Le Devoir

La Malbaie réclame son nouvel hôpital

Des citoyens interpelle­nt les partis alors que les soins et les médecins manquent

- ISABELLE PORTER

Dans Charlevoix–Côte-de-Beaupré, le sort du petit hôpital de La Malbaie s’est imposé comme un incontourn­able de la campagne. Quatre ans après la défaite surprise de Pauline Marois contre la libérale Caroline Simard, le vent tournera-t-il de nouveau ?

Situé en plein coeur de La Malbaie (8271 habitants), l’hôpital compte une urgence, une trentaine de lits et couvre une population régionale qui s’étend jusqu’à la Côte-Nord.

Ce mercredi, un comité de citoyens a de nouveau convoqué les médias pour dénoncer l’effritemen­t des services à l’hôpital et le manque criant de médecins.

Dans Charlevoix, c’est l’enjeu dont on entend le plus parler dans cette campagne. Comment un petit hôpital en est-il venu à prendre une telle place? «C’est l’enjeu des élections parce qu’on a eu des promesses depuis 2011 », explique le préfet de la MRC de Charlevoix-Est et maire de SaintSiméo­n, Sylvain Tremblay.

À l’époque, le ministre libéral Yves Bolduc avait annoncé que La Malbaie aurait un hôpital neuf, tout comme sa voisine Baie-Saint-Paul. Alors que le personnel du nouvel établissem­ent de Baie-Saint-Paul est en train de s’installer dans ses nouveaux locaux, l’impatience à La Malbaie continue de grimper.

Et il y a d’autres sources d’irritation. La Malbaie a perdu une spécialité au profit de Baie-Saint-Paul (la gynécologi­e). Surtout, faute de médecins en nombre suffisant, l’urgence de La Malbaie fonctionne grâce à des médecins «dépanneurs» venus de l’extérieur. Et en hospitalis­ation, c’est encore pire, explique le médecin à la retraite Pierre Carrier. Ancienneme­nt directeur des services profession­nels dans la région, M. Carrier s’est joint au comité de citoyens qui fait pression sur les candidats. « Cet été, pendant sept semaines, la moitié des lits n’ont pas pu être occupés et, cet automne, ça sera encore le cas pendant sept semaines. »

Du côté des décideurs, on reconnaît que ce n’est pas une « situation idéale ». Or il n’y a pas d’interrupti­on de services et l’urgence est toujours ouverte, souligne le directeur des services profession­nels François Aumond au Centre intégré universita­ire en santé et services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS). Quant au manque de médecins pour traiter les patients hospitalis­és cet été, il n’a entraîné que le transfert d’un seul patient vers Baie-Saint-Paul, souligne-t-il.

Un problème de relève

Pour combler le manque de médecins, La Malbaie a demandé à avoir quatre postes en vertu des plans régionaux d’effectifs médicaux (PREM), mais on lui en a accordé deux.

D’ici là, le comité plaide pour qu’on lui accorde une dérogation afin que l’hôpital puisse lui-même recruter des finissants. Après tout, plaide le Dr Carrier, le ministre Barrette a bien accordé des dérogation­s ailleurs dans le CIUSSS.

La députée sortante, Caroline Simard, affirme que le ministre Barette s’est montré ouvert à des dérogation­s en mars. Le dossier, assuret-elle, est une « priorité » : il y a des « possibilit­és » et « on travaille déjà là-dessus ».

Pendant ce temps, ses adversaire­s se font l’écho de l’impatience de la population. La caquiste Émilie Foster réclame qu’on fasse une « exception » à certaines règles administra­tives pour faciliter le recrutemen­t de médecins à La Malbaie. Au Parti québécois, on insiste sur l’urgence de construire le nouvel hôpital. Pour attirer du personnel et des médecins spécialist­es, il faut un lieu moderne et adapté », déclarait récemment la candidate Nathalie Leclerc dans un entretien rapporté par Le Charlevois­ien. Enfin, la candidate de Québec solidaire Jessica Crossan a aussi reproché aux libéraux d'avoir traîné lors d'un débat électoral récemment.

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ISTOCK L’hôpital est situé au coeur de cette ville sise dans la région de Charlevoix.

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