Le Devoir

François Hollande à Montréal sur la cause environnem­entale

Inutile de changer de système économique, comme l’évoquait Nicolas Hulot, plaide l’ancien président français

- KARL RETTINO-PARAZELLI

La démission fracassant­e du ministre français de la Transition écologique, Nicolas Hulot, n’ébranle pas la confiance de François Hollande. L’ex-président de la France, qui a accueilli la Conférence de Paris sur le climat, ne croit pas que la lutte contre les changement­s climatique­s est perdue. Elle peut même se gagner au sein du système économique actuel, a-t-il plaidé vendredi lors de son passage à Montréal.

M. Hollande admet que le défi climatique est de taille et que « nous sommes déjà en retard quant aux objectifs que nous nous étions fixés avec l’Accord de Paris sur le climat », mais il demeure optimiste. La cause environnem­entale estelle perdue? «Pas du tout», a-t-il répondu devant les journalist­es, en marge d’une conférence prononcée vendredi devant le Conseil des relations internatio­nales de Montréal (CORIM).

« Je pense que ce que Nicolas Hulot a voulu dire, c’est qu’il ne pouvait aller au bout de ses intentions, qu’il y avait trop de contrainte­s qui pesaient sur lui. Mais il n’a pas voulu dire que la cause est perdue », a-t-il souligné.

Celui qui a dirigé la France entre 2012 et 2017 ne partage cependant pas l’avis de M. Hulot qui, au moment d’annoncer sa démission le mois dernier, a dénoncé le fait qu’« on s’évertue à entretenir, voire à réanimer un modèle économique qui est la cause de tous ces désordres ».

« Certains disent qu’il faut changer le système économique pour faire avancer l’écologie. C’est vrai qu’il faut le modifier, qu’il faut le réorienter, mais on ne peut pas le changer. Sinon, ça voudrait dire qu’on n’y arrivera pas avant très, très longtemps, a soutenu M. Hollande. Si on pense qu’il faut abolir le capitalism­e et supprimer le marché pour la cause écologique, ce sera une lutte de longue haleine. On peut, même dans cette mondialisa­tion, arriver à trouver des compromis, des leviers, des contrainte­s, de la fiscalité pour orienter les choix. »

Appel au rassemblem­ent

Selon ses propres mots, François Hollande était de passage à Montréal vendredi à titre d’ancien président, mais aussi en tant qu’« auteur » : il a publié, cet été, Les leçons du pouvoir, un livre dans lequel il revient sur les hauts et les bas de sa présidence. Depuis, il multiplie

Il y a des domaines où il faut absolument agir sans [Donald Trump]. Sur le climat, il faut avancer et ne pas se laisser paralyser, sur l’accord avec l’Iran, ou ce qu’il en reste, il faut continuer à parler avec l’Iran pour trouver des solutions. FRANÇOIS HOLLANDE

les apparition­s publiques pour exposer sa vision politique.

Lors de son discours prononcé devant près de 400 personnes, il a décrit un monde marqué par le « désordre » et la « division » en écorchant sans retenue le président américain Donald Trump. Il a par exemple déploré la remise en cause des grandes institutio­ns internatio­nales comme l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) ou celle d’accords internatio­naux comme celui de Paris sur le climat, dont le président américain a choisi de se retirer.

Selon M. Hollande, la montée en puissance de M. Trump et des autres forces populistes à travers le monde constitue une menace à laquelle les démocratie­s occidental­es se doivent de répondre.

« Les populistes qui étaient des forces de contestati­on, de remise en cause, sont devenus maintenant des forces qui aspirent au gouverneme­nt, a-t-il affirmé. C’est une épreuve de vérité qui se joue dans beaucoup de démocratie­s pour savoir comment conjurer les phénomènes d’extrémisme, de nationalis­me et de populisme. »

Il a invité les démocrates à s’unir pour préserver leurs « valeurs communes », quitte à contourner les États-Unis s’il le faut. « Il y a des domaines où il faut absolument agir sans [Donald Trump]. Sur le climat, il faut avancer et ne pas se laisser paralyser, sur l’accord avec l’Iran, ou ce qu’il en reste, il faut continuer à parler avec l’Iran pour trouver des solutions », a-t-il dit.

M. Hollande ne croit pas, par ailleurs, que les divisions mises en évidence par les négociatio­ns entre Bruxelles et Londres au sujet du Brexit feront éclater l’Union européenne.

Loquace, l’ex-président de la République a répondu vendredi à toutes les questions qui lui ont été posées, sauf une. Allez-vous vous relancer en politique? En guise de réponse, il s’est contenté de sourire.

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR François Hollande a prononcé vendredi une conférence devant le Conseil des relations internatio­nales de Montréal.

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