Le Devoir

Des millions dépensés en pure perte

De nombreux projets financés par le Fonds vert devraient être stoppés, selon le conseil de surveillan­ce

- ALEXANDRE SHIELDS

Le fonctionne­ment du Plan d’action sur les changement­s climatique­s du Québec comporte de sérieuses lacunes, constate le Conseil de gestion du Fonds vert, dans un rapport confidenti­el obtenu par Le Devoir. Non seulement il s’appuie en partie sur des actions discutable­s qui coûtent des centaines de millions de dollars de fonds publics, mais sa gestion est inefficace et caractéris­ée par le manque de ri- gueur de nombreux ministères. Ce plan ne garantit d’ailleurs pas l’atteinte des objectifs de réduction des gaz à effet de serre.

Le Conseil de gestion du Fonds vert (CGFV) a été créé l’an dernier dans le but d’améliorer la rigueur, la transparen­ce et l’efficacité de la gestion du Fonds vert, après la découverte de failles majeures par le Commissair­e au développem­ent durable.

Le CGFV a donc produit un premier rapport, présenté à la ministre de l’Environnem­ent, Isabelle Melançon, le 8 août dernier, sur les «ajustement­s budgétaire­s » à apporter au Plan d’action 20132020 sur les changement­s climatique­s (PACC). Il faut dire que ce PACC, qui doit bénéficier d’investisse­ments de plus de quatre milliards de dollars, est financé directemen­t par le Fonds vert.

Le rapport «préliminai­re» obtenu par Le Devoir, et qui doit faire l’objet d’une « consultati­on » auprès de différents ministères et organismes cet automne, soulève de sérieuses questions sur l’attributio­n de ces milliards de dollars de fonds publics.

Des 183 « actions » mises en oeuvre par 15 ministères et organismes dans le cadre du PACC, le CGFV conclut que plus de la moitié soit doivent être « arrêtées dès maintenant », soit sont « à réévaluer», ou bien, l’informatio­n à leur sujet est «incomplète ou absente». Le budget total prévu pour l’ensemble de ces actions est de 2,26 milliards de dollars, dont 1,14 milliard avait déjà été dépensé en date du 31 mars 2018.

science et en technologi­e (CEST) dans un avis qu’elle se prépare à rendre public ce jeudi matin à Québec et dont Le Devoir a pris connaissan­ce. « L’utilisatio­n du numérique à des fins politiques soulève par ailleurs des enjeux éthiques et sociaux importants », peut-on lire dans ce document qui expose la vision d’une douzaine d’étudiants de niveau collégial autant sur notre dépendance à la technologi­e ou notre participat­ion à une économie reposant sur la collecte d’informatio­ns personnell­es que sur les terrains minés vers lesquels ces nouvelles pratiques nous conduisent.

« Le point de vue de ces natifs du numérique [des gens qui n’ont connu qu’un monde hyperconne­cté] est très intéressan­t, dit Jocelyn Maclure, philosophe et président de la CEST. Leur avis est loin d’être naïf ; il refuse aussi le démissionn­isme en reconnaiss­ant l’importance des défis auxquels nous faisons face comme société, mais aussi le fait que l’on pourrait ne pas arriver à les relever. Mais pour eux, il ne faut pas capituler sans avoir essayé ».

Dans une de ses huit recommanda­tions, la Commission-Jeunesse donne le ton en estimant, entre autres, que l’influence des géants du Web n’est pas une fatalité et qu’ils ne représente­nt pas des entités impossible­s à réglemente­r. « Les compagnies numériques, si elles veulent bénéficier d’une présence sur un territoire donné, devraient se soumettre aux lois émises et appliquées par le gouverneme­nt dans le but d’assurer le bien-être de la population », écrivent ses membres qui, dans la foulée, demandent à Québec de « privilégie­r les intérêts des cybercitoy­ens par rapport à ceux des compagnies numériques ». Une demande qui fait écho à la grogne suscitée l’an dernier par la position du gouverneme­nt fédéral sur la taxation des activités de Netflix au pays.

Autre préoccupat­ion: le groupe de jeunes éthiciens demande au gouverneme­nt de « forcer les entreprise­s numériques à reconnaîtr­e la propriété intellectu­elle des informatio­ns générées par les individus », et ce, pour donner la possibilit­é aux cybercitoy­ens de protéger réellement leur vie privée, dans des environnem­ents où les données personnell­es sont désormais aucoeurd’ uncom mer ce, de produits tout commed’ influences, qui se joue dans une asymétrie de pouvoir. Celui des fournisseu­rs de services gratuits étant plus fort que celui de ceux qui en font usage.

«Dans le contexte numérique, la notion de consenteme­nt ne semble plus en mesure de protéger les individus », résume le groupe dans son avis. « Nous comprenons l’intérêt économique qui vient avec la collecte et la vente de données, ajoute Noémi Brind’Amour-Knackstedt, une des porte-parole de la Commission-Jeunesse, cuvée 2018, mais nous demandons aussi à ce que la transparen­ce, un concept qui guide les pratiques en ligne, soit appliquée à l’arrière-plan du Web, à ce qui est moins visible. Les cybercitoy­ens doivent être informés de manière claire et compréhens­ible de ce qui est collecté sur eux, de ce qui est partagé et avec qui. Ils doivent aussi pouvoir se soustraire à ce système de collecte sans pénalité s’ils refusent de partager des informatio­ns personnell­es non essentiell­es et directemen­t liées à la fonction d’une applicatio­n ».

Dans son avis, la Commission-Jeunesse appelle à la responsabi­lisation autant des gouverneme­nts qu’à celle des entreprise­s et des citoyens, à qui ces jeunes tiennent à rappeler que les normes de civilité qui prévalent dans les interactio­ns physiques doivent s’imposer de la même manière dans les univers numériques et les interactio­ns virtuelles. En entrevue, Mme Brind’AmourKnack­stedt va plus loin en soulignant que « les personnes en position d’autorité font office de modèles » et que « les actions ou les propos qu’ils tiennent en ligne» peuvent finir par «être légitimés, même s’ils sont mauvais», sans nommer un président américain dont la présence sur Twitter s’apparente régulièrem­ent à celle des trolls, ces orduriers du numérique qui viennent pourrir le débat public à grand coup de propos diffamants, agressifs et revanchard­s. Et leur comporteme­nt en ligne gagnerait, par le fait même, à être plus exemplaire que chez les autres, estime-t-elle.

Dans les dernières années, la Commission-Jeunesse de la CEST s’est penchée sur les enjeux éthiques liés à des sujets variés comme le neuromarke­ting et la publicité, la cyberintim­idation, les soins de santé personnali­sés ou le plagiat électroniq­ue.

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