La Citadelle de Québec défigurée
Construites entre 1608 et 1871, les fortifications de Québec sont le plus important et le plus ancien ouvrage défensif du Canada.
En 2016, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il investirait 37 millions pour la rénovation de la citadelle et des fortifications de la Vieille Capitale.
Cette dépense représente 1,2 % d’un vaste programme de 3 milliards que Parcs Canada réalisera à travers le pays d’ici 2021. Ce programme vise à réaliser des travaux d’infrastructure dans les installations patrimoniales situées dans les lieux historiques sous responsabilité fédérale, dont les parcs nationaux et les aires marines de conservation.
Aux fins de la restauration des fortifications de Québec, les fonctionnaires d’Ottawa ont décidé d’acheter pour 16,5 millions de pierre bleue Pensylvania Bluestone américaine au lieu de pierre grise Grès vert de Sillery, dont les carrières sont situées à Lévis. La Citadelle de Québec sera donc dorénavant bicolore ; une partie ancienne, gris légèrement verdâtre, et la partie restaurée, bleu foncé.
Cette décision a été prise à l’encontre des recommandations de l’architecte responsable du projet et en violation de l’appel d’offres. Celui-ci stipulait clairement que la restauration devait être effectuée avec une pierre semblable à celle utilisée autrefois pour l’érection des fortifications. Or, le Grès vert de Sillery est exactement la même pierre qui fut utilisée jusqu’ici.
Si la Pensylvania Bluestone coûte la moitié du prix du Grès vert de Sillery, les contribuables n’économiseront que 3 %, la différence étant empochée par les frais de transport de la pierre jusqu’au Québec et les profits de l’entreprise qui a obtenu le contrat en violation de l’appel d’offres.
Non seulement cette rénovation québécoise ne représente que 1,2 % du programme de Parcs Canada, mais le fédéral a trouvé le moyen de faire en sorte que près de la moitié de la dépense fédérale à Québec soit représentée par l’achat de pierre américaine. Voilà un autre exemple du prix du fédéralisme ; les Québécois paieront 18,5 % d’un programme de 3 milliards de Parcs Canada, mais n’en recevront que des bénéfices de l’ordre de 0,7 %. Jean-Pierre Martel Montréal, le 17 septembre 2018