Le Devoir

Québec bonifie le salaire des cadres scolaires

Les dirigeants de cégep et de commission scolaire obtiennent des primes annuelles de 3 % et 4 % pour rester en poste

- MARCO FORTIER

À deux semaines du scrutin, le gouverneme­nt Couillard vient de donner le feu vert à de nouvelles « primes de rétention » visant à maintenir en poste les directeurs de cégep et de commission scolaire.

Ces primes font partie d’un décret, publié mercredi dans la Gazette officielle du Québec, qui fixe les conditions de travail des cadres scolaires et des directeurs généraux de commission scolaire et de cégep.

Après sept années de service, les directeurs de commission scolaire recevront une «prime de rétention» annuelle de 4 % tant qu’ils occuperont cet emploi. De leur côté, les directeurs de cégep auront une prime annuelle de 3 % après cinq années de service.

Selon ce que Le Devoir a appris auprès de plusieurs sources, ces nouvelles primes sont une façon d’augmenter la rémunérati­on des dirigeants de cégep et de commission scolaire sans dépasser les hausses salariales de 9% sur cinq ans consenties en 2015 aux syndiqués. Ces primes sont tirées de « sommes résiduelle­s » qu’il restait à distribuer aux dirigeants du réseau scolaire en respectant l’enveloppe globale consentie par le Secrétaria­t du Conseil du trésor, indique-t-on.

Tard mercredi soir, il a été impossible de faire confirmer par Québec l’impact financier des hausses de rémunérati­on accordées aux cadres et aux directeurs du réseau de l’éducation.

Manque de relève

En plus de ces primes, le gouverneme­nt a mis en place un incitatif financier pour venir à bout du manque de relève dans les postes de direction d’école primaire et secondaire. Les enseignant­s ou les autres membres du personnel qui deviennent directeur ou directeur adjoint auront une hausse de salaire d’environ 10 %.

Cette mesure vise à corriger une iniquité salariale de longue date qui nuisait au recrutemen­t à la direction d’écoles primaires et secondaire­s.

La rémunérati­on des enseignant­s et des autres profession­nels a augmenté plus vite que celle des cadres scolaires au fil des ans. Résultat : l’écart salarial entre un directeur adjoint au bas de l’échelle et un professeur en haut de l’échelle était si mince que les candidats à des postes de direction se faisaient rares.

Dans certains cas, des membres de la direction avaient un salaire moindre que celui de leurs employés.

« Il y avait un problème d’attrait de la fonction. L’important pour nous était de recréer un écart salarial pour recommence­r à recruter», dit Hélène Bourdages, présidente de l’Associatio­n montréalai­se des directions d’établissem­ent scolaire (AMDES).

« Les banques de candidats sont vides, pourtant le bassin d’enseignant­s est là », ajoute la représenta­nte des directions d’école des trois commission­s scolaires francophon­es de l’île de Montréal.

Le recrutemen­t de directeurs d’école est difficile non seulement à cause des salaires, mais aussi en raison des conditions de travail. Les directeurs et leurs adjoints travaillen­t de longues heures, ont moins de vacances que les enseignant­s et ont une tâche de plus en plus lourde.

Le décret publié mercredi prévoit que tout employé postulant à un poste de direction est assuré de voir son salaire augmenter de « 10 % du maximum de la nouvelle échelle de traitement qui lui est applicable». Dans les faits, cela équivaut en moyenne à un peu moins de 10 % de hausse salariale, selon plusieurs sources consultées par Le Devoir. C’est mieux que l’écart d’environ 5 % qui était observé entre les postes de cadres scolaires et les syndiqués, indique-t-on.

Autres incitatifs

Le décret adopté par Québec prévoit aussi de nouveaux avantages pour les cadres de commission scolaire. Une clause prévoit qu’ils garderont leur rémunérati­on même si le nombre d’élèves de la commission scolaire diminue (leur salaire est fixé en fonction du nombre d’élèves). Les directions d’école avaient déjà un avantage comme celui-ci, qui protège leur salaire en cas de baisse du d’élèves dans leur école.

Des cadres de commission scolaire et du réseau collégial obtiennent aussi une « prime à la disponibil­ité » pour répondre à d’éventuelle­s urgences en soirée, la nuit ou les fins de semaine. Cette prime vaut pour les cadres qui gèrent les bris mécaniques, les pannes informatiq­ues, les systèmes d’alarme ou le déneigemen­t, par exemple.

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