Kim Jong-un promet de fermer un site d’essais de missiles
Washington se dit prêt à renouer le dialogue sur la dénucléarisation de la Corée du Nord
Kim Jong-un a accepté, mercredi, de fermer, devant des inspecteurs internationaux, un site d’essai de missiles nord-coréens, un geste salué par les États-Unis qui se sont dits prêts à reprendre « immédiatement » les négociations sur la dénucléarisation, qui étaient dans l’impasse.
Au cours du troisième sommet intercoréen depuis avril, le dirigeant nordcoréen, qui accueillait le président sudcoréen Moon Jae-in à Pyongyang, a aussi annoncé une prochaine visite historique à Séoul.
Sur la question cruciale du désarmement nucléaire de la Corée du Nord, les deux hommes n’ont fait état que de progrès jugés limités par plusieurs experts, mais cela semble suffisant pour permettre au Sud-Coréen de remplir une de ses missions : débloquer les discussions entre Pyongyang et Washington.
Depuis la Maison-Blanche, Donald Trump, qui envisage une seconde rencontre avec Kim Jong-un, a salué des «progrès extraordinaires». «Souvenez-vous d’une chose : avant que je ne devienne président, beaucoup de gens pensaient qu’une guerre avec la Corée du Nord était inévitable », a martelé le président américain.
Son secrétaire d’État Mike Pompeo a ensuite annoncé que les « engagements importants » pris par le régime nord-coréen étaient de nature à relancer « im- médiatement des négociations » en vue d’une « dénucléarisation rapide » qui devra s’achever « d’ici janvier 2021 », avant la fin du mandat de Donald Trump.
Le chef de la diplomatie américaine a ainsi invité son homologue nord-coréen Ri Yong-ho à le rencontrer la semaine prochaine à New York en marge de l’assemblée générale annuelle de l’ONU.
Des engagements
Ces négociations étaient au point mort après le sommet historique TrumpKim de juin, au cours duquel le dirigeant nord-coréen avait réitéré un engagement vague en faveur de la « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », mais sans modalités ni calendrier.
Avant le sommet intercoréen de Pyongyang, Washington avait réclamé « un pas significatif et vérifiable vers la dénucléarisation », que les États-Unis souhaitent « définitive et entièrement véri- fiée», une formulation que les NordCoréens n’ont jamais officiellement reprise à leur compte.
Dans la capitale nord-coréenne, selon la déclaration commune publiée à l’issue de la rencontre, le Nord a accepté de « fermer de façon permanente » le site de tests de moteurs de missile et le pas de tir de Tongchang-ri, «en présence d’experts des nations concernées ».
Pyongyang s’est aussi dit prêt à « prendre des mesures supplémentaires, y compris le démantèlement permanent du complexe nucléaire de Yongbyon », le centre de recherche atomique le mieux connu du Nord, mais à condition que « les États-Unis prennent des mesures correspondantes ».
Ces contreparties ne sont pas précisées, mais la Corée du Nord espère obtenir la fin officielle de la guerre de Corée, qui ne s’est conclue en 1953 que par un simple armistice, ainsi qu’une levée au moins partielle des dures sanctions internationales.
Sans faire allusion à cette demande de contreparties, Mike Pompeo a salué ces deux gestes.
Pyongyang a effectué de nombreux lancements de missiles depuis le site de Tongchang-ri, également connu sous le nom de Sohae. Mais d’autres sites ont aussi été utilisés, ce qui relativise la portée de l’engagement.
Des experts sceptiques
« Kim la joue de façon brillante : “Venez vérifier que je démantèle un seul site que je n’utilise plus de toute façon, pendant que je produis en masse les missiles que le site m’a permis de développer” », souligne Vipin Narang, chercheur au MIT.
Pour Jeffrey Lewis, spécialiste du contrôle des armements, l’opinion généralement admise était par ailleurs que l’usine d’enrichissement d’uranium de Yongbyon « avait été construite avec la claire intention d’être sacrifiée ».
« Sur la question de la dénucléarisation, l’accord n’est pas à la hauteur des attentes», a déclaré à l’AFP Yoo Hoyeol, de la Korea University.
Mais Séoul comme Pyongyang avaient à coeur de resserrer leurs liens, Kim Jongun pour faire profiter son pays de la puissance économique du Sud, Moon Jae-in pour éloigner le spectre d’un conflit dévastateur.
Les deux dirigeants ont ainsi également annoncé leur volonté de faire acte de candidature commune à l’organisation des Jeux olympiques de 2032.
Kim la joue de façon brillante : “Venez vérifier que je démantèle un seul site que je n’utilise plus de toute façon, pendant que je produis en masse les missiles que le site m’a permis de développer” VIPIN NARANG