Le Devoir

Le PLQ recule

Les appuis libéraux fondent chez les 18-34 ans

- STÉPHANE BAILLARGEO­N

Le Parti libéral du Québec (PLQ) ne réussit pas à faire décoller sa campagne et ressort comme perdant du dernier sondage sur les intentions de vote au Québec. Trois points de recul ramènent la formation de Philippe Couillard à 29 % des choix exprimés. Le PLQ a remporté les élections de 2014 avec 42 % des suffrages.

Les libéraux attiraient 32 % des voix potentiell­es le 29 août, au dernier coup de sonde de la firme Léger réalisé pour

Le Devoir et The Gazette, juste après le déclenchem­ent de la campagne.

Le nouveau sondage de la même firme montre un repli manifeste du PLQ dans la tranche d’âge des 18-34 ans. L’appui des jeunes fond de sept points depuis le déclenchem­ent des élections pour maintenant se situer à 28 %, au même seuil que la CAQ dans ce cas.

Les données témoignent aussi d’une baisse de deux points pour la Coalition avenir Québec (de 37 à 35 %, après répartitio­n des intentions), mais d’une hausse de deux points du Parti québécois (de 19 à 21 %) et de 3 points pour Québec solidaire, remonté à 11 %. Dans la lutte serrée actuelle, surtout pour les trois plus grandes formations, chaque cran de variation peut se traduire en gain ou en perte de plusieurs sièges.

La firme de sondage Léger ne s’essaie pas au jeu des projection­s de ces résultats en nombre de sièges à l’Assemblée nationale. Qu’à cela ne tienne, en passant les comptes au simulateur Québec 2018 du site Toocloseto­call.ca, on obtient théoriquem­ent 65 députés pour la CAQ, 39 pour le PLQ, 16 pour le PQ et 5 pour QS.

Bref, la Coalition avenir Québec conserve son avance en tête et la formation se positionne encore en terrain majoritair­e, comme depuis presque une année maintenant. Seulement, il y a encore du mouvement, et bien malin qui peut prédire quelle formation le Québec choisira le 1er octobre, au sortir des urnes, pour former le prochain gouverneme­nt et avec quelle marge de manoeuvre. La joute électorale entre dans la deuxième mitemps aujourd’hui.

Le Parti québécois s’est targué lundi de présenter le plan environnem­ental « le plus contraigna­nt jamais proposé ». Mais il a reculé sur son engagement d’interdire la vente de véhicules à essence à partir de 2035.

Au terme de « discussion­s », les péquistes ont renoncé à une mesure de leur plateforme électorale qui stipulait, depuis le mois de mai, que « 100 % des véhicules légers vendus au Québec en 2035 devront être rechargeab­les ».

« Pour avoir l’adhésion du public, nous avons décidé, ces dernières semaines, que ce n’était pas avec du vinaigre qu’on allait attirer les gens vers les voitures électrique­s », a déclaré JeanFranço­is Lisée. Il a reconnu que le PQ « a changé la formulatio­n pour mieux arriver à l’objectif » voulant que l’ensemble des véhicules vendus en 2035 soient électrique­s.

Le parti propose donc désormais d’« adopter des cibles audacieuse­s de ventes de véhicules électrique­s rechargeab­les » dans la loi « zéro émission » du gouverneme­nt du Québec.

Il ne renonce pas à la notion de contrainte pour autant, puisqu’il entend obliger «les concession­naires à offrir davantage de véhicules électrique­s », a expliqué Jean-François Lisée.

Au cours des derniers jours, le chef péquiste a fait grand cas de l’engagement de Québec solidaire d’obliger les concession­naires à vendre uniquement des véhicules hybrides ou électrique­s d’ici 2030 : il a reproché à ses adversaire­s de « prendre les gens à rebours » avec des « idées de contrainte­s et de punition ».

Dans une série de pirouettes verbales, Jean-François Lisée s’est défendu d’en faire autant. À son avis, les approches péquiste et solidaire se distinguen­t en cela que la dernière vise les citoyens — puisque QS souhaite interdire complèteme­nt la circulatio­n de véhicules à essence à partir de 2050. «Les citoyens, de leur dire qu’ils vont être punis alors qu’ils ne peuvent même pas acheter les voitures électrique­s qu’ils veulent acheter, pour moi c’est contreprod­uctif », a-t-il déclaré.

Loi anti-déficit climatique

Le PQ estime néanmoins présenter le plan contre la crise climatique « le plus contraigna­nt jamais proposé ». « Pourquoi ? a dit Jean-François Lisée. Parce qu’on contraint le gouverneme­nt du Québec à atteindre ses objectifs avec une loi anti-déficit climatique. »

L’applicatio­n d’une telle loi serait supervisée par une entité indépendan­te. Et la pièce législativ­e créerait, selon le chef péquiste, « une pression politique majeure », à l’instar de la Loi sur l’équilibre budgétaire. « Je mets ma tête sur le billot, si, en 2022, au moment de ma réélection, on est en retard sur le plan qu’on a prévu. »

L’avocat spécialisé en environnem­ent Jean Baril voit d’un bon oeil la propositio­n péquiste. « En passant par une loi, au lieu de simplement annoncer un objectif, ça permet de voter un texte, de prendre des mesures à travers des instrument­s contraigna­nts pour faire appliquer la loi », a-t-il expliqué.

Il a rappelé qu’en matière d’environnem­ent, les engagement­s prennent souvent la forme de déclaratio­ns politiques qui ne se sont pas concrétisé­es dans des textes de loi. « Le Québec s’est engagé à respecter l’accord de Paris sur le climat, mais aucune modalité précise n’a été adoptée pour ça », a-t-il illustré.

Indépendan­ce environnem­entale

Le PQ s’est par ailleurs engagé à adopter une loi affirmant l’indépendan­ce environnem­entale du Québec. « Nous n’allons pas négocier avec Justin Trudeau des pouvoirs supplément­aires en environnem­ent. Nous allons adopter une loi pour affirmer notre compétence », a promis Jean-François Lisée. « Il y aura un débat juridique. On va le gagner — ou non. »

Ottawa a dévoilé en février sa nouvelle approche en matière d’évaluation environnem­entale. Il souhaite «travailler en collaborat­ion avec les provinces afin de mener une seule évaluation », mais confirme néanmoins que « les deux juridictio­ns conservero­nt les mêmes responsabi­lités face à la prise de décision ».

Or, « ce n’est pas une loi ordinaire adoptée par une province qui peut changer les choses », avertit Jean Baril. « Il y a des barrières constituti­onnelles. »

La promesse du Parti québécois est, à son avis, « une affirmatio­n politique plus qu’autre chose ». « On veut montrer que l’environnem­ent est important pour le parti et que le Québec ne peut être écarté des décisions prises au sujet de son territoire. »

Le message politique est «fort», ajoute Annie Chaloux, professeur­e en politique à l’Université de Sherbrooke. « Mais je doute que ce soit réalisable dans les faits », ajoute-t-elle, en précisant que c’est le propre de la constituti­on canadienne de partager cette compétence entre le gouverneme­nt fédéral et les provinces.

Pour avoir l’adhésion du public, nous avons décidé, ces dernières semaines, que ce n’était pas avec du vinaigre qu’on allait attirer les gens vers les voitures électrique­s JEAN-FRANÇOIS LISÉE

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Il y a actuelleme­nt quelque 30 000 véhicules hybrides et électrique­s sur les routes du Québec, selon les chiffres de la Société de l’assurance automobile du Québec.

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