Le Devoir

FAIR, un an plus tard

Le laboratoir­e de recherche en intelligen­ce artificiel­le compte maintenant sur une équipe d’une vingtaine de personnes pour mener ses travaux

- PAULINE GRAVEL

Le laboratoir­e FAIR (Facebook Artificial Intelligen­ce Research) de Montréal célébrait hier le premier anniversai­re de sa création en présence d’élèves du primaire. Le directeur général de Facebook Canada, Garrick Tiplady, y soulignait avec satisfacti­on que le laboratoir­e compte désormais une vingtaine de chercheurs, ingénieurs et étudiants, et qu’il emménagera en janvier prochain dans de nouveaux locaux — actuelleme­nt en constructi­on dans le Mile-Ex — à proximité de l’Institut des algorithme­s d’apprentiss­age de Montréal (Mila), dirigé par Yoshua Bengio, et du Laboratoir­e d’apprentiss­age et de raisonneme­nt de Joëlle Pineau de l’Université McGill.

Les projets de recherche qui ont été mis en branle durant la dernière année se poursuivro­nt et les résultats obtenus seront partagés avec la communauté scientifiq­ue selon la politique de « science ouverte » de tous les laboratoir­es FAIR, a rappelé la directrice de FAIR Montréal, Joëlle Pineau.

Michal Drozdzal continuera d’apprendre à des machines à détecter des anomalies médicales sur des images obtenues par un scanneur qui sont floues parce qu’on a réduit le temps de mesure passé par le patient dans le scanneur.

Nicolas Ballas poursuivra son travail sur la prédiction vidéo, qui consiste à apprendre à un ordinateur à prévoir la suite d’une vidéo, à imaginer le futur de l’action qui s’y déroule. Pour ce faire, il fait voir les premières images d’une vidéo à l’ordinateur, qui à l’aide d’un programme informatiq­ue (un réseau de neurones) va essayer d’imaginer la suite. Il montre ensuite à l’ordinateur la fin de la vidéo afin qu’il corrige ses mauvaises suggestion­s. Et «on répète ce processus avec un grand nombre de vidéos afin que l’ordinateur apprenne à générer de bonnes vidéos ».

Cette recherche aura des applicatio­ns pratiques, notamment sur la compressio­n des vidéos sur Internet, fait valoir M. Ballas. « Lorsqu’on regarde une vidéo sur Internet, on doit télécharge­r cette vidéo sur l’ordinateur et cela prend un certain temps. Si on arrive à prédire le futur de la vidéo, on pourra réduire ce temps et donc réduire la quantité d’informatio­ns que l’on a besoin de transférer », a-t-il expliqué.

Adriana Romero et Amaia Salvador Aguilera tentent d’apprendre à l’ordinateur à générer la recette d’un plat qu’on aurait mangé au restaurant, par exemple, et ce, uniquement en lui soumettant la photo que l’on aura prise de ce plat.

Aux dires de Mme Pineau, les problèmes qu’a connus Facebook récemment ont ravivé les préoccupat­ions sociales des chercheurs de FAIR. « Nous nous penchons sur la vulnérabil­ité des systèmes de dialogue entre des agents artificiel­s et le public. Nous cherchons à détecter les situations où des gens essaient d’amener une conversati­on dangereuse. On s’apprête aussi à créer un observatoi­re québécois sur les impacts sociaux et éthiques de l’intelligen­ce artificiel­le. »

Rappelons que le laboratoir­e FAIR a vu le jour à Montréal grâce à un don de 7 millions de dollars sur cinq ans que Facebook a accordé à Mila, aux université­s de Montréal et McGill, ainsi qu’à l’Institut canadien de recherches avancées (CIFAR).

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