Le Devoir

L’accusatric­e de Brett Kavanaugh est prête à témoigner |

Le candidat à la Cour suprême et la femme qui l’accuse d’agression sexuelle seront auditionné­s en public lundi prochain

- CHARLOTTE PLANTIVE JÉRÔME CARTILLIER AGENCE FRANCE-PRESSE À WASHINGTON

Le président américain, Donald Trump, s’est montré confiant lundi quant à la confirmati­on de son candidat à la Cour suprême, bien que le processus bute sur des accusation­s d’agression sexuelle contre ce dernier remontant aux années 1980.

Le juge Brett Kavanaugh, 53 ans, et son accusatric­e seront auditionné­s en public le 24 septembre, a annoncé la commission judiciaire du Sénat, qui devait initialeme­nt voter jeudi sur la candidatur­e du magistrat.

Il est important que « tout le monde » soit entendu et que le processus soit « parfait », avait déclaré un peu plus tôt Donald Trump, alors que la pression montait envers son candidat.

Même s’il y a un « petit retard », « je suis certain que cela va bien se passer », avait ajouté le milliardai­re républicai­n dans une interventi­on plutôt mesurée.

Jugeant « ridicule » l’hypothèse d’un retrait de la candidatur­e de son poulain, il avait couvert d’éloges ce « juge extraordin­aire, respecté par tous ».

Alors que tous les voyants étaient au vert pour que le juge Kavanaugh entre rapidement à la Cour suprême, il s’est retrouvé accusé d’avoir agressé sexuelleme­nt une connaissan­ce quand il était au secondaire, dans la proche banlieue de Washington, ce qu’il dément vivement.

Christine Blasey Ford, une professeur­e de psychologi­e âgée de 51 ans, a raconté

Le président américain juge « ridicule » l’hypothèse d’un retrait de la candidatur­e de son poulain

dimanche au Washington Post que, lors d’une soirée, Brett Kavanaugh et un ami, « complèteme­nt ivres », l’avaient coincée dans une chambre.

Le jeune Kavanaugh l’aurait maintenue de force sur un lit, avant de se livrer à des attoucheme­nts et d’essayer de la déshabille­r. Elle dit avoir pu se dégager de son étreinte et quitter la pièce.

Ces accusation­s sont «totalement fausses », a martelé à plusieurs reprises le juge Kavanaugh, qui a demandé à être entendu le plus vite possible pour laver son honneur.

La thématique des violences sexuelles est très délicate aux États-Unis, surtout depuis l’éclosion du mouvement #MeToo, qui a fait tomber des dizaines d’hommes de pouvoir en un an.

Combat démocrate

Depuis des semaines, les démocrates ont déployé toute leur énergie pour ralentir le processus de confirmati­on au Sénat, qui, selon la Constituti­on américaine, a le dernier mot sur les candidats désignés par le président.

Leur but ? Repousser le vote après les élections parlementa­ires de novembre, qui, espèrent-ils, pourraient faire perdre leur courte majorité sénatorial­e aux républicai­ns (51-49).

L’enjeu est de taille : la nomination à vie du magistrat conservate­ur placerait en effet les juges progressis­tes ou modérés en minorité pour de longues années à la Cour suprême, juridictio­n qui arbitre les questions fondamenta­les de société aux États-Unis (droit à l’avortement, armes à feu, droits des minorités…).

Après 36 ans de silence, la professeur­e de psychologi­e a décidé de parler en raison de cet enjeu. « J’estime désormais que mon devoir civique pèse plus lourd que mon angoisse et ma terreur face à des représaill­es », a expliqué l’enseignant­e, par ailleurs électrice démocrate.

Susan Collins, élue républicai­ne modérée dont la voix est cruciale pour la confirmati­on de Brett Kavanaugh, a estimé que l’enseignant­e comme le juge devraient témoigner sous serment.

Les dix sénateurs démocrates de la commission judiciaire ont eux demandé dans un courrier au président de leur commission que leurs travaux soient suspendus le temps que la police fédérale (FBI) mène une enquête «complète » et « profession­nelle ».

Cette affaire renvoie à la nomination d’un autre juge suprême, Clarence Thomas, qu’une ancienne collègue avait accusé de harcèlemen­t sexuel lors d’une audition devant la commission sénatorial­e en 1991.

Dénonçant une cabale raciste, le magistrat avait nié ces allégation­s et la commission avait choisi de le croire. Il est aujourd’hui le seul Noir à siéger à la Cour suprême.

Son ancienne accusatric­e, qui avait subi un interrogat­oire difficile devant les sénateurs, a dit espérer que le processus soit plus «juste» concernant Christine Blasey Ford.

«J’ai vécu ce qui se passe quand une procédure se retourne contre l’accusatric­e, et personne ne devrait vivre cela à nouveau. »

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BRENDAN SMIALOWSKI AGENCE FRANCE-PRESSE Le juge Kavanaugh nie les accusation­s dont il fait l’objet. Il martèle qu’elles sont « totalement fausses ».

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