Des millions dépensés en pure perte
De nombreux projets financés par le Fonds vert devraient être stoppés, selon le conseil de surveillance
Le fonctionnement du Plan d’action sur les changements climatiques du Québec comporte de sérieuses lacunes, constate le Conseil de gestion du Fonds vert, dans un rapport confidentiel obtenu par Le Devoir. Non seulement il s’appuie en partie sur des actions discutables qui coûtent des centaines de millions de dollars de fonds publics, mais sa gestion est inefficace et caractérisée par le manque de ri- gueur de nombreux ministères. Ce plan ne garantit d’ailleurs pas l’atteinte des objectifs de réduction des gaz à effet de serre.
Le Conseil de gestion du Fonds vert (CGFV) a été créé l’an dernier dans le but d’améliorer la rigueur, la transparence et l’efficacité de la gestion du Fonds vert, après la découverte de failles majeures par le Commissaire au développement durable.
Le CGFV a donc produit un premier rapport, présenté à la ministre de l’Environnement, Isabelle Melançon, le 8 août dernier, sur les «ajustements budgétaires » à apporter au Plan d’action 20132020 sur les changements climatiques (PACC). Il faut dire que ce PACC, qui doit bénéficier d’investissements de plus de quatre milliards de dollars, est financé directement par le Fonds vert.
Le rapport «préliminaire» obtenu par Le Devoir, et qui doit faire l’objet d’une « consultation » auprès de différents ministères et organismes cet automne, soulève de sérieuses questions sur l’attribution de ces milliards de dollars de fonds publics.
Des 183 « actions » mises en oeuvre par 15 ministères et organismes dans le cadre du PACC, le CGFV conclut que plus de la moitié soit doivent être « arrêtées dès maintenant », soit sont « à réévaluer», ou bien, l’information à leur sujet est «incomplète ou absente». Le budget total prévu pour l’ensemble de ces actions est de 2,26 milliards de dollars, dont 1,14 milliard avait déjà été dépensé en date du 31 mars 2018.
science et en technologie (CEST) dans un avis qu’elle se prépare à rendre public ce jeudi matin à Québec et dont Le Devoir a pris connaissance. « L’utilisation du numérique à des fins politiques soulève par ailleurs des enjeux éthiques et sociaux importants », peut-on lire dans ce document qui expose la vision d’une douzaine d’étudiants de niveau collégial autant sur notre dépendance à la technologie ou notre participation à une économie reposant sur la collecte d’informations personnelles que sur les terrains minés vers lesquels ces nouvelles pratiques nous conduisent.
« Le point de vue de ces natifs du numérique [des gens qui n’ont connu qu’un monde hyperconnecté] est très intéressant, dit Jocelyn Maclure, philosophe et président de la CEST. Leur avis est loin d’être naïf ; il refuse aussi le démissionnisme en reconnaissant l’importance des défis auxquels nous faisons face comme société, mais aussi le fait que l’on pourrait ne pas arriver à les relever. Mais pour eux, il ne faut pas capituler sans avoir essayé ».
Dans une de ses huit recommandations, la Commission-Jeunesse donne le ton en estimant, entre autres, que l’influence des géants du Web n’est pas une fatalité et qu’ils ne représentent pas des entités impossibles à réglementer. « Les compagnies numériques, si elles veulent bénéficier d’une présence sur un territoire donné, devraient se soumettre aux lois émises et appliquées par le gouvernement dans le but d’assurer le bien-être de la population », écrivent ses membres qui, dans la foulée, demandent à Québec de « privilégier les intérêts des cybercitoyens par rapport à ceux des compagnies numériques ». Une demande qui fait écho à la grogne suscitée l’an dernier par la position du gouvernement fédéral sur la taxation des activités de Netflix au pays.
Autre préoccupation: le groupe de jeunes éthiciens demande au gouvernement de « forcer les entreprises numériques à reconnaître la propriété intellectuelle des informations générées par les individus », et ce, pour donner la possibilité aux cybercitoyens de protéger réellement leur vie privée, dans des environnements où les données personnelles sont désormais aucoeurd’ uncom mer ce, de produits tout commed’ influences, qui se joue dans une asymétrie de pouvoir. Celui des fournisseurs de services gratuits étant plus fort que celui de ceux qui en font usage.
«Dans le contexte numérique, la notion de consentement ne semble plus en mesure de protéger les individus », résume le groupe dans son avis. « Nous comprenons l’intérêt économique qui vient avec la collecte et la vente de données, ajoute Noémi Brind’Amour-Knackstedt, une des porte-parole de la Commission-Jeunesse, cuvée 2018, mais nous demandons aussi à ce que la transparence, un concept qui guide les pratiques en ligne, soit appliquée à l’arrière-plan du Web, à ce qui est moins visible. Les cybercitoyens doivent être informés de manière claire et compréhensible de ce qui est collecté sur eux, de ce qui est partagé et avec qui. Ils doivent aussi pouvoir se soustraire à ce système de collecte sans pénalité s’ils refusent de partager des informations personnelles non essentielles et directement liées à la fonction d’une application ».
Dans son avis, la Commission-Jeunesse appelle à la responsabilisation autant des gouvernements qu’à celle des entreprises et des citoyens, à qui ces jeunes tiennent à rappeler que les normes de civilité qui prévalent dans les interactions physiques doivent s’imposer de la même manière dans les univers numériques et les interactions virtuelles. En entrevue, Mme Brind’AmourKnackstedt va plus loin en soulignant que « les personnes en position d’autorité font office de modèles » et que « les actions ou les propos qu’ils tiennent en ligne» peuvent finir par «être légitimés, même s’ils sont mauvais», sans nommer un président américain dont la présence sur Twitter s’apparente régulièrement à celle des trolls, ces orduriers du numérique qui viennent pourrir le débat public à grand coup de propos diffamants, agressifs et revanchards. Et leur comportement en ligne gagnerait, par le fait même, à être plus exemplaire que chez les autres, estime-t-elle.
Dans les dernières années, la Commission-Jeunesse de la CEST s’est penchée sur les enjeux éthiques liés à des sujets variés comme le neuromarketing et la publicité, la cyberintimidation, les soins de santé personnalisés ou le plagiat électronique.