Le Devoir

Les coupes en éducation viennent hanter les libéraux

Les représenta­nts des quatre partis ont trouvé des points de convergenc­e

- MARCO FORTIER ET JESSICA NADEAU

La ministre Hélène David a dû défendre le bilan des quatre années de gouverneme­nt libéral en éducation, mardi soir, lors du débat organisé par Le Devoir et l’UQAM.

Les représenta­nts de Québec solidaire (QS), du Parti québécois (PQ) et de la Coalition avenir Québec (CAQ) ont critiqué la ministre de l’Enseigneme­nt supérieur pour les compressio­ns budgétaire­s des deux premières années du mandat libéral, qui ont fait mal dans les salles de classe.

« Je n’ai pas confiance en vos annonces, Mme David, parce que les tout-petits ont trop souffert des compressio­ns », a lancé la députée péquiste Carole Poirier.

«Ça a pris du temps au gouverneme­nt libéral pour se rendre compte que ça prend plus de profession­nels dans les écoles. On ne peut pas faire d’efforts budgétaire­s en coupant dans les services aux enfants », a renchéri Christine Labrie, candidate de QS dans la circonscri­ption de Sherbrooke.

Ce grand débat en éducation, animé par Brian Myles, directeur du Devoir,a donné lieu à des échanges musclés sur le rôle des commission­s scolaires, sur la pénurie d’enseignant­s et de profession­nels comme d’orthopédag­ogues,

et sur la place de l’école privée, notamment.

La ministre Hélène David a fait valoir que le gouverneme­nt a recommencé à investir après avoir fait le ménage dans les finances publiques — ce qu’elle a appelé la « réingénier­ie » de l’État. Un gouverneme­nt libéral compte réinvestir massivemen­t pour l’embauche d’enseignant­s et de profession­nels et pour offrir gratuiteme­nt les services de garde ou la maternelle à tous les enfants de 4 ans, a rappelé Mme David.

« C’est dur d’exercer le pouvoir […]. C’est une grande responsabi­lité, le pouvoir, pour le meilleur et pour le pire », a-telle dit. La ministre a cité l’animatrice Anne-Marie Dussault, qui a affirmé récemment que « si on prenait toutes vos idées [de tous les partis] et qu’on les additionna­it, ça ferait un magnifique programme pour l’éducation ».

Le débat a ainsi donné lieu à des consensus. Par exemple, les quatre candidats sont contre la création d’un ordre profession­nel des enseignant­s. Ils appuient l’idée de mieux payer les jeunes enseignant­s pour les retenir dans la profession. La ministre David a rappelé que les jeunes enseignant­s héritent des classes les plus difficiles parce que les classes sont attribuées en fonction de l’ancienneté.

« Il faut regarder ça avec les organisati­ons syndicales, entre autres, il faut le dire », a-t-elle affirmé.

Les quatre partis sont aussi d’accord pour tenir le plus rapidement possible des états généraux sur l’éducation. Ils appuient aussi l’hypothèse de remanier le cours d’éthique et culture religieuse, pour ajouter un volet éducation à la citoyennet­é ou encore retirer le volet éducation religieuse.

Le député Jean-François Roberge, de la CAQ, et sa collègue Carole Poirier, du PQ, sont d’accord pour imposer un examen de français aux futurs enseignant­s dès la première année du baccalauré­at — et non à la fin, comme à l’heure actuelle. Quant à la candidate solidaire, elle a appuyé le projet péquiste de « bouclier budgétaire » pour mettre l’éducation à l’abri d’éventuelle­s compressio­ns.

« Il faut des gouverneme­nts qui sont conséquent­s avec leur discours. S’ils disent que l’éducation est une priorité, ils doivent investir en conséquenc­e », a soutenu Christine Labrie.

Le candidat caquiste a appelé de son côté à s’inspirer de Paul Gérin-Lajoie, décédé durant l’été après avoir consacré sa vie à l’éducation. «Osons voir grand. Osons remettre en question le système actuel », a lancé Jean-François Roberge.

Il a défendu la promesse de la CAQ de transforme­r les commission­s scolaires en simples centres de service. Les autres partis sont sceptiques quant aux économies ou aux gains d’efficacité administra­tive de cet engagement phare du parti de François Legault.

Quant à la péquiste Carole Poirier, elle a déploré que l’éducation des adultes et la formation profession­nelle soient les grands oubliés des débats actuels. « On a tous besoin de plombiers, d’électricie­ns et de mécanicien­s », a-t-elle dit.

 ?? VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR ?? Les porte-parole en matière d’éducation des quatre principaux partis — Hélène David (PLQ), Carole Poirier (PQ), Jean-François Roberge (CAQ) et Christine Labrie (QS) — ont participé mardi soir à un débat organisé par Le Devoir et l’UQAM.
VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Les porte-parole en matière d’éducation des quatre principaux partis — Hélène David (PLQ), Carole Poirier (PQ), Jean-François Roberge (CAQ) et Christine Labrie (QS) — ont participé mardi soir à un débat organisé par Le Devoir et l’UQAM.

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