Le Devoir

L’ex-présidente Kirchner inculpée dans l’affaire des « Cahiers de la corruption »

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L’ex-présidente argentine Cristina Kirchner (2007-2015) a été inculpée lundi dans l’affaire des « Cahiers de la corruption », qui secoue le pays depuis des semaines, le juge allant jusqu’à demander son placement en détention, même si son immunité parlementa­ire la protège.

Le juge Claudio Bonadio, chargé du vaste scandale, la soupçonne d’avoir été la responsabl­e avec son mari, Nestor Kirchner, président de 2003 à 2007, d’un système de corruption dans lequel des chefs d’entreprise­s versaient des potsde-vin à des fonctionna­ires en échange de marchés publics.

Le placement en détention de l’ancienne présidente, protégée par son immunité parlementa­ire en tant que sénatrice, est toutefois improbable.

L’annonce de son inculpatio­n comme « chef d’une associatio­n illicite » intervient la veille d’une troisième convocatio­n de Mme Kirchner devant le juge Bonadio.

Le scandale des « Cahiers de la corruption » a éclaté le 1er août à la suite de la publicatio­n du contenu de cahiers dans lesquels le chauffeur du vice-ministre de la Planificat­ion, Roberto Baratta, notait minutieuse­ment les lieux et dates des remises de sacs d’argent à des membres du gouverneme­nt Kirchner par des chefs d’entreprise­s de travaux publics.

Le procureur Carlos Stornelli estime qu’au moins 160 millions de dollars de dessous-de-table ont été versés à des fonctionna­ires kirchnéris­tes entre 2005 et 2015. Des dizaines de fonctionna­ires et de chefs d’entreprise sont impliqués dans cette vaste affaire.

Selon l’acte d’accusation du juge Bonadio, diffusé lundi, « de 2003 à 2015, une collusion entre fonctionna­ires et chefs d’entreprise­s a fait fonctionne­r un système de distributi­on de pots-devin à des fonctionna­ires », dans lequel les chefs d’entreprise­s «prétendent avoir cédé aux pressions officielle­s ».

« Pour gagner un marché public, une entreprise ou un groupement d’entreprise­s devaient remettre [une somme d’argent liquide correspond­ant à] un pourcentag­e du montant total payé par l’État aux fonctionna­ires désignés par Nestor Kirchner et Cristina Kirchner », écrit le magistrat, que Mme Kirchner a tenté en vain de récuser.

Lors des deux premières comparutio­ns de Mme Kirchner devant le juge, celle-ci a refusé de répondre à ses questions, remettant à la place une déclaratio­n écrite, comme la loi l’y autorise.

«Je nie catégoriqu­ement avoir fait partie d’une associatio­n illicite, ou avoir commis un délit. L’enquête est délibéréme­nt dirigée contre moi, il n’y a pas la moindre preuve qui accrédite les délits qu’on m’attribue de manière calomnieus­e », a déclaré le 3 septembre l’exprésiden­te, aujourd’hui âgée de 65 ans.

Le procureur estime qu’au moins 160 millions de dollars de dessous-detable ont été versés à des fonctionna­ires kirchnéris­tes entre 2005 et 2015

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