Transat fait don de 500 000 $ au Devoir pour développer le reportage international
Le quotidien centenaire reçoit du Groupe Transat le plus important don de son histoire afin de lui permettre d’élargir sa couverture des événements étrangers, au cours des cinq prochaines années
Dans un geste philanthropique, l’entreprise touristique Transat a annoncé mardi un don au Devoir de 100 000 $ par année pendant cinq ans destiné au journalisme international. Son président et chef de la direction, Jean-Marc Eustache, a précisé que ce geste n’est animé par « aucun but commercial ».
Ces sommes substantielles serviront à couvrir les frais de production des reportages, comme les frais de transport, d’hébergement, des fixers qui aident les journalistes sur le terrain. C’est toutefois Le Devoir qui paiera les salaires des employés ou les cachets des collaborateurs.
« Pour moi, contribuer à un fonds qui permettra à des journalistes du Devoir de partir à l’étranger, c’est aider le Québécois à mieux comprendre les grands enjeux internationaux», a expliqué M. Eustache en conférence de presse.
La compagnie spécialisée dans le voyage offrira donc 500 000 $ sur cinq ans au Devoir, mais Jean-Marc Eustache assure que l’entreprise « n’aura aucune influence [sur] le choix ou le traitement des sujets », précisant que les journalistes n’auront pas à voyager sur les ailes de sa compagnie aérienne.
« J’ai envie d’ouvrir les pages de mon journal papier et d’y lire des articles rédigés par des journalistes d’ici qui expliquent ce qui se passe ailleurs et qui ont du sens avec notre réalité d’ici. »
Le montant est le plus grand don de l’histoire de la philanthropie au Devoir, a précisé le directeur du journal, Brian Myles. « Et ça va se faire dans les règles de l’art journalistique. Ce n’est pas de la publicité native, ce n’est pas de la commandite, c’est vraiment un don qu’on
Permettre à des journalistes de partir à l’étranger, c’est aider les Québécois à comprendre les enjeux internationaux
va administrer par l’intermédiaire de Marie-Andrée Chouinard, la rédactrice en chef du Devoir, et qu’on va utiliser en vertu de nos règles internes. On va le faire en suivant notre politique d’information. »
Le président du Syndicat de la rédaction du Devoir, Guillaume BourgaultCôté, s’est réjoui de « cette liberté éditoriale », et que « partant de là, le partenariat nous semble très porteur, autant pour les journalistes que pour les lecteurs et Le Devoir ».
M. Myles a estimé que de 70 à 100 articles internationaux pourraient être financés par ce nouveau Fonds pour le journalisme international Transat-Le
Devoir. Le contenu sera papier, mais aussi décliné « sur toutes les plateformes », a précisé le directeur.
Un deuxième fonds
C’est la deuxième initiative venant en aide au journalisme international qui voit le jour en moins de deux semaines. Le Fonds québécois en journalisme international (FQJI) a récemment été lancé à Montréal et accordera annuellement plus de 75 000 $ de bourses aux reporters québécois « pour la réalisation de reportages originaux à travers le monde ». Pour se financer, le FQJI a sollicité des dons auprès d’organisations publiques et privées, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, Desjardins et SNC-Lavalin.
«Je ne savais pas que ça existait [avant l’annonce], j’ai eu la surprise, a avoué Jean-Marc Eustache. Cela dit, moi, je suis un entrepreneur, alors une, deux ou trois [entités] qui font la même chose, ça ne me dérange pas du tout, au contraire, ça peut créer un enchaînement. »
Le directeur du Devoir a souligné que le quotidien de la rue Berri était loin d’être le seul où l’information internationale était « le parent pauvre ». «Alors, le fonds constitué récemment va profiter à d’autres médias et va avoir un impact pour d’autres journalistes, a dit M. Myles. Ce sont des offres qui sont additionnelles, mais on est satisfaits du Fonds avec Transat et on va travailler avec ce partenaire exclusif. »