Le Devoir

L’humanitair­e s’engage à combattre les inconduite­s sexuelles

- MAGDALINE BOUTROS

Dans la foulée du scandale qui a touché Oxfam et des remises en question suscitées par le mouvement #MoiAussi, le secteur de l’aide au développem­ent ouvre un vaste chantier pour mieux prévenir et combattre les inconduite­s sexuelles.

D’emblée, Nicolas Moyer, président-directeur général du Conseil canadien pour la coopératio­n internatio­nale (CCCI), convient que le travail sera long et ardu.

De nombreux déséquilib­res de pouvoir sont inhérents au secteur, dans lequel plusieurs petites organisati­ons mal outillées évoluent, explique-t-il en entrevue au Devoir.

La volonté est toutefois là : « Nous avons beaucoup de travail à faire et nous allons le faire », assure-t-il.

En point de presse à Ottawa mercredi, le CCCI a dévoilé l’engagement pris par ses membres pour mieux protéger le personnel, les bénévoles et les membres des communauté­s qui bénéficien­t du soutien des organismes d’aide au développem­ent.

Déjà, plusieurs organisati­ons, dont Oxfam et Vision mondiale, ont signé cette « promesse collective ». L’objectif est que l’ensemble des 85 organisati­ons membres du CCCI — l’associatio­n parapluie du secteur de l’aide au développem­ent au Canada — apposent leur signature au bas du document.

« Cette promesse est de mettre en place des cultures organisati­onnelles de tolérance zéro pour toute forme d’inconduite sexuelle dans toutes leurs activités », détaille M. Moyer.

Ainsi, les meilleures pratiques seront recensées, un examen des politiques et des pratiques en vigueur sera effectué et des formations seront offertes.

«Les difficulté­s seront très nombreuses, souffle Nicolas Moyer. On va entre autres se frotter aux codes de déontologi­e et aux dispositio­ns visant la protection de la vie privée. Ce sera une discussion difficile, qui va prendre beaucoup d’années. »

Ce vaste chantier découle de la création du comité directeur pour prévenir et combattre les inconduite­s sexuelles dans l’aide au développem­ent, fondé et dirigé par le CCCI. Ce comité avait été créé en février 2018 après l’éclosion du scandale d’Oxfam par lequel on avait appris que des employés de l’organisati­on étaient visés par des accusation­s de viols commis lors de missions humanitair­es et que d’autres employés avaient eu recours aux services de prostituée­s.

Nicolas Moyer admet qu’il ne s’agit pas de cas isolés. « Certains scandales ont connu une ampleur médiatique, mais d’autres n’ont pas vu la lumière du jour », souligne-t-il. « Dans notre secteur de l’aide au développem­ent, il y a toujours une autre urgence qui va arriver», précise-t-il, ajoutant que l’heure est désormais à l’action pour apporter une solution durable aux inconduite­s sexuelles.

Certains scandales ont connu une ampleur médiatique, mais d’autres n’ont pas vu la lumière du jour NICOLAS MOYER

Newspapers in French

Newspapers from Canada