Le Devoir

Les espoirs de Québec solidaire dans la capitale |

Des deux circonscri­ptions de Québec qui sont dans la mire de QS, Jean-Lesage représente le défi le plus ardu avec son profil moins évidemment lié aux revendicat­ions du parti

- ISABELLE PORTER

À Québec, les deux circonscri­ptions où Québec solidaire a le plus de succès partagent plusieurs points communs avec Mercier et Gouin, où le parti a fait ses premiers gains à Montréal en 2008 et en 2012. La comparaiso­n serait-elle annonciatr­ice des résultats à venir ?

Dans Taschereau, au centre-ville, les sondages placent Catherine Dorion au premier rang, suivie de près par le libéral Florent Tanlet. Pour le parti, tous les espoirs sont permis. « On garde notre avance, on la creuse », déclarait la candidate, tout sourire, lors d’une annonce mercredi aux côtés de son collègue de la circonscri­ption voisine, Sol Zanetti.

Or si ce dernier récolte facilement 20 % des intentions de vote dans JeanLesage, le défi y est plus ardu. La vague solidaire se fait certes sentir dans le Vieux-Limoilou, au sud de la circonscri­ption, où on ne compte plus les pancartes orange sur les balcons. «Les gens qui s’installent ici veulent une vie de quartier, de jeunes familles qui n’ont pas nécessaire­ment un revenu si élevé que ça, mais en même temps ont une conscience environnem­entale super élevée. Elles ont besoin des services publics et peuvent mesurer à quel point ne pas en avoir, ça fait mal », résumaitil en entrevue mercredi.

Avec leurs murs de briques et leurs escaliers en colimaçon, les immeubles à logements de Limoilou font penser à certains secteurs de Gouin, à Montréal. Et ici comme dans Gouin, les jeunes familles et les poussettes sont légion et la proportion de locataires est supérieure à 70 %.

Or la circonscri­ption de Jean-Lesage s’étire bien au-delà de Limoilou, vers Charlesbou­rg et Beauport, dans des secteurs plus résidentie­ls ou abritant d’importante­s poches de pauvreté. Des secteurs où on prend beaucoup moins le bus que dans Taschereau, Mercier et Gouin. La population y est en outre beaucoup moins éduquée et le revenu moyen, plus bas.

QS contre la CAQ

Radio-Canada rapportait cette semaine que lors d’un débat local où l’audience était visiblemen­t hostile au projet de troisième lien, la candidate caquiste Christiane Gamache a lancé : « On n’est pas ici juste pour Limoilou. […] Les gens que j’ai rencontrés de Beauport et Giffard sont très intéressés. »

La popularité de Québec se limite-telle aux environs de la 3e avenue et au Vieux-Limoilou ? Pas nécessaire­ment, plaide Zanetti. « Il y a des endroits qui sont déjà plus favorables, mais il y a des gains à faire dans tous les secteurs. C’est juste qu’il reste juste deux semaines de campagne pour aller voir tout ce monde-là. »

En attendant, les sondeurs placent tous Mme Gamache au premier rang, juste sous la barre des 30 %. La libérale Gertrude Bourdon suivrait de très près avec la péquiste Claire Vignola et Zanetti entre 20 et 25 %. À nouveau, JeanLesage se distingue de Taschereau par l’attrait que la CAQ y exerce, puisque dans Taschereau, le parti de François Legault est au 4e rang.

Mercredi, lors d’un autre débat au cégep de Limoilou, Mme Gamache était absente, car elle préparait un autre débat régional dans le milieu communauta­ire et associatif, qu’elle connaît bien. Le candidat dans Chauveau qui la remplaçait, Sylvain Lévesque, a alors concentré ses attaques sur Sol Zanetti plutôt que sur Gertrude Bourdon ou encore le PQ. « Quand M. Zanetti vous dit qu’il veut aller chercher plus d’argent chez les gens qui gagnent 450 000 $ et plus, j’ai une petite statistiqu­e pour vous autres: c’est 0,21% des gens au Québec. »

Dans l’entourage du candidat solidaire, on fait remarquer que les électeurs plus au nord de la circonscri­ption hésitent souvent entre eux et la CAQ «parce qu’ils veulent du changement ». Des observatio­ns confirmées par un bref passage dans Lairet, à l’écart du secteur où Québec solidaire est en bonne posture.

Croisée sur le chemin de la Caisse populaire, Lisette Ouellette, une retraitée, ne voulait pas dire pour qui elle voterait, mais une chose était claire : ce ne serait pas pour les libéraux. « D’une façon ou d’une autre, il faut changer », résumaitel­le, désabusée. De Québec solidaire, elle dit qu’il n’aurait pas fallu que «Mme David s’en aille» et qu’elle n’a pas beaucoup aimé « le petit jeune » au printemps 2012.

Dans Jean-Lesage, elle s’attend à ce que la CAQ soit élue. « J’ai l’impression

que oui. Parce que l’indépendan­ce, c’est fait, c’est passé. On s’est fait battre. C’est fini. » Un autre résident de longue date du quartier, croisé juste avant, appréhenda­it, lui aussi, un rejet en masse des libéraux. Se disant « socialiste », il a dit trouver Québec solidaire peu crédible et s’est moqué de l’interventi­on de Manon Massé sur le « matrimoine ».

Jean-Lesage a toujours été une circonscri­ption imprévisib­le, voire une circonscri­ption baromètre. Jusqu’en 2014, le libéral André Drolet a réussi à s’y maintenir, mais la circonscri­ption a eu son expérience adéquiste entre 2007 et 2008 avec nul autre que Jean-François Gosselin, l’actuel chef de l’opposition à Régis Labeaume.

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FRANCIS VACHON LE DEVOIR Les candidats solidaires­Sol Zanetti et Catherine Dorion

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