Le procès d’Abdelrazik reporté sine die
— L’ex-ministre conservateur des Affaires étrangères Lawrence Cannon peut dormir en paix. Il n’aura finalement pas à témoigner cet automne pour défendre ses actions visant Abousfian Abdelrazik, ce citoyen canadien qui est resté coincé au Soudan de 2003 à 2009 parce que le Canada refusait de le rapatrier. M. Abdelrazik, 56 ans, réclame 27 millions de dollars en dédommagement au motif que les services de renseignement canadien ont joué un rôle dans son arrestation au Soudan, puis son étiquetage comme terroriste présumé. Le procès, qui devait commencer cette semaine, a été reporté indéfiniment mardi. Les avocats d’Ottawa ont convaincu la juge de la Cour fédérale qu’ils devaient « rafraîchir » les documents utilisés en preuve, c’est-à-dire décaviarder certains passages qui n’ont plus besoin d’être secrets. « C’est un prétexte pour retarder le procès », déplore l’avocat de M. Abdelrazik, Paul Champ, qui rappelle que son client était prêt à s’accommoder des documents tels que caviardés. Personne ne sait combien de temps durera le processus de « rafraîchissement », mais M. Champ parle « d’années ». La juge Martine St-Louis a écrit qu’elle accédait « à contrecoeur » à la demande. En contrepartie, elle exige qu’Ottawa rembourse les frais juridiques encourus par l’équipe de M. Champ pour préparer le procès, qui s’élèveront en « centaines de milliers de dollars ». « C’est un gaspillage d’argent public », déplore M. Champ. Quatre autres Canadiens musulmans arrêtés à l’étranger à la même époque sur la foi d’informations fournies par le Canada ont touché 10,5 millions chacun.