Legault a su rebondir
Après la semaine désastreuse qu’il venait de vivre, François Legault avait besoin dune performance bien meilleure que lors du premier débat en français pour stopper la dégringolade de son parti dans les sondages. Il devait à tout prix faire en sorte de ramener le bilan du gouvernement Couillard sur le tapis plutôt que d’avoir à défendre sa propre aptitude à gouverner, et il a réussi.
Il a bien réagi en reconnaissant avoir fait des erreurs dans le dossier de l’immigration, alors que « le seul qu’on veut expulser, c’est le Parti libéral ». Abordée pour une rare fois depuis le début de la campagne, la question du port des signes religieux lui a permis de placer le premier ministre sur la défensive, l’accusant de tourner le dos aux valeurs québécoises.
On n’avait jamais parlé autant de souveraineté. Il était assez divertissant d’entendre Jean-François Lisée et lui se reprocher leurs écrits antérieurs sur la souveraineté, s’accusant mutuellement de s’en être éloigné chacun leur tour. Une bonne question du chef de la CAQ à son vis-à-vis péquiste : quel rapport de forces aurait-il pour négocier avec Ottawa alors qu’il souhaiterait l’échec des négociations ? A–
La formule des face-à-face en duo a permis à Manon Massé d’éviter les combats de coqs de la semaine dernière. Dès lors, elle a pu faire passer le programme de Québec solidaire avec clarté et solidité.
À en croire les sondages, Québec solidaire a réussi pour la première fois à attirer l’attention d’électeurs dont l’appui n’était pas acquis d’avance. L’objectif était de faire en sorte que, contrairement aux élections précédentes, ces intentions de vote se concrétisent dans l’urne. On verra ce qu’il en sera le 1er octobre, mais la performance de Mme Massé est de nature à consolider les appuis de QS.
Elle a su faire preuve d’élévation. Et de malice… Il était assez savoureux de l’entendre lancer à François Legault qu’elle ne croyait pas qu’il avait quoi que ce soit contre les immigrants, mais que ses conseillers lui avaient sans doute dit qu’il y avait des votes à aller chercher dans ce dossier. C’est le métier qui rentre. A–
Jean-François Lisée a remporté le débat de la semaine dernière en se portant à l’attaque dès le départ. Il en a cependant mis un peu trop mis. Traiter le premier ministre de menteur n’était pas nécessaire et ses allusions hors de propos au « Politburo » de Québec étaient un coup d’épée dans l’eau.
Courtiser à la fois les électeurs de la CAQ et ceux de Québec solidaire, qui sont à la recherche de changement, n’est pas une mince tâche, même pour un homme aussi agile intellectuellement que lui. Le plus difficile était toutefois de chasser l’image de
« vieux parti » qui colle au PQ.
Sa discussion avec Mme Massé sur le mode d’accession à la souveraineté et les inconvénients de l’Assemblée constituante a dû paraître surréaliste à plusieurs maintenant que le référendum semble avoir été renvoyé aux calendes grecques. B–
Le premier ministre Couillard mène depuis le début une campagne rassurante, modérée jusqu’à l’ennui, qui l’a très bien servi. Que le PLQ talonne la CAQ après quinze ans de pouvoir constitue même une sorte d’exploit.
Son entêtement à rejeter sur le PQ la responsabilité des compressions de la première moitié de son mandat, sans exprimer la moindre compassion pour ceux qui en ont souffert, devient cependant ridicule.
Il a rendu la partie presque trop facile à ses adversaires en affirmant qu’une famille avec deux adolescents pouvait se nourrir avec 75 $ par semaine. Ils ont eu l’élégance de ne pas trop insister sur sa déconnexion. C
On n’avait jamais parlé autant de souveraineté. Il était assez divertissant d’entendre Jean-François Lisée et François Legault se reprocher leurs écrits antérieurs sur la souveraineté.