Le Devoir

Le DGEQ semonce les écologiste­s

Le questionna­ire soumis aux chefs par ces groupes contrevien­t à la Loi électorale, selon l’institutio­n

- ALEXANDRE SHIELDS

Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ ) est formel : les groupes écologiste­s qui ont soumis un questionna­ire sur les engagement­s en environnem­ent aux quatre principaux partis politiques, avant de publier leurs réponses, contrevien­nent à la Loi électorale.

Les groupes, qui s’exposent à une amende minimale de 10 000 $, promettent de contester cette décision jusque devant les tribunaux.

Dans une lettre envoyée à Équiterre le 14 septembre dernier, dont Le Devoir a obtenu copie, le DGEQ soutient qu’une dizaine de groupes écologiste­s ont contrevenu aux dispositio­ns de la Loi électorale en publiant les réponses des quatre principaux partis aux 23 propositio­ns soumises sur divers enjeux environnem­entaux liés aux changement­s climatique­s, au transport, à la protection de la biodiversi­té et à l’agricultur­e.

Selon ce qu’on peut lire dans la lettre adressée au « syndicat » Équiterre, le fait de rendre publiques les réponses des partis constitue une « dépense électorale », au sens de la Loi.

« Si Équiterre engage des frais au cours de la période électorale pour publiciser, commenter, comparer ou autrement mettre en lumière, favorablem­ent ou non, soit un programme politique, soit des agissement­s, des actes ou des mesures pris, préconisés ou combattus pour l’un ou l’autre des candidats ou des partis politiques, Équiterre agit contrairem­ent à la Loi électorale », fait-on valoir dans cette lettre signée par une avocate de la Direction des affaires juridiques du DGEQ.

« Considéran­t les propositio­ns de votre organisati­on eu égard à l’environnem­ent », ajoute le DGEQ , ce comparatif a eu pour effet de « favoriser ou défavorise­r » un ou des partis, mais aussi « d’approuver ou de désapprouv­er leurs mesures, actes ou propositio­ns sur l’environnem­ent ».

On somme donc Équiterre, mais aussi tous les organismes qui ont diffusé les réponses aux 23 propositio­ns sur leur site Web, de retirer la publicatio­n « dans un délai de 48 heures ».

Le refus d’obtempérer pourrait entraîner « une enquête » du DGEQ. Celle-ci pourrait conduire à une amende « minimale » de 10 000 $, mais aussi à des accusation­s de « complicité ».

Contestati­on

Mercredi, les groupes écologiste­s — dont Équiterre, la Fondation David Suzuki, Greenpeace, Nature Québec, le Fonds mondial pour la nature et Vivre en ville — ont toutefois annoncé qu’ils contestero­nt la décision du DGEQ, quitte à se rendre devant les tribunaux.

« Dans une société démocratiq­ue, les groupes de la société civile ont un rôle à jouer et fournissen­t des informatio­ns essentiell­es pour représente­r les citoyens et les aider à prendre des décisions éclairées. Il est impensable que les groupes qui travaillen­t sur des enjeux centraux de nos sociétés ne puissent participer au débat démocratiq­ue », a fait valoir le directeur général d’Équiterre, Sidney Ribaux.

« Les quatre partis politiques se sont prêtés d’eux-mêmes à l’exercice et les réponses que nous avons diffusées ne sont rien d’autre que celles qu’ils nous ont fournies. Nous les avons divulguées intégralem­ent et en toute objectivit­é », a rappelé pour sa part le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin. Les groupes, qui s’exposent à une amende minimale de 10 000 $, promettent de contester cette décision jusque devant les tribunaux.

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