Le Devoir

Au programme aujourd’hui, s’ouvrir sur le monde

Quand l’école devient un haut lieu du développem­ent internatio­nal et de la paix

- ANDRÉ LAVOIE

Les valeurs prônées par l’Organisati­on des Nations unies (ONU) et ses nombreuses agences semblent pour plusieurs des utopies, mais au lendemain des atrocités de la Deuxième Guerre mondiale, l’humanité avait besoin de rêver, mais aussi de passer à l’action. En l’espace de quelques années, ce grand pari pour la paix et le développem­ent allait peu à peu s’installer dans les écoles du monde entier, une initiative de l’Organisati­on des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

Au Québec, 26 écoles de niveau primaire et secondaire, 13 du secteur public et 13 du secteur privé, ont intégré le Réseau des écoles associées de l’UNESCO depuis son implantati­on au Canada en 2001. Un peu à la traîne, il a finalement rejoint un vaste mouvement qui a pris naissance en 1953 et s’étend maintenant dans 11 000 établissem­ents scolaires de 180 pays.

Une tradition québécoise

Mais que retirent les milliers d’élèves d’ici et d’ailleurs à revendique­r leur appartenan­ce au Réseau des écoles associées de l’UNESCO? Pour Éric Laroche, coordonnat­eur au Secrétaria­t du Réseau et conseiller pour les établissem­ents verts Brundtland, «toutes les écoles du Québec pourraient en faire partie». Car chacune à leur façon, «elles font la promotion de la diversité culturelle, du respect des gens, du développem­ent durable et de la démocratie», ce qui «constitue les principaux axes d’interventi­on de l’UNESCO».

De plus, ce n’est pas d’hier que le Québec se tourne vers le reste du monde, ne serait-ce que par le nombre de missionnai­res catholique­s qui ont oeuvré un peu partout à l’étranger. Une évidence pour Éric Laroche. «Plusieurs des écoles du Réseau avaient déjà des antennes internatio­nales parce qu’elles appartenai­ent ou appartienn­ent toujours à des communauté­s religieuse­s, tandis que d’autres s’impliquent depuis longtemps avec des organisati­ons comme Oxfam-Québec ou Amnistie internatio­nale.» Pour ces établissem­ents scolaires, agir localement et penser globalemen­t, cela relève de l’évidence. « Avant même de poser notre candidatur­e en 2014 pour faire partie du Réseau, nous étions un peu une école UNESCO», affirme Fanny Champagne, professeur­e d’arts plastiques au collège Saint-Paul, à Varennes, sur la Rive-Sud de Montréal. Voyages humanitair­es au Nicaragua et au Guatemala, initiative­s de compostage dans les cours de sciences, engagement bénévole auprès des itinérants, des adolescent­s en centres jeunesse et des personnes âgées, les projets ne manquent pas dans cette institutio­n secondaire privée, projets qui mobilisent une grande partie de la communauté étudiante, les enseignant­s et tout le personnel.

L’UNESCO, qu’ossa donne ?

Comme beaucoup de citoyens engagés, Fanny Champagne connaissai­t la mission générale de l’UNESCO, mais ignorait que l’organisati­on «offrait des programmes spécifique­s et adaptés au milieu scolaire». Mais si une école est déjà ouverte sur le monde et prône des valeurs universell­es telles que la paix et le respect de l’environnem­ent, en quoi la présence de l’UNESCO change-t-elle quelque chose à la dynamique d’un établissem­ent scolaire ?

Beaucoup de choses, selon Éric Laroche. «Faire partie de ce réseau internatio­nal, c’est prestigieu­x, et offre la possibilit­é d’accéder à beaucoup d’outils, à beaucoup d’informatio­n pour aller encore plus loin dans les démarches citoyennes des jeunes. On ne se le cachera pas: un élève dans une école qui s’intéresse à l’engagement citoyen est souvent perçu comme un extraterre­stre, jamais aussi cool que le sportif récoltant plein de trophées. La caution de l’UNESCO, c’est une forme de reconnaiss­ance importante, et de grandes possibilit­és d’interactio­ns — à l’intérieur de l’école, dans la communauté environnan­te, mais aussi à l’étranger. »

Mais encore faut-il qu’ils sachent ce que font l’ONU et l’UNESCO. À l’heure où certains chefs d’État de nations puissantes remettent en question leur utilité, quand ils ne les dénigrent pas de la plus vulgaire façon, qu’en est-il des élèves du secondaire? «C’est une bonne question, reconnaît Fanny Champagne. Au moment de poser notre candidatur­e, le défi a été de faire en sorte que les élèves de tous les niveaux comprennen­t ce qu’est l’UNESCO, et pas seulement ceux en troisième secondaire, qui abordent la question de l’ONU dans leurs cours d’histoire. La plupart des élèves sont en mesure de comprendre, dont l’idée qu’il est possible de changer le monde par une foule de petits gestes, et que l’on peut avoir une influence en faisant partie d’un réseau.»

Les jeunes sont d’ailleurs la clé essentiell­e pour assurer la pérennité de cette initiative. «Le personnel de l’école est important, assure Éric Laroche, mais ça prend les jeunes à leurs côtés pour faire croître les projets et les amener à s’avancer vers d’autres pistes.» De ces actions naissent beaucoup de choses, dont un grand sentiment d’appartenan­ce. «Si on veut éviter qu’une école soit vandalisée, la meilleure chose à faire est de s’assurer que tous en sont fiers, continue M. Laroche. Quand les jeunes prennent eux-mêmes soin de leur exposition ou de leur jardin communauta­ire, leur école reste belle et agréable.»

Un effet que constate aussi Fanny Champagne au collège Saint-Paul. «Les élèves s’intègrent à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes. Être associé à l’UNESCO, c’est flatteur, c’est inspirant, même si notre action est très modeste par rapport à tout ce que peut faire l’ONU. Aider quelqu’un, ici ou à l’étranger, c’est dépasser sa petite personne. Et UNESCO ou pas, chaque école a pour mission de former des gens ouverts sur le monde, qui ont le goût d’être solidaires pour l’humanité tout entière. Et ça commence chez soi.»

« Les élèves s’intègrent à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes »

 ?? SECRÉTARIA­T DU RÉSEAU DES ÉCOLES ASSOCIÉES DE L'UNESCO DU QUÉBEC ?? Dernier colloque des jeunes du Réseau des écoles associées de l’UNESCO. Au Québec, 26 écoles de niveau primaire et secondaire, 13 du secteur public et 13 du secteur privé, l’ont intégré depuis son implantati­on au Canada en 2001.
SECRÉTARIA­T DU RÉSEAU DES ÉCOLES ASSOCIÉES DE L'UNESCO DU QUÉBEC Dernier colloque des jeunes du Réseau des écoles associées de l’UNESCO. Au Québec, 26 écoles de niveau primaire et secondaire, 13 du secteur public et 13 du secteur privé, l’ont intégré depuis son implantati­on au Canada en 2001.

Newspapers in French

Newspapers from Canada