Le Devoir

Trump pourrait laisser tomber le juge Kavanaugh

Trump a affirmé qu’il pourrait retirer la candidatur­e du juge s’il était convaincu par le témoignage de Christine Blasey Ford, jeudi, devant une commission sénatorial­e

- CHARLOTTE PLANTIVE

Une troisième femme a accusé mercredi le candidat de Donald Trump à la Cour suprême d’avoir, dans sa jeunesse, eu des comporteme­nts sexuels agressifs, portant une lourde attaque à la veille de l’audition au Sénat du juge et de sa première accusatric­e.

Le président Trump a indiqué mercredi qu’il pourrait retirer la candidatur­e du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême s’il était convaincu par la femme qui accuse le magistrat d’une agression sexuelle remontant aux années 1980 et qui sera entendue jeudi au Sénat.

« Si je pensais qu’il était coupable de quoi que ce soit, oui je pourrais » lui retirer mon soutien, a-t-il répondu à un journalist­e qui lui demandait si cette option était possible lors d’une conférence de presse à New York.

Toutefois, un peu plus tôt dans la journée, le président Trump a dénoncé de « fausses accusation­s » tandis que Brett Kavanaugh, 53 ans, rejetait des attaques « ridicules » venues de « la quatrième dimension ».

Dans une déclaratio­n sur l’honneur rendue publique par son avocat, Julie Swetnick accuse le magistrat d’avoir fait partie au début des années 1980 d’un groupe de garçons qui tentaient de faire boire ou de droguer des filles en vue d’abuser d’elles.

La fonctionna­ire affirme également avoir été elle-même victime d’un viol collectif lors d’une fête où Brett Kavanaugh était « présent » vers 1982.

« Je ne sais pas de qui il s’agit et ceci n’a jamais eu lieu », a-t-il rétorqué dans un communiqué.

Le juge, qui se dit victime d’une « campagne de calomnies » destinée à bloquer sa confirmati­on, a affirmé à plusieurs reprises avoir toujours traité les femmes avec respect.

Le président Trump a aussi évoqué sur la chaîne Fox une « arnaque », « ridicule », « triste » et « honteuse », menée selon lui par les démocrates. Inébranlab­le dans son soutien au juge Kavanaugh, il a de nouveau loué les vertus d’un homme de « grande qualité ».

Il a aussi attaqué l’avocat de Mme Swetnick — qui défend déjà l’actrice de films pornograph­iques Stormy Daniels engagée dans une bataille judiciaire avec Donald Trump. Michael Avenatti est, selon lui, « un avocat de bas étage », un « minable », uniquement « bon à porter de fausses accusation­s ».

De leur côté, les démocrates ont exigé mercredi une enquête du FBI et demandé la suspension du processus de confirmati­on de Brett Kavanaugh, dont la candidatur­e doit être approuvée par le Sénat.

Le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, a même demandé que le magistrat retire sa candidatur­e.

Un buveur

Julie Swetnick explique dans sa déclaratio­n avoir participé à une dizaine de fêtes dans la région de Washington entre 1981 et 1983 où se trouvaient aussi Brett Kavanaugh et un de ses camarades, Mark Judge, déjà cité par la

Brett Kavanaugh et d’autres tentaient de soûler et de désoriente­r les filles au point où elles pouvaient être violées en réunion JULIE SWETNICK

première accusatric­e.

« À plusieurs reprises lors de ces fêtes, j’ai vu Mark Judge et Brett Kavanaugh boire de manière excessive et avoir un comporteme­nt totalement inappropri­é, notamment en devenant très agressifs avec les filles », écrit-elle, en les accusant notamment d’avoir « caressé et peloté des filles sans leur consenteme­nt ».

«Brett Kavanaugh et d’autres tentaient de soûler et de désoriente­r les filles au point où elles pouvaient être violées en réunion », assure-t-elle encore. « J’ai un souvenir vivace de garçons alignés à l’extérieur des chambres lors de ces soirées, attendant de prendre leur tour avec la fille à l’intérieur. »

« En 1982, j’ai été victime d’un de ces viols collectifs », confie-t-elle, en expliquant avoir été incapable de se défendre, probableme­nt sous l’effet d’une drogue. « Mark Judge et Brett Kavanaugh étaient présents » à la fête, affirme-t-elle sans donner plus de détails.

Sa déclaratio­n a été transmise à la commission judiciaire du Sénat, chargée d’évaluer les candidats à la Cour suprême, par son avocat Michael Avenatti.

Ce nouveau témoignage est intervenu à la veille de l’audition publique au Sénat d’une universita­ire de 51 ans, Christine Blasey Ford, qui affirme avoir été agressée sexuelleme­nt par le jeune Kavanaugh lors de leurs années de collège.

Elle affirme qu’avec Mark Judge, il l’a isolée dans une chambre avant de la plaquer sur un lit et de tenter de la déshabille­r. Profitant de leur ébriété, elle serait parvenue à fuir.

Également accusé d’avoir exhibé son sexe au nez d’une camarade d’université lors d’une soirée arrosée à Yale, le magistrat nie en bloc.

Newspapers in French

Newspapers from Canada