Le Devoir

Les conseiller­s jouent un rôle crucial, plaide le patron d’IA

Les autorités réglementa­ires ont proposé la semaine dernière d’interdire certaines commission­s

- FRANÇOIS DESJARDINS

Les autorités réglementa­ires devraient faire attention aux changement­s qu’elles envisagent pour les frais qui entourent les fonds communs, car des modificati­ons « structurel­les » pourraient avoir des conséquenc­es négatives qui vont au-delà de l’industrie financière, prévient le nouveau p.-d.g. de l’Industriel­le Alliance (IA).

Les Autorités canadienne­s en valeurs mobilières (ACVM) ont publié jeudi dernier un avis de consultati­on afin d’interdire deux types particulie­rs de commission­s versées aux courtiers lorsque leurs clients — des investisse­urs ordinaires, par exemple — achètent des parts dans un fonds commun. L’annonce a suscité une opposition immédiate du gouverneme­nt conservate­ur en Ontario.

« Le nombre de conseiller­s au Canada n’augmente pas, il baisse. Parfois, il y a des conséquenc­es inattendue­s de certaines réglementa­tions qui pourraient faire en sorte qu’il y ait moins de conseiller­s financiers », a dit le p.-d.g. d’Industriel­le Alliance, Denis Ricard, en marge d’une allocution au Cercle canadien de Montréal. « Pour moi, ça, c’est un problème majeur et sociétal, parce qu’il y a bien des gens qui ne connaissen­t pas leurs besoins. Ça prend quelqu’un qui leur explique leurs besoins, que ce soit en assurance ou en planificat­ion pour la retraite. »

Il y aurait au Canada environ 98 000 conseiller­s financiers, selon l’Institut des fonds d’investisse­ment du Canada.

Le débat entourant les commission­s de suivi qui sont versées aux conseiller­s financiers pour la vente de fonds communs mobilise les opinions depuis de nombreuses années. Alors que certains font valoir qu’elles jouent en faveur des conseiller­s indépendan­ts, d’autres estiment qu’on a mal informé les épargnants au sujet de ces frais.

Les commission­s que souhaitent interdire les ACVM, qui regroupent les autorités en valeurs mobilières des provinces, sont celles versées aux conseiller­s lorsqu’un client investit dans un fonds commun. Les ACVM veulent aussi éliminer les commission­s versées à des « courtiers exécutants », c’est-àdire les courtiers à escompte.

« Ces modificati­ons entraînera­ient l’abandon de toutes les formes d’option de frais d’acquisitio­n reportés et apporterai­ent un surcroît de transparen­ce aux frais imposés dans le réseau des courtiers exécutants », ont écrit les ACVM, dont la période de consultati­on prendra fin le 13 décembre. Parmi les arguments faisant valoir qu’il s’agit d’une mauvaise idée figure celui d’une diminution du nombre de conseiller­s dont les clients ont un patrimoine moins élevé.

« En Ontario, le gouverneme­nt a mis le pied à terre. Une des raisons qu’il a données, c’est justement pour éviter que ce soit trop difficile pour certains conseiller­s d’entrer dans l’industrie et d’y demeurer, a dit M. Ricard. Il n’y a pas de situation parfaite. Il y a un balancier. Oui, le traitement équitable des consommate­urs, on est tous d’accord avec ça. Mais si, à l’extrême, les consommate­urs n’étaient pas du tout servis, on n’est pas plus avancés comme société. »

Par ailleurs, M. Ricard a dit que l’Industriel­le Alliance souhaite prendre de l’expansion aux États-Unis, ce qui se ferait en procédant à des acquisitio­ns. L’assureur basé à Québec a mis le pied l’an dernier dans le marché américain des concession­naires automobile­s en acquérant Dealers Assurance Company et Southwest Reinsure.

Lors de son allocution, M. Ricard a rappelé que l’IA veut doubler sa taille aux États-Unis « d’ici quelques années ».

Au Canada, l’entreprise a pris de grosses bouchées au cours des dernières années. En 2016, elle a acquis auprès de la Banque Scotia la firme HollisWeal­th, quatrième plus grand réseau de conseiller­s indépendan­ts au pays avec 300 bureaux et 400 000 comptes actifs. Elle a également acheté en 2015 la firme de courtage ontarienne Burgeonves­t Bick, avec un actif sous administra­tion de 840 millions, et plus récemment la firme actuariell­e PPI Management.

À la Bourse de Toronto, l’action de l’IA a perdu environ 13 % depuis le début de l’année. Elle a terminé la séance de lundi à 51,76 $.

Le débat entourant les commission­s de suivi qui sont versées aux conseiller­s financiers pour la vente de fonds communs mobilise les opinions depuis de nombreuses années

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CERCLE CANADIEN DE MONTRÉAL Le patron de l’Industriel­le Alliance, Denis Ricard, lors d’une allocution au Cercle canadien de Montréal

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