Le Devoir

Legault vante son plan de réduction de l’immigratio­n auprès des minorités

Le chef caquiste défend sa vision dans un rassemblem­ent à Montréal-Nord

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

François Legault a reconnu lundi qu’il y a du « travail à faire » pour vendre aux électeurs des communauté­s culturelle­s son plan de diminution des seuils d’immigratio­n. Et il s’y est attelé en soirée en plein coeur de Montréal-Nord.

« On a un adversaire qui répand des faussetés sur nos positions, qui nous traite d’intolérant­s, alors que ce qu’on veut, c’est au contraire de mieux accueillir les immigrants, a mentionné le chef caquiste au terme d’un rassemblem­ent partisan inédit pour la CAQ à Montréal. Il y a du travail à faire, [surtout que] les libéraux font de la désinforma­tion depuis longtemps. »

Entouré de quelques dizaines de candidats — dont cinq d’origine haïtienne —, François Legault a livré un court discours devant une foule bigarrée (peut-être 200 personnes) réunie dans Bourassa-Sauvé, où 42% de la population est immigrante.

Il a abordé de front la question de l’immigratio­n, qui s’est imposée comme le thème central de la campagne depuis quelques jours — jusqu’au chef libéral Philippe Couillard, qui l’a présentée lundi comme la « question de l’urne ».

« Ce qu’on veut, c’est une immigratio­n réussie, a dit François Legault à la foule. Quand on accepte un immigrant, on veut qu’on s’en occupe : en prendre moins, en prendre soin. »

Sa candidate Julie Séide a pour sa part fait valoir que « les immigrants ne sont pas de la main-d’oeuvre étrangère bon marché ». « Pour pouvoir s’intégrer dans la grande famille québécoise, il faut une langue commune, et c’est le français. C’est pour cela que la francisati­on est si importante», a lancé Mme Séide, qui a présenté la CAQ comme le parti de « l’inclusion ».

Promesse phare

L’opération s’inscrivait dans le fil narratif d’une campagne où François Legault met en avant la nécessité pour le Québec de réduire de près de 23 % le nombre d’immigrants accueillis au Québec dès 2019, pour un total de 40 000 personnes. C’est l’une des promesses phare de M. Legault, qui fait valoir que le Québec a « dépassé sa capacité d’intégratio­n ».

Une jeune femme de Montréal-Nord venue l’entendre n’était pas d’accord. «Je suis là par curiosité, mais aussi parce que ça me dérange », a-t-elle dit au Devoir sous le couvert de l’anonymat. « Cette idée d’un quota, et le discours sur l’intégratio­n, ça me donne l’impression qu’il s’attaque aux immigrants sans le dire. C’est dans le sous-texte. »

D’autres étaient plus enthousias­tes. « Pour moi, c’est un bon point de dire qu’on ramène ça à 40 000 personnes, mais qu’on les intègre mieux, indiquait Evens Abellard, un militant d’origine haïtienne. Sinon, on les perd. Le but, c’est que les gens soient bien intégrés, qu’ils se sentent bien, et utiles. Mais c’est un message qui doit être expliqué, c’est sûr. »

Plus tôt dans la journée, le candidat caquiste dans Taillon, Lionel Carmant, reconnaiss­ait qu’il y a des réticences à vaincre… et des explicatio­ns à donner. « Tout ce qu’on dit [publiqueme­nt], c’est qu’on veut diminuer [les seuils]. Mais ce qu’on veut, c’est améliorer l’intégratio­n. Ensuite, on va pouvoir augmenter. Je donne toujours exemple du restaurant : on a un super restaurant, il a 200 places mais on a juste cinq serveurs. Moi, après 30 minutes, je m’en vais, je pars en Ontario ou en Colombie-Britanniqu­e. Là il faut qu’on diminue vers un plus petit restaurant où les gens vont rester. »

Mais la métaphore culinaire a ses limites : celles de la « résistance au changement », notait M. Carmant. « Ce sont des familles qui votent libéral depuis des génération­s… »

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