L’accusatrice du juge Brett Kavanaugh prête à témoigner
La femme qui accuse le candidat de Donald Trump à la Cour suprême d’agression sexuelle il y a trois décennies est finalement disposée à témoigner devant le Sénat américain la semaine prochaine, mais veut poser ses conditions, ont indiqué des médias américains jeudi.
La chercheuse en psychologie Christine Blasey Ford, 51 ans, affirme que le juge Brett Kavanaugh, 53 ans, l’a agressée sexuellement lors d’une soirée au début des années 1980, ce que le magistrat dément formellement.
La commission judiciaire du Sénat, chargée d’examiner la candidature du juge Kavanaugh, a convoqué les deux parties à s’exprimer devant elle lundi prochain.
Après plusieurs jours de silence, l’avocate de Mme Blasey Ford a indiqué qu’elle ne pourrait pas être présente lundi, mais qu’elle était prête à témoigner plus tard dans la semaine, à condition que l’audition soit « juste » et sa sécurité assurée, selon un courriel obtenu par le Washington Post et le New York Times.
Depuis qu’elle est sortie de l’anonymat pour accuser le juge, «elle a reçu des menaces de mort […] et sa famille et elle ont dû quitter leur domicile », rappelle l’avocate Debra Katz dans ce courriel.
« Elle souhaite témoigner, à condition que nous puissions nous mettre d’accord sur des conditions qui soient justes et garantissent sa sécurité. »
La date de lundi fixée par la commission est « arbitraire » et ne convient pas à l’universitaire, précise l’avocate.
Elle rappelle que sa cliente voudrait qu’une enquête soit menée avant toute audition. Le dossier étant très politisé, elle craint en effet une audience à charge.
Mme Blasey Ford, restée muette pendant des années sur cet épisode présumé, avait envoyé en juillet un courrier à une élue locale, quand le nom du juge Kavanaugh avait commencé à circuler parmi les possibles candidats à la Cour suprême.
À la suite de fuites dans la presse, elle est sortie de l’ombre à contrecoeur dans une entrevue au Washington Post. Son témoignage a fait l’effet d’une bombe à Washington, où le magistrat semblait en bonne voie d’être confirmé par le Sénat, qui a le dernier mot sur les nominations présidentielles à la Cour suprême.
L’enjeu de la bataille en cours est de taille : la nomination à vie du magistrat conservateur placerait les juges progressistes ou modérés en minorité pour de longues années à la Cour suprême, arbitre des grandes questions qui divisent la société américaine.