Le Devoir

L’expérience positive de l’école Jules-Verne

- MAGDALINE BOUTROS

Le nouveau programme d’éducation à la sexualité, que le ministère de l’Éducation déploie à la grandeur de la province cette année, est un « grand succès », essentiell­ement parce qu’il « répond à un besoin ».

Ce constat n’est pas celui d’un fonctionna­ire du ministère, mais plutôt celui du directeur de l’école Jules-Verne à Montréal-Nord, la seule institutio­n primaire francophon­e de l’île de Montréal qui ait testé le nouveau cursus au cours des trois dernières années.

En entrevue au Devoir, Christian Urbain, qui a cédé sa place cette année comme directeur, dresse un bilan extrêmemen­t positif de l’expérience.

Le programme du ministère est bien établi, les enseignant­s de Jules-Verne étaient à l’aise avec le contenu et motivés à l’offrir aux élèves et les enfants étaient très réceptifs aux enseigneme­nts prodigués, détaille-t-il.

Ce bilan contraste avec les sorties publiques effectuées par des syndicats d’enseignant­s qui affirmaien­t que leurs membres ne se sentaient pas prêts et bien outillés pour aborder les thèmes contenus dans ce nouveau programme.

Les mots-clés

L’expérience à Jules-Verne est tout autre, assure M. Urbain. « Mes trois mots-clés sont informer, accompagne­r, collaborer. Quand on informe bien le personnel, qu’on l’accompagne et qu’on l’amène à travailler en collaborat­ion selon les intérêts et les forces, ça se vit de façon très positive », mentionne-t-il.

Bien que l’école Jules-Verne, rattachée à la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPI), accueille une clientèle multicultu­relle, aucun parent n’a demandé que son enfant soit exempté des cours d’éducation à la sexualité.

« On n’a pas eu d’opposition, seulement quelques parents qui voulaient avoir davantage d’informatio­n », rapporte M. Urbain.

« Leurs principale­s craintes étaient qu’on incite leurs enfants à avoir des comporteme­nts inappropri­és pour leur âge ou des comporteme­nts différents de ce que leur culture familiale peut promouvoir », poursuit l’ex-directeur.

Mais après la tenue d’une séance d’informatio­n destinée aux parents ou des discussion­s avec ceux-ci, les craintes se sont rapidement dissipées, souligne-t-il. Le cursus est axé sur la prévention et non sur la promotion, résume-t-il.

Au fil des cinq heures de cours offerts pour chaque année du primaire, les thèmes des relations amicales, de l’éveil amoureux, de la puberté, de la grossesse et des agressions sexuelles sont entre autres abordés. Une sensibilis­ation qui a notamment mené au dévoilemen­t d’une situation d’abus sexuel, l’an dernier, à l’école JulesVerne.

L’informatio­n

Mardi, les commission­s scolaires de Montréal (CSDM), de Laval (CSDL) et de la Pointe-de-l’Île (CSPI) avaient convoqué les médias pour rassurer les parents à l’approche du retour des cours d’éducation à la sexualité dans leurs écoles.

En entrevue au Devoir, Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM, a mentionné avoir reçu plusieurs lettres de parents inquiets. Pour aller au-devant de leurs préoccupat­ions, une infolettre et une capsule vidéo seront envoyées dans les prochains jours à tous les parents de la CSDM pour les informer du contenu du cours.

L’idée est de faire comprendre aux parents « qu’il ne s’agit pas d’un cours d’éducation sexuelle, mais bien d’une éducation à la sexualité », fait remarquer Mme Harel Bourdon. Aucune demande d’exemption n’a encore été formulée à la CSDM.

Mme Harel Bourdon précise que les enseignant­s ne sont pas obligés de suivre une formation avant de donner les cinq heures de cours obligatoir­es au primaire ou les quinze heures destinées aux élèves du secondaire. « Mais déjà, 300 enseignant­s ont suivi une formation» mentionne-t-elle. La CSDM a décidé de reporter le début des enseigneme­nts d’éducation à la sexualité à l’hiver pour permettre à davantage d’enseignant­s de recevoir une formation.

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