L’expérience positive de l’école Jules-Verne
Le nouveau programme d’éducation à la sexualité, que le ministère de l’Éducation déploie à la grandeur de la province cette année, est un « grand succès », essentiellement parce qu’il « répond à un besoin ».
Ce constat n’est pas celui d’un fonctionnaire du ministère, mais plutôt celui du directeur de l’école Jules-Verne à Montréal-Nord, la seule institution primaire francophone de l’île de Montréal qui ait testé le nouveau cursus au cours des trois dernières années.
En entrevue au Devoir, Christian Urbain, qui a cédé sa place cette année comme directeur, dresse un bilan extrêmement positif de l’expérience.
Le programme du ministère est bien établi, les enseignants de Jules-Verne étaient à l’aise avec le contenu et motivés à l’offrir aux élèves et les enfants étaient très réceptifs aux enseignements prodigués, détaille-t-il.
Ce bilan contraste avec les sorties publiques effectuées par des syndicats d’enseignants qui affirmaient que leurs membres ne se sentaient pas prêts et bien outillés pour aborder les thèmes contenus dans ce nouveau programme.
Les mots-clés
L’expérience à Jules-Verne est tout autre, assure M. Urbain. « Mes trois mots-clés sont informer, accompagner, collaborer. Quand on informe bien le personnel, qu’on l’accompagne et qu’on l’amène à travailler en collaboration selon les intérêts et les forces, ça se vit de façon très positive », mentionne-t-il.
Bien que l’école Jules-Verne, rattachée à la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPI), accueille une clientèle multiculturelle, aucun parent n’a demandé que son enfant soit exempté des cours d’éducation à la sexualité.
« On n’a pas eu d’opposition, seulement quelques parents qui voulaient avoir davantage d’information », rapporte M. Urbain.
« Leurs principales craintes étaient qu’on incite leurs enfants à avoir des comportements inappropriés pour leur âge ou des comportements différents de ce que leur culture familiale peut promouvoir », poursuit l’ex-directeur.
Mais après la tenue d’une séance d’information destinée aux parents ou des discussions avec ceux-ci, les craintes se sont rapidement dissipées, souligne-t-il. Le cursus est axé sur la prévention et non sur la promotion, résume-t-il.
Au fil des cinq heures de cours offerts pour chaque année du primaire, les thèmes des relations amicales, de l’éveil amoureux, de la puberté, de la grossesse et des agressions sexuelles sont entre autres abordés. Une sensibilisation qui a notamment mené au dévoilement d’une situation d’abus sexuel, l’an dernier, à l’école JulesVerne.
L’information
Mardi, les commissions scolaires de Montréal (CSDM), de Laval (CSDL) et de la Pointe-de-l’Île (CSPI) avaient convoqué les médias pour rassurer les parents à l’approche du retour des cours d’éducation à la sexualité dans leurs écoles.
En entrevue au Devoir, Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM, a mentionné avoir reçu plusieurs lettres de parents inquiets. Pour aller au-devant de leurs préoccupations, une infolettre et une capsule vidéo seront envoyées dans les prochains jours à tous les parents de la CSDM pour les informer du contenu du cours.
L’idée est de faire comprendre aux parents « qu’il ne s’agit pas d’un cours d’éducation sexuelle, mais bien d’une éducation à la sexualité », fait remarquer Mme Harel Bourdon. Aucune demande d’exemption n’a encore été formulée à la CSDM.
Mme Harel Bourdon précise que les enseignants ne sont pas obligés de suivre une formation avant de donner les cinq heures de cours obligatoires au primaire ou les quinze heures destinées aux élèves du secondaire. « Mais déjà, 300 enseignants ont suivi une formation» mentionne-t-elle. La CSDM a décidé de reporter le début des enseignements d’éducation à la sexualité à l’hiver pour permettre à davantage d’enseignants de recevoir une formation.