-il fait le porteparol­e d’un groupe plus large ? Fait-il partie du cercle rapproché du président, au sein de la célèbre « West Wing », ou travaille-t-il dans un ministère ? Finira-t-il par sortir de l’ombre pour donner davantage de poids à son témoignage ?

La formulatio­n utilisée par le New York Times — « haut responsabl­e de l’Administra­tion Trump » — est suffisamme­nt large pour laisser libre cours à toutes les interpréta­tions et permettre à chacun de dresser sa liste, jusqu’aux hypothèses les plus farfelues.

Scène incroyable : le bureau du vice-président s’est senti tenu de publier un communiqué assenant que Mike Pence était blanc comme neige dans cette affaire.

Dans un étonnant ballet révélant le degré de tension régnant dans les hautes sphères du pouvoir américain, nombre de responsabl­es de premier plan se sont aussi fendus d’un communiqué, assurant la main sur le coeur n’être en rien liés à cette affaire.

« Les conjecture­s selon lesquelles la tribune du New York Times a été écrite par moi ou mon adjoint sont fausses », a souligné Dan Coats, patron du renseignem­ent américain, dans un communiqué.

En déplacemen­t en Inde, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a assuré que le texte n’était pas de lui. Les services du chef du Pentagone, Jim Mattis, ont fait passer le même message.

Sarah Sanders, porte-parole de l’exécutif, a conseillé à tous les journalist­es « obsédés » par l’identité de ce loser de téléphoner au New York Times, « seul complice de cet acte sournois ».

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