De gauche à droite… à gauche ?
Des électeurs hésitent entre Québec solidaire et la CAQ , dit Manon Massé
La soif de changement fait hésiter des électeurs entre Québec solidaire (QS) et la Coalition avenir Québec (CAQ), soutient Manon Massé, qui lance un appel aux Québécois qui craignent de «perdre leur vote» à prendre le temps de découvrir ce que la formation politique de gauche peut leur offrir.
«Je vais vous dire quelque chose d’assez surprenant ; ce n’est pas rare que les gens vont me dire “J’hésite entre vous [QS] et la CAQ”, parce que, dans la tête des gens, ce sont ces deux partis-là qui représentent le changement », a déclaré Mme Massé mardi lors d’une table éditoriale organisée par Le Devoir.
Pourtant diamétralement opposés dans leurs engagements, la CAQ et QS se disputent plus de votes que ce que l’on peut imaginer, dit Mme Massé.
Le plus récent sondage LégerLCN/Le Journal publié mardi révèle d’ailleurs qu’il est de plus en plus plausible que QS se retrouve avec la balance du pouvoir. Ce sondage, mené du 14 au 17 septembre auprès de 3017 répondants, indique que la CAQ a perdu 4 points de pourcentage, bénéficiant de 31 % des intentions de vote, tandis que QS a gagné 3 points de pourcentage, grimpant à 14 % des intentions de vote. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de plus ou moins 1,78 % et ce, 19 fois sur 20.
Le 11 septembre dernier, un sondage Léger-Le Devoir-The Gazette, montrait que le deuxième choix de 17% des électeurs solidaires est la CAQ, et QS constitue la deuxième option de 21 % des électeurs caquistes.
« Ce que ça m’enseigne, c’est que notre population [a soif de changement], mais elle n’a pas le temps [de s’informer]», note la candidate solidaire. « Les gens doivent arriver à joindre les deux bouts, à payer les factures qui rentrent, à s’occuper des enfants, de l’école, des devoirs, bref, ils manquent de temps et quand tu manques de temps, tu ne lis pas toutes les plateformes de partis », dit-elle.
D’autant plus, souligne Mme Massé, qu’en plein marathon électoral, les formations politiques se mènent une chaude lutte pour mettre de l’avant leurs idées.
« Les clips de cinq secondes, ça n’aide pas. On se retrouve dans une consommation de la politique où, en campagne électorale particulièrement, ça roule, boum boum boum. Il faut y aller à fond la caisse comme on dit, alors ça ne facilite pas le temps nécessaire pour justement expliquer notre cadre financier [par exemple] », a souligné Mme Massé.
Manon Massé se dit par ailleurs consciente que la stratégie électorale de QS pour faire des gains est à contrecourant de celles des autres partis. La formation politique préfère concentrer ses efforts auprès d’électeurs dont les intérêts se rapprochent des valeurs solidaires.
«Le type de tournée qu’on mène nous conduit parfois à rencontrer des foules, mais du serrage de main pour du serrage de main, ce n’est pas notre fort », a avoué Mme Massé.
Tournée d’entreprises d’économie sociale, visite de microbrasseries, rencontre avec des agriculteurs bio,
les activités à l’agenda de Manon Massé et de son co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois depuis le début, leur tournée ne rassemble souvent que quelques dizaines de personnes.
« C’est vrai, on a même visité un vignoble où on a rencontré seulement une personne, mais c’est le créateur du vin de glace, ça vaut la peine de le rencontrer ! C’est un gars qui a des valeurs solidaires bien enracinées et il devient en quelque sorte un ambassadeur pour Québec solidaire », a fait valoir Mme Massé.
À 13 jours du scrutin, tandis que le Québec semble se diriger vers un gouvernement minoritaire, pas question de faire appel au vote stratégique, prévient la candidate au poste de première ministre. Elle écarte toute alliance avec le Parti québécois (PQ) avec qui les militants solidaires ont massivement rejeté une convergence en mai 2017. « Nous, on a présenté 125 candidats », a insisté Mme Massé.
Peu importe le résultat du scrutin du 1er octobre prochain, QS s’engage à travailler avec ses adversaires politiques.
Elle a notamment donné l’exemple de l’appui de QS aux libéraux sur la question des droits des enfants transgenres, puis le soutien à la proposition de la CAQ d’abolir les délais de prescription pour les victimes d’agression sexuelle.
« À QS, on n’a pas de misère à être d’accord avec d’autres formations politiques lorsqu’il est temps de prendre des décisions pour prendre soin de notre monde », a assuré Mme Massé.
D’ici là, la candidate solidaire a toujours bon espoir de convaincre les électeurs, surtout les jeunes, que la question de l’urne doit être celle de l’environnement. Un thème que ses adversaires ont, selon elle, écarté de la campagne.
« S’ils veulent qu’il y ait encore une planète quand ils auront 50 ans, le seul parti qui peut y arriver, c’est QS », a-telle dit.
Le type de tournée qu’on mène nous conduit parfois à rencontrer des foules, mais du serrage de main pour du serrage de main, ce n’est pas notre fort MANON MASSÉ