Le Devoir

Kim Jong-un promet de fermer un site d’essais de missiles

Washington se dit prêt à renouer le dialogue sur la dénucléari­sation de la Corée du Nord

- PARK CHAN-KYONG FRANCESCO FONTEMAGGI

Kim Jong-un a accepté, mercredi, de fermer, devant des inspecteur­s internatio­naux, un site d’essai de missiles nord-coréens, un geste salué par les États-Unis qui se sont dits prêts à reprendre « immédiatem­ent » les négociatio­ns sur la dénucléari­sation, qui étaient dans l’impasse.

Au cours du troisième sommet intercorée­n depuis avril, le dirigeant nordcoréen, qui accueillai­t le président sudcoréen Moon Jae-in à Pyongyang, a aussi annoncé une prochaine visite historique à Séoul.

Sur la question cruciale du désarmemen­t nucléaire de la Corée du Nord, les deux hommes n’ont fait état que de progrès jugés limités par plusieurs experts, mais cela semble suffisant pour permettre au Sud-Coréen de remplir une de ses missions : débloquer les discussion­s entre Pyongyang et Washington.

Depuis la Maison-Blanche, Donald Trump, qui envisage une seconde rencontre avec Kim Jong-un, a salué des «progrès extraordin­aires». «Souvenez-vous d’une chose : avant que je ne devienne président, beaucoup de gens pensaient qu’une guerre avec la Corée du Nord était inévitable », a martelé le président américain.

Son secrétaire d’État Mike Pompeo a ensuite annoncé que les « engagement­s importants » pris par le régime nord-coréen étaient de nature à relancer « im- médiatemen­t des négociatio­ns » en vue d’une « dénucléari­sation rapide » qui devra s’achever « d’ici janvier 2021 », avant la fin du mandat de Donald Trump.

Le chef de la diplomatie américaine a ainsi invité son homologue nord-coréen Ri Yong-ho à le rencontrer la semaine prochaine à New York en marge de l’assemblée générale annuelle de l’ONU.

Des engagement­s

Ces négociatio­ns étaient au point mort après le sommet historique TrumpKim de juin, au cours duquel le dirigeant nord-coréen avait réitéré un engagement vague en faveur de la « dénucléari­sation complète de la péninsule coréenne », mais sans modalités ni calendrier.

Avant le sommet intercorée­n de Pyongyang, Washington avait réclamé « un pas significat­if et vérifiable vers la dénucléari­sation », que les États-Unis souhaitent « définitive et entièremen­t véri- fiée», une formulatio­n que les NordCoréen­s n’ont jamais officielle­ment reprise à leur compte.

Dans la capitale nord-coréenne, selon la déclaratio­n commune publiée à l’issue de la rencontre, le Nord a accepté de « fermer de façon permanente » le site de tests de moteurs de missile et le pas de tir de Tongchang-ri, «en présence d’experts des nations concernées ».

Pyongyang s’est aussi dit prêt à « prendre des mesures supplément­aires, y compris le démantèlem­ent permanent du complexe nucléaire de Yongbyon », le centre de recherche atomique le mieux connu du Nord, mais à condition que « les États-Unis prennent des mesures correspond­antes ».

Ces contrepart­ies ne sont pas précisées, mais la Corée du Nord espère obtenir la fin officielle de la guerre de Corée, qui ne s’est conclue en 1953 que par un simple armistice, ainsi qu’une levée au moins partielle des dures sanctions internatio­nales.

Sans faire allusion à cette demande de contrepart­ies, Mike Pompeo a salué ces deux gestes.

Pyongyang a effectué de nombreux lancements de missiles depuis le site de Tongchang-ri, également connu sous le nom de Sohae. Mais d’autres sites ont aussi été utilisés, ce qui relativise la portée de l’engagement.

Des experts sceptiques

« Kim la joue de façon brillante : “Venez vérifier que je démantèle un seul site que je n’utilise plus de toute façon, pendant que je produis en masse les missiles que le site m’a permis de développer” », souligne Vipin Narang, chercheur au MIT.

Pour Jeffrey Lewis, spécialist­e du contrôle des armements, l’opinion généraleme­nt admise était par ailleurs que l’usine d’enrichisse­ment d’uranium de Yongbyon « avait été construite avec la claire intention d’être sacrifiée ».

« Sur la question de la dénucléari­sation, l’accord n’est pas à la hauteur des attentes», a déclaré à l’AFP Yoo Hoyeol, de la Korea University.

Mais Séoul comme Pyongyang avaient à coeur de resserrer leurs liens, Kim Jongun pour faire profiter son pays de la puissance économique du Sud, Moon Jae-in pour éloigner le spectre d’un conflit dévastateu­r.

Les deux dirigeants ont ainsi également annoncé leur volonté de faire acte de candidatur­e commune à l’organisati­on des Jeux olympiques de 2032.

Kim la joue de façon brillante : “Venez vérifier que je démantèle un seul site que je n’utilise plus de toute façon, pendant que je produis en masse les missiles que le site m’a permis de développer” VIPIN NARANG

 ?? PYEONGYANG PRESS CORPS AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un (à droite), accueille le président sud-coréen, Moon Jae-in, à Pyongyang depuis mardi.
PYEONGYANG PRESS CORPS AGENCE FRANCE-PRESSE Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un (à droite), accueille le président sud-coréen, Moon Jae-in, à Pyongyang depuis mardi.

Newspapers in French

Newspapers from Canada