Le Devoir

Quel avenir pour les capitaines dans la Ligue nationale ?

Les joueurs arborant un « C » sur leur chandail n’ont plus le même rôle crucial

- STEPHEN WHYNO

Ryan Johansen se souvient que les Blue Jackets de Columbus n’avaient pas de capitaine jusqu’au jour où tout est devenu évident et où tout le monde a su que ce devait être Nick Foligno.

« Il n’y avait aucun doute, se rappelle Johansen. Il s’agit d’une de ces choses que vous ne voulez pas forcer. Vous ne voulez pas vous précipiter. Vous ne voulez pas le regretter. Une fois qu’un candidat devient un choix évident pour agir comme capitaine, alors c’est généraleme­nt réglé. »

Pendant plus d’un siècle, les équipes de la LNH ont nommé un joueur comme capitaine. Les responsabl­es de l’équipement cousaient un « C » sur son chandail et, si tout se passait bien, c’était lui qui accepterai­t la coupe Stanley et la lèverait à bout de bras le premier. Il s’agit d’une tradition au hockey et cela revêt une significat­ion particuliè­re.

Toutefois, près du tiers des 31 équipes de la ligue pourrait disputer son match d’ouverture sans capitaine cette année, signe que ce n’est plus une nécessité, et certaineme­nt pas une décision que la direction et le personnel d’entraîneur­s veulent prendre sans trop y réfléchir.

C’est un sujet brûlant d’actualité en ce moment à Toronto, où les Maple Leafs n’ont pas eu de capitaine depuis qu’ils ont échangé Dion Phaneuf au début de 2016 et ne sont guère pressés d’en désigner un. Celui qui a été le capitaine des Islanders de New York pendant plusieurs saisons, John Tavares, et le premier choix de 2016, Auston Matthews, sont les principaux candidats.

« Il est très important d’avoir un capitaine, mais je pense aussi que la façon dont Kyle gère cela est la bonne façon de faire. Cela n’a pas vraiment de sens de précipiter quelqu’un dans ce rôle, a reconnu Matthews. Il faut choisir la bonne personne. Je pense que le sujet a beaucoup été abordé dans l’entourage de notre équipe : “Quelqu’un va l’être ; qui va le devenir ?” Mais je pense qu’en fin de compte, ils vont prendre leur décision et ce sera la bonne. »

Parfois, la décision est de ne pas nommer de capitaine du tout. Les Rangers de New York ont atteint la finale de la Coupe Stanley sans capitaine en 2014 après avoir échangé Ryan Callahan à la date limite des transferts et les Golden Knights ont fait la même chose l’an dernier après avoir disputé leur première saison sans capitaine.

«La saison dernière, nous venions tous d’endroits différents, d’équipes différente­s. Cela a été une bonne chose, a déclaré le gardien vétéran des Knights, Marc-André Fleury. Tout le monde s’est impliqué. Je pense que nous avions un bon groupe de vétérans avec beaucoup d’expérience. Je pense que nous avons tous pris la responsabi­lité d’agir comme leaders. Tout s’est bien passé. »

Les Golden Knights ont perdu en finale face aux Capitals alors qu’Alex Ovechkin est devenu le premier capitaine né en Russie et le troisième Européen à porter le « C » à gagner la coupe. Aucune équipe ne l’a remportée sans capitaine depuis les Bruins de Boston en 1972.

« C’est révélateur, a noté Eric Staal, du Wild Minnesota, qui a été capitaine des Hurricanes de la Caroline pendant six saisons. Parfois, on peut exagérer en disant qu’il faut vraiment en avoir un ou que ce joueur ne peut tout gérer. Je ne crois pas que les joueurs changent — ou ne devraient pas le faire — du moment qu’ils ont une lettre ou pas. […] Je pense aussi que c’est sympa d’être capitaine ou assistant capitaine. Cela fait partie de la tradition au hockey depuis longtemps. Mais chaque équipe choisit de faire les choses à sa façon. »

Des équipes ne craignent de toute évidence pas de prendre d’importante­s décisions avec leur capitaine. Au cours des deux dernières semaines, le Canadien de Montréal a cédé son capitaine Max Pacioretty aux Golden Knights et les Sénateurs d’Ottawa ont fait de même avec Erik Karlsson aux Sharks de San Jose. Les Hurricanes, eux, ont abandonné leur système de deux capitaines et ont confié le « C » à Justin Williams et les Panthers de la Floride ont désigné Aleksander Barkov pour succéder à Derek MacKenzie comme capitaine.

Les Islanders de l’après-Tavares, les Rangers (après avoir échangé Ryan McDonagh la saison dernière), les Golden Knights, les Maple Leafs, les Sabres, le Canadien, les Sénateurs et les Canucks (après la retraite de Henrik Sedin) ont tous des postes vacants. Et les Red Wings de Detroit se retrouvent dans la même situation puisque leur capitaine Henrik Zetterberg a mis fin à sa carrière en raison d’une blessure. Sans capitaine, trois joueurs alternent avec le «C» à chaque match.

« Je ne pense pas que chaque équipe ait besoin d’un capitaine, a déclaré Jack Eichel, des Sabres. C’est bien d’avoir quelqu’un qui prend la décision finale à la fin de la journée. Mais si vous comptez suffisamme­nt de bons leaders au sein d’une équipe, et s’ils sont tous sur la même longueur d’onde, cela fonctionne aussi avec un comité. »

Sidney Crosby a remporté la coupe à trois reprises depuis qu’il a été nommé capitaine des Penguins à l’âge de 20 ans. Il y a deux ans, les Oilers ont fait de Connor McDavid le plus jeune capitaine de l’histoire de la LNH, à 19 ans et 273 jours.

La plupart du temps, la décision s’impose: Jonathan Toews a remporté la coupe à trois reprises en tant que capitaine et leader incontesté des Blackhawks. Mais il ne pense pas, selon son expérience personnell­e, qu’il est essentiel de nommer un capitaine.

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