Le Devoir

La souveraine­té est la raison d’être de l’État

-

La présente campagne électorale ne semble pas soulever un enthousias­me fou chez les électeurs, comme si nous assistions à une espèce de grosse élection municipale, à une surenchère de promesses plus ou moins triviales, dignes des enjeux qui concernent le quotidien des gens dans un milieu donné, à un certain endroit, ce que l’on nomme habituelle­ment « la scène locale ». Des lunchs peu chers, des billets d’autobus ou des permis de pêche gratuits, 300 $ par-ci, parlà. Navrant.

La nation a pour objet l’État, dont la raison d’être est la souveraine­té. À vouloir évacuer la souveraine­té, on ramène l’État aux dimensions d’un gros village. Que fait Justin Trudeau lorsqu’il négocie les accords de l’ALENA, que fait Theresa May lorsqu’elle négocie le « Brexit », ou Emmanuel Macron lorsqu’il tente de recadrer la France dans l’Europe ? Tous sont dans l’exercice de la souveraine­té.

Ici, on entend le dernier commentate­ur patenté déclarer : « Moi, je ne suis pas souveraini­ste. » Ah bon ! Mais, en attendant il faudrait tout de même décider ce qu’on fera, comment on le fera et qui décidera lorsque des entreprise­s étrangères voudront acquérir Bombardier et pourquoi pas Hydro-Québec, ou lorsque d’autres réclameron­t l’accès à nos lacs et rivières pour forer des puits de pétrole.

Pendant que l’on s’éloigne de la raison d’être de l’État, nos politicien­s prétendent faire de « l’économie », alors que c’est la stricte prérogativ­e des entreprise­s. Non pas que la création de la richesse ne doive pas être la priorité de la politique, puisque la création de la richesse passe prioritair­ement par la lutte contre la pauvreté, l’éducation nationale et le maintien d’une population en santé, mais constatons que négocier avec Netflix ou Uber, c’est ramener l’État aux situations du tiers monde. Quant aux 300 $ par-ci, par-là, c’est du clientélis­me pour consommate­ur. Robert Filion, expert-conseil auprès d’organisati­ons publiques et privées. Il fut conseiller dans les gouverneme­nts de René Lévesque de 1977 à 1984. Saint-François-de-l’Île-d’Orléans, le 13 septembre 2018

Newspapers in French

Newspapers from Canada