Le Devoir

Nécessaire unité

- MANON CORNELLIER

Le bon sens aura finalement prévalu, tant chez les députés bloquistes dissidents que chez les anciens fidèles de la chef sortante, Martine Ouellet. Le départ de cette dernière n’avait pas suffi à rebâtir les ponts, car il restait à arrimer des interpréta­tions différente­s de la mission fondamenta­le du Bloc québécois. Les deux camps disent avoir trouvé un terrain d’entente. La défense des intérêts du Québec et la promotion de l’indépendan­ce ne se feront plus concurrenc­e, elles seront poursuivie­s de front, comme cela fut le cas sous Lucien Bouchard, Michel Gauthier, Gilles Duceppe et Daniel Paillé.

Ce retour aux sources a exigé des compromis des deux groupes. Chacun a mis de l’eau dans son vin, a reconnu le chef intérimair­e, Mario Beaulieu, lundi. Il a cédé la présidence à un homme plus rassembleu­r, un chef permanent sera élu en mars, la compositio­n du bureau national reflète la diversité des points de vue et les deux factions se partagent les postes de direction de l’équipe parlementa­ire.

Les discussion­s se sont poursuivie­s tout l’été, non sans raison. Les militants restés au bercail et ceux qui y sont revenus pour aider le parti à sortir de la crise exigeaient qu’on mette fin à la zizanie.

Père fondateur du Bloc et homme de terrain, le député Louis Plamondon a admis qu’il ne pouvait aller au-devant de ses électeurs sans se faire répéter ce message clair de la base. Un message qui n’a rien d’étonnant. Les militants ont vécu les effets de la division des forces souveraini­stes sur la scène québécoise et en voient les retombées durant les élections en cours. Ils savent qu’une répétition de ce scénario à Ottawa risquait d’y étouffer leur voix.

À long terme, c’est toute la démarche indépendan­tiste, advenant un vote pour l’indépendan­ce, qui en aurait souffert. L’expérience du référendum de 1995 a démontré l’importance d’avoir des alliés à Ottawa et pas seulement des adversaire­s.

À court et moyen terme, l’affaibliss­ement du front souveraini­ste à Ottawa se serait aussi traduit par un déficit démocratiq­ue en privant les Québécois indépendan­tistes d’un choix conforme à leurs conviction­s et en berçant d’illusions bien des fédéralist­es qui rêvent de voir le projet indépendan­tiste mort et enterré.

Si la présence du Parti vert est nécessaire pour braquer les projecteur­s sur les enjeux environnem­entaux, celle du Bloc l’est tout autant pour rappeler au reste du Canada la persistanc­e de l’option souveraini­ste et la ferme volonté des Québécois de faire valoir leurs intérêts.

Le Bloc québécois demeure utile et nécessaire. Il est heureux qu’il ait retrouvé son unité. Espérons que ça durera.

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