« Aller plus loin », mais comment ?
Philippe Couillard s’est affiché à court de solutions concrètes pour soutenir les familles dans le besoin
Le chef libéral a aussi rappelé au micro de Paul Arcand, vendredi, son opposition à la hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure
Aux familles vivant dans la pauvreté — et qui n’auraient que 75 $ à consacrer à leur budget hebdomadaire d’épicerie —, le chef libéral Philippe Couillard a dit vendredi vouloir offrir « la possibilité d’aller plus loin dans la vie ».
Au micro du 98,5 FM, Philippe Couillard a affirmé connaître une «mère monoparentale » qui « est obligée de prendre trois jobs avec deux enfants à la maison ».
Quand les médias lui ont demandé de quelle manière concrète il pourrait lui venir en aide, Philippe Couillard a répondu qu’il voulait lui donner « la possibilité d’aller plus loin dans sa vie, d’aller plus loin dans un Québec qui sera plus prospère, plus vert et plus équitable ».
« Si cette personne vit de l’aide sociale, on va lui donner accès à un emploi le plus rapidement possible », a-til ajouté.
Or cette connaissance du premier ministre occupe déjà trois emplois, lui ont rappelé les journalistes. « On va s’assurer qu’elle n’a pas besoin d’en avoir trois, qu’elle en ait juste un », a donc proposé le chef libéral. Il a revu sa version des faits plus tard en déclarant que cette personne «a occupé trois emplois » et que sa situation s’est désormais « améliorée ».
Emplois menacés
Cette femme existe bel et bien et elle n’a pas recours aux banques alimentaires, a-t-il attesté, s’abstenant de donner davantage de détails sur sa vie, par crainte qu’on découvre son identité.
Pour l’aider, Philippe Couillard a suggéré « de développer une société tournée vers l’emploi de qualité ». Le chef libéral a aussi rappelé son opposition à la hausse du salaire minimum à 15 $. À son avis, une telle augmentation de salaire ferait en sorte que cette mère de famille « perd[rait] ses trois emplois ». Pourquoi ? « Parce que les emplois qui sont menacés par une hausse trop rapide du salaire minimum — et les économistes nous le disent —, ce sont justement les emplois de la restauration, du commerce de détail, de l’hôtellerie. Des emplois de bas d’échelle, des emplois de début », a-t-il répondu.
Aux personnes qui ont critiqué son commentaire sur la possibilité de nourrir une famille avec 75$ par semaine, le chef libéral a suggéré d’aller parler « à quiconque dans le besoin ». « C’est bien beau de faire des analyses de tableaux, quand on parle au monde, ils nous expliquent comment ils font », a-t-il insisté.
Il s’en est aussi remis au Plan de lutte contre la pauvreté que son gouvernement a présenté en 2017. Or il ne s’agit là que d’un « paravent », a réagi Virginie Larivière, du Collectif Québec sans pauvreté. Pour aider concrètement ces femmes monoparentales dont il a parlé, le chef libéral pourrait notamment hausser le salaire minimum ou s’assurer que le montant des pensions alimentaires n’est plus soustrait des chèques d’aide sociale ou de prêts et bourses, a-t-elle suggéré.