La soirée électorale compromise ?
À TVA comme à la SRC, les syndicats menacent de faire grève
En pleine campagne électorale, RadioCanada et TVA sont aux prises avec une menace de grève de leurs employés, qui pourrait bien court-circuiter la présentation de leurs soirées électorales.
À TVA, une grève générale illimitée pourrait être déclenchée dès le 22 septembre. Du côté de Radio-Canada, une assemblée générale est prévue le même jour. Un vote sur un mandat de grève pourrait s’y tenir si aucune entente n’est conclue d’ici là avec l’employeur.
Sans contrat de travail depuis le 1er janvier 2017, les syndiqués de TVA comptent bien faire débloquer les négociations pendant la campagne électorale.
« Les négociations sont toujours au point mort», rapporte Marc-André Hamelin, président du Syndicat des employé(e)s de TVA, affilié au SCFP.
Et la soirée électorale du 1er octobre est «la meilleure fenêtre» dont dispose le syndicat pour inciter l’employeur à tendre l’oreille aux préoccupations de ses employés, estime M. Hamelin.
Mercredi dernier, une centaine de membres du Syndicat des employés(e)s de TVA a manifesté devant les bureaux du télédiffuseur à Montréal, en faisant résonner le slogan: «Pas d’entente… pas de soirée électorale ! »
D’autres gestes similaires pourraient avoir lieu dans les prochains jours, notamment lors du débat des chefs présenté à TVA le 20 septembre.
Le syndicat assure être prêt à aller jusqu’au bout pour contrer ce qu’il estime être une tendance à sous-traiter des tâches effectuées par des employés syndiqués de TVA à des filiales non syndiquées de Québecor. «C’est un combat qu’il va falloir mener. […] On perd l’équivalent de 100 postes permanents aux trois ou quatre ans », déplore M. Hamelin.
Le Syndicat des employés(e)s de TVA représente quelque 800 employés, incluant le personnel administratif, les journalistes, les correspondants parlementaires et les chefs d’antenne.
M. Hamelin indique que les parties syndicale et patronale se réuniront mercredi après-midi en présence d’une médiatrice pour tenter de relancer les négociations.
Une équipe B en place
De son côté, la direction de TVA assure que la soirée électorale sera bel et bien présentée sur ses ondes. « Tout a été mis en place » pour assurer la diffusion des émissions prévues cet automne, dont la soirée électorale, a indiqué par écrit Véronique Mercier, vice-présidente aux communications pour le Groupe TVA.
Dans un courriel transmis au Devoir, Mme Mercier confirme que la direction de TVA se «prépare» à un éventuel conflit de travail. « Le recrutement de personnel de remplacement va bon train», indique-t-elle. «Nous avons d’ailleurs commencé les formations des équipes de remplacement depuis déjà plusieurs semaines», poursuit Mme Mercier.
Ces employés seraient formés juste à côté des bureaux d’employés syndiqués, rapporte Marc-André Hamelin, qui s’inquiète d’une détérioration du climat de travail. « Il y a des regards qui se lancent et des paroles qui s’échangent », mentionne-t-il.
L’utilisation d’employés de remplacement, également appelés scabs, n’est pas proscrite par la loi fédérale, sous laquelle évolue le milieu des télécommunications.
Par ailleurs, la direction de TVA rejette les accusations liées à la soustraitance. « Le syndicat fait de la désinformation », soutient Mme Mercier, précisant que des « dispositions sont prévues à la convention collective (pour protéger) les employés contre la sous-traitance ».
Une première convention unifiée
Les négociations sont également complexes chez Radio-Canada, où la menace d’une grève pendant la campagne électorale est également brandie. Le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) et la direction de Radio-Canada planchent depuis février 2016 sur la rédaction d’une pre- mière convention collective unifiée, qui réunit trois anciennes unités syndicales du diffuseur public.
Johanne Hémond, présidente du SCRC, confirme que les syndiqués pourraient être appelés à se prononcer sur un mandat de grève le 22 septembre si aucune entente n’est conclue d’ici là.
Des négociations intensives ont été lancées la semaine dernière en présence d’une médiatrice.
« On mène des négociations pour arriver à une entente de principe, pas pour faire la grève, mentionne Mme Hémond. Mais ça peut être un moyen pour mettre de la pression. »
Le SCRC, qui compte plus de 3000 membres, représente notamment les techniciens, les journalistes et les chefs d’antenne.
Par la voix de son directeur des relations publiques, Marc Pichette, la direction de Radio-Canada dit se « préparer à faire face à toute éventualité », tout en saluant le climat « constructif » à la table de négociation. Mais « à ce stade-ci, rien n’indique » que la soirée électorale pourrait être compromise, mentionne M. Pichette.
Franchira ou franchira pas ?
Si des conflits de travail étaient déclenchés, les chefs continueraient-ils à donner des entrevues aux médias concernés ?
Le chef péquiste, Jean-François Lisée, a déclaré lundi qu’il franchirait une ligne de piquetage si celle-ci était « informative ». Il a toutefois refusé de dire s’il respectera ou non une ligne de blocage.