Le Devoir

Le tissu historique de la courtepoin­te montréalai­se

Patrimoine Héritage Montréal célèbre les 30 ans de ses ArchitecTo­urs

- FLORENCE SARA G. FERRARIS

Il est facile de déambuler dans les rues de Montréal sans jamais porter attention à ce qui nous entoure. Porté par le tic-tac de la routine, on avance, le pas pressé, les yeux rivés sur ce qui s’en vient, frôlant les bâtiments sans jamais vraiment les voir. Témoin privilégié du quotidien — et du temps qui file —, le bâti des quartiers résidentie­ls peut pourtant nous en apprendre beaucoup sur l’histoire de la métropole. Mais encore faut-il prendre le temps de l’écouter.

Les rues se suivent, mais ne se ressemblen­t pas. D’un quartier à l’autre, les plex de pierre grise cèdent subtilemen­t la place aux maisons en rangée. De temps à autre, une shoebox — ces micromaiso­ns sorties tout droit du XIXe siècle — détonne, casse la monotonie du bâti, force un temps d’arrêt étonné.

À quelques kilomètres de là, une série de bungalows, perdus au milieu des nouvelles tours d’habitation, nous fait oublier la ville pendant un instant.

« Le patrimoine résidentie­l montréalai­s est tellement riche, tellement éclectique, lance tout de go Joëlle Perron-Oddo, coordonnat­rice des activités éducatives d’Héritage Montréal. Pourtant, on prend rarement le temps — ou si peu — de s’y intéresser. »

Pour remédier à la situation, l’organisme invite, jusqu’à l’aube du mois d’octobre, les gens à venir à la rencontre de ce patrimoine méconnu dans le cadre de ses traditionn­els Architec-Tours, une première depuis le lancement de ces balades commentées il y a 30 ans.

Éclatées en huit parcours distincts, ces promenades, d’une durée de deux heures chacune, devraient ainsi permettre aux amoureux de la ville d’en apprendre plus sur le passé de leur chez eux, en plus de mettre en lumière les caractéris­tiques architectu­rales des différente­s portions de la cité.

« S’attarder à l’architectu­re résidentie­lle, soutient la jeune femme, c’est se pencher sur l’histoire de Montréal, mais aussi — surtout même — sur celle des Montréalai­s ! »

Sortir des sentiers

À l’image de ce à quoi nous a habitués Héritage Montréal, les visites de cette année invitent à une exploratio­n loin des quartiers naturellem­ent privilégié­s par les agences touristiqu­es. Les amoureux des triplex colorés du Plateau Mont-Royal devront donc prendre leur mal en patience, ce quartier ne figurant pas au programme cette année.

«Notre histoire architectu­rale va bien plus loin que les limites de la

ville centre, soutient Joëlle Perron-Oddo. Non pas que celle de ces quartiers ne soit pas intéressan­te, bien au contraire, mais nous voulions proposer aux gens de découvrir des quartiers qui sont souvent laissés dans l’ombre. »

De la banlieue moderne dans Mercier à l’opulence de Notre-Dame-de-Grâce, en passant par l’arrondisse­ment de Saint-Laurent, Villeray et la Petite-Bourgogne, les visites s’éclatent donc aux quatre coins de la ville, révélant parfois des secrets bien gardés de l’histoire de la métropole.

Pierre grise

« Les détails les plus intéressan­ts sont généraleme­nt là où on s’y attend le moins, précise la coordonnat­rice. Par exemple, saviez-vous que, dans l’est, le long de la rue Adam, les façades devaient absolument être en pierre grise, ou qu’il y a dans le nord de Montréal l’un des premiers noyaux villageois construits à l’extérieur de la ville fortifiée ? »

« L’idée est toujours de donner des outils aux Montréalai­s pour qu’ils puissent décoder notre typologie résidentie­lle, renchérit la jeune femme. Et après, qui sait, ils seront peut-être tentés de jouer, à leur tour, aux touristes dans leur propre ville. »

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PHOTOS MARIEFRANC­E COALLIER LE DEVOIR Dans le Faubourg Saint-Laurent, de nombreux bâtiments, comme la manufactur­e Louis-OvideGroth­é, ont été convertis au cours des dernières décennies.
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À Viauville, dans Maisonneuv­e, les façades de pierres grises donnent un caractère assez homogène aux rues.

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