La division du vote est le « danger réel »
Interrogé à savoir s’il a peur de Québec solidaire à ce stade de la campagne, Jean-François Lisée répond «que le danger qu’on a, c’est que les forces du changement se divisent et que les libéraux se faufilent. On n’a pas le système proportionnel actuellement. C’est un danger réel. »
Qui est le patron ?
Au lendemain d’un débat où il s’en est pris dès le départ à la légitimité de la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé, M. Lisée a justifié sa sortie en soutenant qu’il était « important de poser cette question ».
M. Lisée se demande donc qui est le « patron » de Québec solidaire. Car Mme Massé est « co-porte-parole, elle n’est pas chef, fait-il valoir. Et il est arrivé dans le passé que des co-porte-parole ont été contredits par le chef [officiellement : Gaétan Châteauneuf ] ».
Il est revenu durant l’entrevue à la feuille de route d’accès à la souveraineté signée en avril 2017 par des négociateurs des partis souverainistes, mais qui a été rejetée par le Comité de coordination de QS — l’instance dirigeante du parti. Quelque 18 mois plus tard, M. Lisée n’a toujours pas digéré l’épisode. « Ils ont été sectaires et dogmatiques », a-t-il dit au Devoir.
« Nous avons négocié avec d’autres partis souverainistes, avec un co-porteparole de Québec solidaire, Andrés Fontecilla. Il a signé une entente et le chef a renié le co-porte-parole et l’entente. Je suis pour la lumière et la transparence, et ça manque de lumière, làdedans », a lancé M. Lisée.
Ce dernier a soutenu « que ce patron, avec une majorité du Comité de coordination, a fréquemment mis en minorité les co-porte-parole ». Mais invité à donner des exemples précis, M. Lisée a répondu qu’il laissait aux journalistes le soin de faire ce travail.
Immigration
Concernant un des thèmes forts de cette campagne — l’immigration et les propositions de François Legault à cet égard —, Jean-François Lisée a réitéré vendredi qu’il n’y a selon lui « rien de pire dans [la] gradation de la misère humaine » que de vouloir expulser des immigrants qui auraient échoué aux tests de français ou de connaissance des valeurs souhaités par M. Legault.
Quant à sa propre proposition, Jean-François Lisée plaide que « la clé du succès de l’intégration, c’est que [les immigrants] connaissent notre langue au moins minimalement au point d’entrée. On va donner les cours là où [ils sont], on va les rembourser ».
La vérificatrice générale a révélé en 2017 que 90 % des arrivants qui terminent le cours de francisation au Québec sont incapables de fonctionner au quotidien en français. M. Lisée pense pourtant qu’il sera aisé de franciser les futurs immigrants chez eux — dans des milieux non francophones. Pourquoi donc ? La motivation.
« C’est une question de motivation. La personne a décidé de quitter son pays natal pour venir au Québec. On lui dit qu’une des conditions, c’est qu’elle passe un test de connaissances suffisantes du français. Elle peut prendre le temps qu’elle veut, mais c’est une condition. Sa motivation est maximale. »
Autrement, il répète ne pas vouloir « faire de numérologie » concernant les seuils d’immigration. C’est la vérificatrice générale et des experts qui recommanderaient à un gouvernement Lisée le nombre d’immigrants à accueillir, cela en fonction de la capacité d’accueil du Québec et des besoins en main-d’oeuvre.
Mais la décision finale sera bel et bien politique, a-t-il reconnu vendredi. « C’est la loi. Le Conseil des ministres n’a pas le droit constitutionnel de déléguer à un autre organisme une décision gouvernementale.» M. Lisée estime toutefois qu’impliquer la VG permet de «dépolitiser complètement» le processus, puisque « le poids public de sa recommandation va être énorme ».
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Le chef péquiste répète ne pas vouloir « faire de numérologie » concernant les seuils d’immigration