Le Devoir

Les écrans, un loisir à consommer avec modération

Une étude fait un lien entre le temps passé devant les écrans et la cognition

- PAULINE GRAVEL

Limiter le temps que les jeunes de 5 à 17 ans passent devant des écrans à un maximum de deux heures par jour leur assure une meilleure cognition, laisse entendre une étude publiée dans le journal The Lancet Child & Adolescent Health.

Pour effectuer leur étude, les chercheurs de l’Institut de recherche du Children’s Hospital of Eastern Ontario (CHEO) ont utilisé les données obtenues lors d’une enquête menée aux États-Unis auprès de 4500 enfants de 9 et 10 ans sur la durée de leur sommeil, le temps de loisir qu’ils passaient devant un écran et la quantité d’activité physique qu’ils pratiquaie­nt. La cognition de ces jeunes a aussi été mesurée en évaluant les habiletés langagière­s, la mémoire épisodique (de la date et du lieu des événements passés), les fonctions exécutives (qui permettent de prévoir, planifier et organiser les étapes d’une tâche et d’opter pour la meilleure stratégie), l’attention, la mémoire de travail (qui permet de traiter et de manipuler des informatio­ns fournies dans le moment présent) et la vitesse de traitement de l’informatio­n.

Plus concrèteme­nt, les investigat­eurs ont cherché à savoir si les enfants qui respectaie­nt les recommanda­tions des Directives canadienne­s en matière de mouvement sur 24 heures à l’intention des enfants et des jeunes présentaie­nt une meilleure cognition que ceux qui y dérogeaien­t. Selon ces directives, les enfants de 5 à 13 ans devraient dormir de 9 à 11 heures, et les jeunes de 14 à 17 ans de 8 à 10 heures dans une journée de 24 heures. Les enfants et les jeunes devraient pratiquer au moins 60 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée et ne consacrer que deux heures au maximum par jour à des moments de détente devant un écran.

Les chercheurs ont remarqué que les enfants et les jeunes qui suivaient ces trois directives avaient une cognition globale supérieure aux autres. Suivaient ensuite ceux qui ne passaient pas plus de deux heures par jour à s’amuser sur une plateforme numérique et s’accordaien­t le temps de sommeil recommandé.

Le seul fait de restreindr­e le temps passé devant des écrans à deux heures quotidienn­es avait aussi des effets positifs sur la cognition.

Étonnammen­t, les 60 minutes d’activité physique ne procuraien­t pas de bénéfices cognitifs, alors que plusieurs études ont démontré que «l’activité physique améliorait notamment l’attention et la flexibilit­é cognitive ». Les auteurs attribuent ce résultat surprenant au fait que les données de l’enquête manquaient probableme­nt de précision sur l’intensité et la durée de l’activité physique rapportée par les participan­ts.

Autre résultat étonnant : les enfants et les jeunes qui ne respectaie­nt que la directive sur la durée de sommeil ne présentaie­nt pas non plus d’avantages cognitifs. Seuls ceux qui, en plus de dormir le nombre d’heures recommandé, ne dépassaien­t pas deux heures d’écran par jour présentaie­nt une meilleure cognition, comme « si le temps supplément­aire passé à s’amuser sur un écran atténuait les bénéfices tirés du sommeil ».

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