Au programme aujourd’hui, s’ouvrir sur le monde
Quand l’école devient un haut lieu du développement international et de la paix
Les valeurs prônées par l’Organisation des Nations unies (ONU) et ses nombreuses agences semblent pour plusieurs des utopies, mais au lendemain des atrocités de la Deuxième Guerre mondiale, l’humanité avait besoin de rêver, mais aussi de passer à l’action. En l’espace de quelques années, ce grand pari pour la paix et le développement allait peu à peu s’installer dans les écoles du monde entier, une initiative de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Au Québec, 26 écoles de niveau primaire et secondaire, 13 du secteur public et 13 du secteur privé, ont intégré le Réseau des écoles associées de l’UNESCO depuis son implantation au Canada en 2001. Un peu à la traîne, il a finalement rejoint un vaste mouvement qui a pris naissance en 1953 et s’étend maintenant dans 11 000 établissements scolaires de 180 pays.
Une tradition québécoise
Mais que retirent les milliers d’élèves d’ici et d’ailleurs à revendiquer leur appartenance au Réseau des écoles associées de l’UNESCO? Pour Éric Laroche, coordonnateur au Secrétariat du Réseau et conseiller pour les établissements verts Brundtland, «toutes les écoles du Québec pourraient en faire partie». Car chacune à leur façon, «elles font la promotion de la diversité culturelle, du respect des gens, du développement durable et de la démocratie», ce qui «constitue les principaux axes d’intervention de l’UNESCO».
De plus, ce n’est pas d’hier que le Québec se tourne vers le reste du monde, ne serait-ce que par le nombre de missionnaires catholiques qui ont oeuvré un peu partout à l’étranger. Une évidence pour Éric Laroche. «Plusieurs des écoles du Réseau avaient déjà des antennes internationales parce qu’elles appartenaient ou appartiennent toujours à des communautés religieuses, tandis que d’autres s’impliquent depuis longtemps avec des organisations comme Oxfam-Québec ou Amnistie internationale.» Pour ces établissements scolaires, agir localement et penser globalement, cela relève de l’évidence. « Avant même de poser notre candidature en 2014 pour faire partie du Réseau, nous étions un peu une école UNESCO», affirme Fanny Champagne, professeure d’arts plastiques au collège Saint-Paul, à Varennes, sur la Rive-Sud de Montréal. Voyages humanitaires au Nicaragua et au Guatemala, initiatives de compostage dans les cours de sciences, engagement bénévole auprès des itinérants, des adolescents en centres jeunesse et des personnes âgées, les projets ne manquent pas dans cette institution secondaire privée, projets qui mobilisent une grande partie de la communauté étudiante, les enseignants et tout le personnel.
L’UNESCO, qu’ossa donne ?
Comme beaucoup de citoyens engagés, Fanny Champagne connaissait la mission générale de l’UNESCO, mais ignorait que l’organisation «offrait des programmes spécifiques et adaptés au milieu scolaire». Mais si une école est déjà ouverte sur le monde et prône des valeurs universelles telles que la paix et le respect de l’environnement, en quoi la présence de l’UNESCO change-t-elle quelque chose à la dynamique d’un établissement scolaire ?
Beaucoup de choses, selon Éric Laroche. «Faire partie de ce réseau international, c’est prestigieux, et offre la possibilité d’accéder à beaucoup d’outils, à beaucoup d’information pour aller encore plus loin dans les démarches citoyennes des jeunes. On ne se le cachera pas: un élève dans une école qui s’intéresse à l’engagement citoyen est souvent perçu comme un extraterrestre, jamais aussi cool que le sportif récoltant plein de trophées. La caution de l’UNESCO, c’est une forme de reconnaissance importante, et de grandes possibilités d’interactions — à l’intérieur de l’école, dans la communauté environnante, mais aussi à l’étranger. »
Mais encore faut-il qu’ils sachent ce que font l’ONU et l’UNESCO. À l’heure où certains chefs d’État de nations puissantes remettent en question leur utilité, quand ils ne les dénigrent pas de la plus vulgaire façon, qu’en est-il des élèves du secondaire? «C’est une bonne question, reconnaît Fanny Champagne. Au moment de poser notre candidature, le défi a été de faire en sorte que les élèves de tous les niveaux comprennent ce qu’est l’UNESCO, et pas seulement ceux en troisième secondaire, qui abordent la question de l’ONU dans leurs cours d’histoire. La plupart des élèves sont en mesure de comprendre, dont l’idée qu’il est possible de changer le monde par une foule de petits gestes, et que l’on peut avoir une influence en faisant partie d’un réseau.»
Les jeunes sont d’ailleurs la clé essentielle pour assurer la pérennité de cette initiative. «Le personnel de l’école est important, assure Éric Laroche, mais ça prend les jeunes à leurs côtés pour faire croître les projets et les amener à s’avancer vers d’autres pistes.» De ces actions naissent beaucoup de choses, dont un grand sentiment d’appartenance. «Si on veut éviter qu’une école soit vandalisée, la meilleure chose à faire est de s’assurer que tous en sont fiers, continue M. Laroche. Quand les jeunes prennent eux-mêmes soin de leur exposition ou de leur jardin communautaire, leur école reste belle et agréable.»
Un effet que constate aussi Fanny Champagne au collège Saint-Paul. «Les élèves s’intègrent à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes. Être associé à l’UNESCO, c’est flatteur, c’est inspirant, même si notre action est très modeste par rapport à tout ce que peut faire l’ONU. Aider quelqu’un, ici ou à l’étranger, c’est dépasser sa petite personne. Et UNESCO ou pas, chaque école a pour mission de former des gens ouverts sur le monde, qui ont le goût d’être solidaires pour l’humanité tout entière. Et ça commence chez soi.»
« Les élèves s’intègrent à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes »